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vendredi 11 novembre 2022

[chronique express] Eastwood : Antibiose

 



Ça, on peut dire que j’ai bien pris mon temps avec ce disque d’Eastwood et que j’ai même failli passer à côté. Que le groupe allemand ait tellement galéré pour sortir son tout premier album ne me servira pas d’excuse – je résume malgré tout : six années de gestation et de composition parsemées de moult changements de line-up, deux années pour l’enregistrement à divers endroits et à cheval sur deux pays et, finalement, une première parution officielle à l’été 2021 – hier, quoi. On comprend donc aisément la rage hallucinante qui magnifie le grindcore ultra urgent d’un groupe totalement fou-furieux et dont l’efficacité carnassière a été plus que renforcée par l’arrivée du batteur de Warfuck en tant que grand pourvoyeur de blasts défragmenteurs. Mais comment fait-il ? Bref, Antibiose c’est vingt minutes de cauchemar moderne avec dix sept titres ultra-courts et énervés, exception faite du tout dernier qui culmine du haut de ses quatre minutes de noirceur obsessionnelle – un must ou plutôt le coup de grâce. Le tout avec un chanteur-cascadeur qui ne tient pas en place, une guitare-hachoir sans pitié et une rythmique à faire rêver les spermatozoïdes dégénérés de Lars Ulrich. On rajoute quelques samples introductifs (à un moment on reconnait Trump mais mon préféré reste celui-ci, tellement vrai : « There’s nothing wrong with the planet, the planet is fine. The people are fucked » et le tour est joué : Eastwood est l’un des tout meilleurs groupes du genre qu’il m’ait été donné d’écouter depuis longtemps. Parole de viok.


lundi 19 septembre 2022

Massgrav : Slowly We Rock

 

Nul doute que Slowly We Rock devrait remporter le grand prix de la pochette la plus génialement laide et addictive de l’année 2022 avec son artwork fluo digne d’un vieux groupe de hard-rock réac ou même de hair-metal 80’s en provenance directe de Fuckland (voir Los Angeles et mourir). Le truc, c’est que chez MASSGRAV on ne porte pas de vestes à franges, de santiags ni de pantalons moule-burnes ou de bandanas et que le groupe est originaire de Suède. Donc rien à voir : ces quatre garçons ne sont pas là pour rouler des mécaniques devant un miroir sans tain, épater la galerie et amasser de la thune avec des chansonnettes insipides parlant de cul, de coke, d’amours incestueuses, de flingues, de bagnoles, de bière au goût de pisse, de junkfood et de cholestérol.
En fait, je ne savais pas à quoi m’attendre exactement avant d’écouter pour la première fois Slowly We Rock – légèrement contraint et menacé par le service marketing et force de ventes de Lixiviat records, il est vrai particulièrement efficace et offensif dès qu’il s’agit de faire la promotion de l’une de ses nouvelles productions – mais j’ai immédiatement bondi au plafond. De stupeur. Et de joie. De cette joie régressive qui te colle immédiatement un sourire tartignole aux lèvres et te fait regretter de ne plus avoir de cheveux pour headbanguer avec classe et panache pendant que tu fais de l’air-guitar dans ton salon. Ce disque est une bombe. A tel point que j’ai du me retenir de commencer immédiatement une chronique pour en dire tout le bien que j’en pense et même plus encore. Fallait que ça sorte.







