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jeudi 21 juin 2018

Warfuck / This Was Supposed To Be Fun







Encore une chronique de disque qui promet d’être toute en finesse. Mais, que voulez-vous, impossible de ne pas parler d’un groupe qui s’appelle WARFUCK lorsqu’on écrit dans une gazette qui elle s’appelle Beat Occult* – il n’y a pas de hasard. D’autant plus que j’ai été très gentiment et très poliment sollicité par un mail du label pour causer de This Was Supposed To Be Fun : « Hello, je suis *******, PR pour Lixiviat Records. Je m'occupe de la promotion du groupe Warfuck, power duo grindcore de Lyon. Le nouvel album de Warfuck nommé This Was Supposed To Be Fun sera disponible le 14 mai chez Lixiviat Records, pour les fans de Magrudergrind, Nasum et Pig Destroyer. Nous avons pensé que vous seriez intéressé pour faire une chronique et/ou une interview » et cætera, et cætera. 
Je tenais à donner toutes ces précisions très importantes afin de prouver ma parfaite impartialité ainsi que toute ma neutralité dans cette histoire : bien que Warfuck soit donc un groupe basé sur Lyon et que j’ai même déjà vu plusieurs fois en concert je ne connais personnellement aucun de ses membres émérites.

Et en fait de membres ils ne sont que deux pour engendrer tout ce bordel de grind : Nico à la guitare et au chant et Mak à la batterie (et un peu aussi au chant). Le livret de This Was Supposed To Be Fun précise même fièrement no bass, no metronome, no HM2… (si tu tiens vraiment à savoir ce que signifie HM2 tu peux toujours demander des explications à ton ami Kurt). Warfuck c’est que du naturel, sans collagène de synthèse ni hormones en plastique, du bio-éthique pour de vrai et du savoir-faire organique à l’ancienne.
Dit autrement, cela signifie que This Was Supposed To Be Fun n’est en aucun cas un album à la production léchée de trop et aseptisée : Serge Spiga a assuré l’enregistrement tandis que Dan Swanö s’est lui occupé du mastering et ces deux là ont des curriculums vitae longs comme les fins de mois difficiles d’un livreur de sushis à vélo mais This Was Supposed To Be Fun a un son qui colle et qui racle en même temps, un truc qui s’accroche à toi. Pas un son mécanisé, clinique ou lissé comme une opération de chirurgie esthétique.  
Pour finir, l’une des particularités du mix concerne la batterie qui est plutôt mise en avant et bien détachée, si tu kiffes la double pédale, ce disque devrait autant te combler qu’un burger végétarien. This Was Supposed To Be Fun, déjà le troisième album du duo, confirme alors que Warfuck est un formidable générateur de riffs qui charcutent salement et de blasts qui mitraillent. Ça ne s’arrête presque jamais, les passages un peu lents se comptant sur les doigts de la main d’un manchot – sur Broyer Du Noir ou Façon Polza par exemple –, respirations rares mais nécessaires et tremplins ascendants vers toujours plus de frénésie et de rage.

Et puis, parlons un peu de cet artwork signé Hugo Charpentier (voilà, c’est fait), un habitué des Éditions Mauvaise Foi et surtout parlons des paroles de This Was Supposed To Be Fun, la plupart écrites en français et que l’on peut enfin découvrir en les lisant dans le livret joint au disque parce que (ô surprise !) Warfuck ne pratique pas le chant clair mais plutôt le yaourt sauce harissa-moutarde – le chant est d’ailleurs le petit point faible du duo, par manque de souffle et de coffre, mais il possède aussi cette caractéristique importante à mes oreilles d’être toujours au bord de la rupture et donc dans l’urgence.
Bref, revenons-en aux textes : impliqués, mystérieux aussi parfois, parce que presque allégoriques, avec des mots noirs dont suintent autant colère que dégoût, douleur qu’écœurement. Comme pour tout le reste il n’y a aucune équivoque et ce que fait Warfuck le groupe le fait vraiment bien, dans tous les sens du terme, son grind résonnant avec une efficacité et un en-allant qui soulignent toute la sincérité et toute l’âpreté du groupe. Fan de heavy metal symphonique ou de stoner hypotonique passe donc ton chemin et va crever au HellFest.

[This Was Supposed To Be Fun est publié en vinyle et CD par Lixiviat records, le propre label du groupe et dont c’est la toute première parution alors soyez sympas, achetez leur disque, pour que ces petits gars puissent continuer à faire de la musique de sauvages]

 

* note très importante : suite à de nombreuses plaintes émanant des ligues parentales pour la défense d’une bonne moralité dans les musiques extrêmes et celles pour la préservation de l’innocence des petits enfants de chœurs, le nom de ce blog a malheureusement du changer – Beat Occult est donc devenu… Instant Bullshit