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samedi 4 septembre 2021

Comme à la radio : Shora (et Merzbow)

 


 

 

Remonter le temps et remettre les pendules à l’heure : c’est exactement ce que nous propose le label montpelliérain Head records en rééditant deux disques de SHORA. Tu es né après 2001 ? Tu n’as encore jamais entendu parler de ce groupe ? Pour toi le hardcore chaotique et métallisé originaire de Suisse se résume uniquement à Nostromo ou Knut ? Tu penses aussi qu’en la matière les maitres sont plutôt Américains et s’appellent Converge, Botch ou même Dillinger Escape Plan ? Et bien tant pis pour toi.

 

 

Aujourd’hui on peut encore mesurer l’ampleur d’un disque tel que Shaping The Random, à l’origine publié en 2000 et uniquement en CD. Plus un mini-album qu’autre chose (sept titres et 16 minutes au total) ce premier enregistrement de SHORA – si on excepte un 7’ publié en 1999 – a littéralement bouleversé et redéfini les codes d’un genre encore relativement nouveau. Il y a un avant et un après Shaping The Random : Shora a déconstruit le hardcore moderne et le metalcore pour les réamalgamer sous une nouvelle forme, toujours plus chaotique, déstructurée et apocalyptique, au point de flirter constamment avec l’anxiété et le bruitisme.

 

 

Buitisme ? Vous avez dit bruitisme ? L’année d’après en 2001 le groupe suisse était de retour avec Switching Rhetorics, un deuxième disque cette fois-ci sous la forme d’un split 12’ en compagnie de MERZBOW. A l’époque le projet de Masami Akita tutoyait encore les sommets du harsh noise et partager un disque avec Shora n’avait alors rien d’incongru. Chacun des deux protagonistes représente une facette de l’extrémisme musical avec d’un côté les manipulations sonores en boucle du Japonais furieux et de l’autre le mix toujours aussi chaotique des Suisses... pour une musique en tout point similaire à celle de Shaping The Random – ce qui constitue peut-être la seule limite de Switching Rhetorics (mais Shora pouvait-il vraiment aller encore plus loin ?). Le plus remarquable est que ni la violence musicale de Merzbow ni celle de Shora, pourtant intrinsèquement très différentes, ne prend le dessus sur l’autre : Switching Rhetorics doit être écouté d’un bloc, dans la gueule évidemment.

Ces deux rééditions en vinyle – transparent et monoface pour Shaping The Random, noir pour Switching Rhetorics – sont absolument superbes. Les pochettes ont été complètement repensées par Nicola Todeschini (guitariste de Shora et actuel Hex) tandis que les enregistrements initiaux ont été remasterisés par Serge Morratel, déjà à l’œuvre à la technique et au mixage vingt ans auparavant. Deux disques aussi historiques qu'indispensables.