Mais de quoi parle-t-on exactement ? Slowly We Rock est un titre complètement ironique puisque en fait de lenteur, on se retrouve avec un disque de vingt trois minutes et vingt et un titres. Mais bien que cela soit l’une des nombreuses spécialités suédoises en matière de musiques extrêmes, Massgrav n’est pas un groupe de grindcore pour autant – on notera juste que le guitariste Jesper Liveröd qui a intégré l’affaire aux alentours de 2018 est un ancien Nasum, oui rien que ça. Un titre tel que (le génialement entrainant) Gasen I Botten représente bien l’état d’esprit d’une musique qui oscille constamment entre fastcore, grind, punk et rock’n’roll. Un mélange complètement hallucinant, époustouflant et bien dégueulasse qui fonctionne de bout en bout et révèle tellement de bonnes surprises. Difficile de trouver des points de comparaison mais Massgrav c’est un peu Zeke (le Zeke de la grande période, quelque part entre les albums Kick In The Teeth et Death Alley) qui aurait mis une bonne dose de grind et de powerviolence dans son hardcorepunk’n’roll. Dans ta face.
Slowly We Rock est ultra rapide, ultra sauvage et, musicalement, complètement hilarant. C’est aussi le disque le plus épais et le plus massif de Massgrav qui jusqu’ici fonctionnait en trio, avec une seule guitare. Quant aux paroles, elles sont exclusivement en Suédois – mais quelle belle langue, über efficace dès qu’il s’agit de brailler des insanités ! – avec des textes anti-patrons, anti-flics, anti-connards de droite, la routine quoi. Entre autres friandises vitriolées on remarquera ce Krossa Högerkukarna que l’on pourrait sobrement traduire par « écraser les bonnes bites » et dont les paroles comportent ces quelques mots doux : « Il est temps d’écraser les bites de droite / Il faut écraser la noblesse / Il est temps de se battre / Il faut écraser la noblesse » (coucou Elizabeth). Tu auras évidemment remarqué que je parle couramment la langue d’Ingmar Bergman.
Blague à part, lorsque on voit le résultat des dernières élections législatives et la coalition qui s’apprête à prendre le pouvoir en Suède, il est certain que Massgrav n’en a vraiment pas fini de gueuler et d’envoyer du pâté… mais par ici nous serions pourtant bien mal inspiré·es de faire les malins, parce que nous ne sommes vraiment plus très loin de connaitre une situation aussi merdique et aussi dangereuse que celle-là.



vendredi 16 septembre 2022

Whoresnation : Dearth

 




