Comme je suis très scrupuleux pour ne
pas dire procédurier j’ai voulu réécouter le premier disque de THE HI-LITES, en fait un 12’ monoface publié par le label lyonnais Echo
Canyon en 2015, et bien m’en a pris : voilà neuf titres chauffés
à l’ancienne et plutôt rapides, du punk rehaussé de garage et d’un soupçon de
noise-rock, le tout grâce à un tour de main déjà assuré et avec une classe
certaine malgré un léger manque de maturité (c’est un peu vert, quoi). Hi Lite c’est aussi le titre d’une composition de Hot Snakes
(sur l’album Audit In Progress), et
il fallait vraiment avoir du cran pour choisir un nom pareil et assumer une
filiation et un héritage aussi difficiles mais The Hi-Lites avaient su prouver avec ce premier mini album qu’ils
n’étaient pas qu’un groupe de petits copieurs sans idées. Qualité, savoir-faire
et tradition c’est un peu la raison d’être de tout bon artisan qui se respecte et
le groupe basé à Lyon est de ceux-là, quatre types pas vraiment dans le vent
mais sachant souffler sur les braises pour attiser le feu dans la bonne direction.
Je n’en demandais pas plus, moi j’aime bien la tradition, c’est de mon âge.
Dive
At Dawn est le premier véritable LP de The Hi-Lites et il s’agit cette fois d’une toute autre paire de manches. Voilà un
disque nettement plus varié, plus fouillé – j’ai failli écrire « plus
travaillé » mais le travail c’est comme la famille et la patrie, que de la
merde – et, donc, plus ambitieux et plus affermi. Pas cette ambition qui te
fait faire n’importe quoi sous prétexte de t’attirer tous les regards et toutes
les attentions mais celle qui te rend meilleur, tout simplement. Le punk rock
est toujours là mais il se décline désormais sur différents modes, le groupe
ayant étoffé et enrichi son écriture – les compositions sont moins basiques et
plus denses qu’auparavant mais gardent toujours cette force d’entrainement – et
ayant surtout élargi l’éventail de ses sonorités ainsi que l’instrumentation employée.
Et tout sonne beaucoup mieux sur Dive At Dawn, à commencer par la basse plus
tendue et plus ronde, la guitare plus profonde bien que gardant toujours ce
côté poil à gratter tandis que la batterie est mieux mise en valeur – cela s’entend
qu’il y a eu du boulot de fait en studio. Mais il n’y a pas que ça : The Hi-Lites se sont découverts une
nouvelle passion pour les synthétiseurs qui font une apparition discrète mais
néanmoins remarquée et donc pertinente sur quelques compositions de l’album et
ce dès le deuxième titre, le très impressionnant Inside. Non The Hi-Lites
ne sont pas devenus un groupe de cold wave comme tant d’autres mais méritent de
plus en plus l’appellation d’origine contrôlée post punk, c’est à dire que
le groupe opte désormais pour une musique toujours énergétique mais
définitivement plus sombre et plus froide. Et que l’on soit en 2019 ne pose
aucun problème : la musique de The
Hi-Lites, plus affirmée et subtilement dosée donc jamais prétentieuse, est
toujours très référencée mais gagne en lucidité et en acuité, comme si le
groupe avait davantage confiance en lui-même.
Quelques compositions penchent tout de
même d’un seul et unique côté mais à cela il n’y a rien à redire non plus, je pense au
sophistiqué et vigoureux A Major Mistake
puis (juste un peu plus loin) à Talk
Now !, deux exemples d’hymnes à la gloire d’un punk
aristocratique. A l’opposé du nuancier le final et époustouflant Journey Has Come To An End restera comme
la composition la plus glaciaire de Dive
At Dawn en donnant in extremis cette coloration plus mélancolique et plus obscure
à l’album. Mais quel que soit le côté duquel penche la balance, il faut
reconnaitre que les quatre Hi-Lites
ont fait des progrès indéniables dans tous les domaines tant en assumant parfaitement
leurs éventuels points faibles – un garçon qui se moque de chanter systématiquement
juste pour privilégier chaleur et authenticité ne peut qu’avoir toute mon
affection. Tout comme ce disque autant placé sous le signe de l’énergie que de
celui de l’élégance et qui s’ouvre à de nouveaux horizons.
[Dive At Dawn est publié en vinyle par Bad Health records, Hell Vice I Vicious, Teenage Hate records, Trokson
records – oui, le bar lyonnais du même nom]