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mardi 20 mars 2018

Heliogabale / Ecce Homo





J’ai déjà longuement écrit et déblatéré sur ce disque, ailleurs*. Parlé de son affirmation nietzschéenne, de sa rage passionnelle, de ses explosions noise, de ses tempêtes blues, de ses textes volontairement explicites, crus et poétiques, de sa révolte, de sa colère brute, de son caractère entier mais multiple, de sa nature charnelle, sexuelle, de sa grâce impudique, de sa violence farouche, de son intégrité, de sa noblesse, de sa liberté, de sa beauté incandescente, de cette façon qu’il a de se poser abruptement au milieu, de jeter un bref coup d’œil en arrière (mais vraiment pas longtemps – quel intérêt ?) et de regarder devant, autour, loin. Et de regarder de si près, également.

Alors pourquoi en reparler aujourd’hui ? HELIOGABALE est depuis longtemps l’un de mes groupes préférés. Et Ecce Homo, septième album d’Heliogabale, est devenu, au fil des mois et au fil des écoutes, sans que je ne m’en aperçoive vraiment mais finalement avec tout mon consentement, mon album préféré du groupe. Cependant je ne saurais pas et je ne pourrais pas expliciter exactement ce qui m’attire autant dans ce disque. Un disque qui me fait également violence. Un disque qui me malmène mais qui me parle, donc. Profondément. A chaque écoute – et je l’écoute très régulièrement, dès que l’envie s’en fait trop pressante – Ecce Homo semble se dévoiler un peu plus en entier et s’offrir à moi. Mais il garde toujours quelque chose en lui, pour lui, que je découvrirai une autre fois. Peut être.
J’ai bien conscience que dans ce monde de paraitre superficiel et de suffisance narcissique avouer son attachement viscéral à un bout de plastique contenant neuf chansons (ou avouer son attachement à toute forme de création artistique, dans le sens le plus élevé du terme) pourrait être interprété comme une facilité simpliste, une tentative de déni de soi face à une exemplarité magnifiée et donc pourrait être interprété comme un signe d’abandon et de lâcheté. Mais dans les faits il s’agit très exactement de tout le contraire : en nous renvoyant à nous-mêmes sans pour autant nous donner la permission ou même simplement l’occasion  de  nous identifier même partiellement à quelque chose qui ne  nous appartient pas, Ecce Homo fait partie de ces œuvres qui donnent toute la force nécessaire. Un disque qui montre et dit, finalement : « voilà, maintenant démerde-toi, sinon tant pis pour toi ».

Je ne vais donc pas m’ériger en intégriste d’Heliogabale et d’Ecce Homo. Pas de leçons à attendre ni de leçons à recevoir. Après tout chacun fait ce qu’il veut et c’est précisément ce qu’Heliogabale a fait avec ce disque (et ce que le groupe a de toute façon toujours fait). Un disque que rien au monde ni personne ne m’empêchera de qualifier de magnifique – avec entre autres une mise en son qui me parait d’une telle justesse, d’un tel à propos (le fond et la forme main dans la main) – et de merveilleux – parce ce n’est pas tous les jours que je découvre et redécouvre sans cesse un disque, au point de le mettre en très bonne place dans mon tout petit firmament personnel, intemporel (et partial, cela va se soi). Une telle évidence que toutes les vérités ne sauraient la contenir. Sauf celle-ci : que faire d’un monde sans musique et, surtout, que faire d’un monde sans cette musique là, précisément ?

[Ecce Homo a été publié en CD par Les Disques Du Hangar 221 tandis que Atypeek music s’est occupé de la version numérique – pour l’instant aucune édition vinyle ne semble se profiler à l’horizon]

* ailleurs c'est juste là