Dearth ? Comme je ne connaissais pas ce mot, j’ai bêtement cherché sa traduction dans mon vieux dictionnaire anglais : « Dearth » signifie pénurie, disette, manque… Rien de décevant là dedans, bien au contraire et même si je me suis longtemps imaginé – l’imagination est mon meilleur mauvais défaut – que Dearth ne pouvait être que la contraction de « death » et de « Earth ». Ce qui, tu en conviendras par toi-même, revient à peu près à la même chose et surtout colle parfaitement avec une vision sans compromis de notre petit monde de merde en train de pourrir sur place.
Dearth est donc le titre du troisième album de WHORESNATION, successeur d’un Mephitism qui, depuis sa parution initiale en 2018*, n’en a toujours pas fini de faire des ravages et de tenir le haut du pavé. Actifs dès 2009 (ce sont eux qui le disent, moi à l’époque je ne connaissais pas), les Whoresnation sont, depuis 2020 (2021 ?) et après de nombreuses années passées à trois, revenus à un line-up à quatre avec l’adjonction d’un nouveau bassiste – Anto a ainsi rejoint les  autres membres qui sont, rappelons-le, Pibe (voix, également dans les excellents Civilian Thrower), Lopin (guitare, un garçon très éclectique puisqu’il a joué dans Jack & The Bearded Fisherman et qu’on le retrouve également dans Contractions) et enfin Tonio à la batterie. Un line-up assez classique pour un groupe de grindcore (ou un groupe de deathgrind ?).
Ce qui est beaucoup moins classique, c’est la façon dont les Whoresnation abordent et développent leur musique. Pour Dearth ils auraient pu se montrer gourmands et ambitieux comme des métallurgistes diplômés masterclass et opter pour une production monumentale, sans bavure, coulée dans une moule de compression plastifiée, bref composer et enregistrer un disque superbement surligné et tellement affecté que tous les fans du dernier Wormrot auraient aveuglément crié au chef-d’œuvre absolu. Mais il n’y a rien de tel que l’extrémisme musical lorsqu’il tend vers la vérité, sa propre vérité, et donc une honnêteté certaine. Cette honnêteté avec laquelle tout bon groupe qui se respecte cherche à éclairer son propos. Non, il n’y a rien de tel que des musiciens qui ne cherchent pas à flatter ni à plaire coûte que coûte, qui méprisent la surenchère pour la surenchère, pour qui la violence (musicale) est un moyen et non une fin, un groupe qui préfère l’obscurantisme débridé de l’underground parce que la lumière n’est jamais celle que l’on croit.
De la lumière il n’y en a de toute façon pas du tout sur Dearth, Whoresnation nous livrant un album âpre et claustrophobe au possible. Le son du disque – j’y reviens – est nettement moins ample et ourlé que sur Mephitism, tellement minimal parfois, sec et tendu, musclé mais dégraissé jusqu’à l’os, surtout complètement étouffant, asphyxiant. Là réside sans doute une grande partie du génie d’un groupe – oui, j’ai écrit génie et je pèse mes mots – qui enchaine des parties de plus en plus folles sur fond de riffs incroyables et de blasts monstrueux mais réussit à les propulser dans une tout autre dimension, celle de la désolation absolue (pourtant, en matière de grind, cela fait longtemps que l’innovation n’était plus qu’une vue de l’esprit). Les moments de respiration sont rares mais il y en a, comme le solo de guitare sur Bluthgeld (ce sera le seul du disque) et quelques parties lentes et groovy comme du death metal 90’s putréfié (l’intro et le final de Sunburnt To Death, la partie intermédiaire de Sewage Breath). Et de mentionner le chant, monotone et caverneux comme une litanie mortuaire mais totalement envoutant, qui est la seule chose réellement stable et immuable à laquelle on peut se raccrocher sur un disque aussi fulgurant que dévastateur.
Dearth est donc un véritable carnage. Mieux – et je pèse encore mes mots – il sonne comme un classique instantané, un enregistrement dont on sait qu’il va compter et qu’il va faire date, qu’il est peut-être le digne héritier d’une longue lignée de disques estampillés grind/deathgrind/etc. mais que surtout il apportera sa pierre à l’édifice, marquera durablement les esprits, nous accompagnera, sait-on jamais, jusqu’à la fin de ce monde qui n’en peut plus de se dévorer lui-même.

[Dearth est publié en CD par Bones brigade et en vinyle par le label US Carbonized records et les petits gars de Lixiviat – lesquels se sont également fendus d’une version cassette]

* d’abord publié chez Throatruiner, Mephitism a été réédité en 2019 par Lixiviat


lundi 18 juillet 2022

Wormrot : Hiss

 

Le grindcore est-il soluble dans le mainstream ? Haha, je plaisante bien sûr mais en découvrant Hiss – quatrième album des Singapouriens de WORMROT et le premier en six ans – je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’il y a deux formes différentes, en gros deux façons de faire du grind. La première est celle, rude, brutale et sombre d’un Blockheads dont l’incontournable Trip To The Void a récemment été évoqué dans ces pages ou celle d’un Whoresnation, groupe incroyable et dont on reparlera un de ces jours au sujet de Dearth, son plus que formidable nouvel album. La seconde est sophistiquée, léchée et à la production plus calibrée, une évolution considérée comme logique par les musicologues avertis se plaçant d’un point de vue temporel et historique (le grindcore a commencé à apparaitre au milieu des années 80, gnagnagna…) mais qui ne m’intéresse pas. Hiss pourrait bien être le nouveau porte-étendard de ce grind qui n’a plus rien de crust, moulé en salle de sports et ripoliné en studio, symptomatique de la tentation hi-tech qui apparemment finit un jour ou l’autre par rattraper toutes les musiques dites extrêmes pour adolescents en manque de sensations fortes.
Parce qu’il s’agit d’un phénomène récurrent. On se rappellera comment à partir du début des années 90 Fear Factory avait tenté de digitaliser le death metal, ouvrant de nouvelles voies mais finissant par s’enfoncer dans une bouillasse sans nom. The Dillinger Escape Plan n’a pas fait autre chose avec le hardcore chaotique – il y a tout un monde entre les albums Calculating Infinity et Ire Works –, Refused s’est littéralement compromis en enregistrant The Shape Of Punk To Come, défrichant le terrain pour toutes les merdes néo-metal à venir et, beaucoup plus récemment, l’enduis plastifié qui enrobe Glow On a permis aux hardcoreux de Turnstile d’atteindre les rivages de l’inconsistance proprette et de l’ennui populaire (note à l’usage des personnes en train de hurler en lisant ceci : Turnstile est peut-être un très bon groupe en concert mais j’ai de toutes façons toujours trouvé sa musique solidement banale). Et pour en revenir au grind, le seul contre exemple de sophistication et d’évolution réussies qui me vient à l’esprit est celui de Napalm Death. Mais je reste pour le respect de la tradition, seule garantie d’un avenir sereinement confortable.







Hiss est un disque certes foutrement efficace, un véritable rouleau compresseur qui ne laisse que peu de répit et s’il est aussi fatiguant et aussi assommant c’est parce qu’il ne s’agit donc pas d’un disque de grind pur et dur. De nombreux plans de guitare hardcore émaillent l’album et le chant lui-même se permet de nombreuses incartades. L’une des plus marquantes arrive dès le deuxième titre où Arif vocalise en chant clair pendant quelques instants, de trop longues secondes pendant lesquelles il est légitime d’espérer que tout l’album ne sera pas comme ça. Heureusement non, bien que le chant clair réapparaisse ça et là mais sur un mode moins lyrique. Pale Moonlight pratique le tribalisme facile (néanmoins sans être aussi putassier que celui d’un Sepultura circa Roots). Sans oublier du violon alto sur deux ou trois titres, Grieve et le clientéliste Glass Shards, histoire de… de quoi en fait ? Renouveler le truc coûte que coûte ? Faire en sorte de ne pas s’emmerder en jouant toujours la même musique ?
OK : peut-on pour autant reprocher à Wormrot d’avoir voulu s’amuser un peu ? Mon honnêteté intellectuelle, bien que très relative dès qu’il s’agit de musique, m’incite à répondre par la négative… Pourtant Hiss est bourré de facilités. Tous ces riffs bas de gamme ou typés metalcore boutonneux, ces introductions à la démagogie assurée (Sea Of Desease), ces accroche-cœurs et autres roucoulades, ces breaks complaisamment calculés, cette rage soigneusement millimétrée, ces plans qui ressemblent à tellement de choses déjà faites et surtout empruntant tous azimuts – on trouve même une tentative avortée de mettre le black metal à l’honneur sur le passage intermédiaire de Desolate Landscapes. Un vrai catalogue de l’extrême universaliste et un volontarisme œcuménique qui à la longue finit par être lassant puis rebutant. Qu’il n’y ait rien de vraiment original ici et que tout soit emprunté et copié ne serait pas si grave si tout était également bien assimilé mais ce n’est pas le cas. Le mélange indigeste de Hiss ne fait que mettre en lumière le péché d’orgueil de gourmandise d’un groupe qui a voulu en faire beaucoup trop, passant d’un registre à l’autre sans se demander si cela fonctionnait ou pas, y allant à l’esbroufe et au culot. C’est bien la seule chose que l’on ne pourra pas enlever à Wormrot : avoir essayé. Moi, je passe mn tour.

ps : pour que cette chronique soit totalement complète il me faut également préciser que Hiss est le dernier enregistrement de Wormrot avec Arif au chant, celui-ci ayant décidé de lâcher l’affaire pour des raisons strictement personnelles – le guitariste Rasyied et le batteur Vijesh lui cherchent actuellement un remplaçant et ça, c’est pas gagné

[Hiss est publié en vinyle bleu, violet, rouge, blanc ou noir et même en CD par Earache records]

 

mercredi 15 juin 2022

[chronique express] Blockheads : Trip To The Void

 



Voyage dans le vide ? Vers nulle part ? Je n’avais pas spécialement envie ni ne ressentais la nécessité absolue de chroniquer le sixième album de BLOCKHEADS, un groupe qui n’a vraiment plus rien à prouver, qui dégueule son pessimisme combatif à longueur (!) de poussées grindcore old school d’une violence et d’une noirceur rarement égalées. Et puis je me suis rendu compte – c’est écrit sur l’insert à l’intérieur de la pochette gatefold du disque – que cela fait trente ans que les Nancéens braillent leur colère à la face du monde, gerbent leur bile incendiaire, remettent les pendules à l’heure d’une conscience politique que rien ne semble pouvoir altérer. Tout comme la puissance de feu de leur musique, qui sur Trip To The Void* atteindrait presque une nouvelle dimension. Beaucoup de groupes finissent un jour ou l’autre par délayer leur discours et arrondir les angles mais dans le cas de Blockheads on ressent exactement le contraire. Autant de hargne, de vindicte, de sincérité et de conviction c’est tout simplement aussi beau que stimulant. J’ai bien conscience que cette malheureuse petite chronique expéditive ne servira pas à grand-chose, que celles et ceux qui étaient déjà convaincu·es le resteront et que les autres qui n’en ont jamais rien eu à foutre continueront de regarder ailleurs, dans le vide (sic) de leur confort et la facilité de leurs certitudes. Mais je reste persuadé qu’un groupe tel que celui-ci et que la persévérance dont il fait preuve sont plus que jamais essentiels.

* bndcmp propose une version largement incomplète de l’album mais on peut l’écouter par ici en intégralité


vendredi 3 juin 2022

[chronique express] Lovgun : Bon Shit Bon Genre

 


LOVGUN, malencontreuse association d'attardés juvéniles s’auto-définissant comme, je cite, un groupe de « grindcore/powerviolence hâtif et loufoque », semble bien parti pour sauver la mise à tous les vieux grincheux, inquiets et autres réfractaires aux progrès de l’extrémisme actuel et qui n’arrivent plus à suivre le rythme forcené de l’apocalypse musicale. Etalage complaisant de riffs beaucoup trop carrés, de blasts top millimétrés, de braillardises ultra-compressées, de gros son, de muscles, de testostérone... de tout ça Lovgun en a vraiment rien à foutre et pulvérise le merdier en déjouant les pièges de la surenchère avec un sens stupéfiant de la débilité et un humour volontairement badgame. Résultat, Bon Shit Bon Genre – l’album a failli s’appeler Gone With The Weed mais c’était déjà pris et de toute façon ça faisait beaucoup trop hippie – agrège en une douzaine de minutes chrono pas moins de vingt titres qui s’achèvent (et nous par la même occasion) par un « Cannibal Corpse medley » de cinquante secondes intitulé Je Vais Te Tuer. Les membres du groupe jouent pas ailleurs dans La Hess, Warfuck, Hørdür ou Fumist, ce qui ne te permettra même pas d’avoir une vague idée du niveau général et le mieux c’est d’écouter par toi-même un disque aussi fulgurant et concis que l’incroyable orgasme qui avait accompagné ta première expérience réussie de masturbation adolescente – j’ai beau détester les vinyles splatter, celui-ci devrait être déclaré d’intérêt public.


dimanche 3 avril 2022

[chronique express] Napalm Death : Resentment Is Always Seismic - A Final Throw Of Throes






Enième enregistrement des vétérans NAPALM DEATH, Resentment Is Always Seismic - A Final Throw Of Throes est présenté par Century Media comme le petit frère de l’album Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism (2020). On remarquera essentiellement que ce mini LP de trente minutes et huit titres est un parfait résumé de la musique telle que l’ont pratiquée les Anglais ces quinze dernières années. On y trouve des titres rapides et très hardcore, des compositions plus lentes, plus sophistiquées et flirtant parfois avec un indus très décoratif, deux reprises illustrant à nouveau et s’il en était encore besoin l’ouverture d’esprit du groupe – un titre des trop méconnus Slab! et un autre des Bad Brains –, un gros son général à mille lieues du crust et du grind des débuts du groupe il y a 36 ans, une pochette de disque encore plus moche que d’habitude… Resentment Is Always Seismic - A Final Throw Of Throes n’a rien de surprenant, est malgré tout un bon cru et permet à Napalm Death de maintenir son statut de groupe à la fois culte et incontournable toujours en activité. Que demander de plus ? Pas grand-chose en fait : les Anglais font partie du décor depuis tellement longtemps maintenant que leur persévérance possède un côté rassurant et fédérateur et qu’écouter chacun de leurs nouveaux disques équivaut à reprendre des cours de catéchisme ou retourner à la messe du dimanche. Mais a-t-on vraiment encore besoin d’un groupe tel que celui-ci pour s’entendre dire que le monde va mal mais qu’heureusement la musique est là pour nous sauver ? Non… sauf si on est, comme moi, irrécupérablement nostalgique.


mardi 29 septembre 2020

Napalm Death / Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism

 

Chic ! Chic ! Chic ! Encore un disque avec une pochette ultra moche ! Mais ce n’est pas n’importe quelle pochette non plus : il y a écrit NAPALM DEATH dessus. Signé par le danois Frode Sylthe – qui semble avoir pris un abonnement avec nos grindeux préférés depuis quelques années – l’artwork de Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism ne laissera toutefois pas indifférent tant il est explicite : une colombe étranglée et démantibulée jusqu’au sang par une main gantée de latex. Au moins le message est clair, surtout qu’il est accompagné d’un titre d’album traduisible par quelque chose comme « les affres de la joie dans les mâchoires du défaitisme ». En gros : ne nous laissons pas faire et continuons le combat sans nous laissez aller au cynisme du profitons-en avant qu’il ne soit trop tard et avant la fin du monde. OK, j’avoue extrapoler un tantinet mais dans l’idée c’est ça. Napalm Death fait toujours de la politique, à sa façon.
Pour son seizième album studio – le sixième pour
Century Media – le groupe aura pris son temps puisque cinq années déjà se sont écoulées depuis Apex Predator - Easy Meat mais surtout le groupe nous aura fait bien peur : en 2014 le guitariste Mitch Harris annonçait sa mise en retrait et désormais il est remplacé en concert par le jeune et talentueux John Cooke… Harris est néanmoins crédité comme guitariste dans les notes qui accompagnent le disque, ce qui en a rassuré plus d’un. Il n’empêche que Napalm Death tourne dorénavant à 98 % autour du tandem Shane Embury / Barney Greenway crédité de onze compositions de Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism sur douze (le premier à la musique et le second aux textes, à chacun son boulot). Beaucoup pensent qu’en fait c’est Embury qui a enregistré l’écrasante majorité des parties de guitare du disque, en plus de la basse. On constatera également que sur toutes les photos officielles de Napalm Death récemment publiées on ne voit qu’Embury, Greenway et Herrera mais pas de Mitch Harris, par ailleurs également absent de la galerie de portraits qui orne le livret du disque. Ce qui est extrêmement choquant.

 


 

Mais qu’importe. L’histoire de Napalm Death est pour le moins compliquée – cela fait quand même vingt huit années qu’il n’y a plus un seul membre originel dans le line-up ! – mais le logo du groupe est toujours celui qui apparaissait sur Scum, le premier album du groupe en 1987 : Napalm Death reste Napalm Death. Et Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism est un bon cru. Evidemment la musique des anglais n’est plus vraiment du grind pur jus ou plutôt elle n’est plus uniquement ça, toute enrobée d’une grosse production que rejetteront les puristes du genre et les aficionados du crust toujours. Là-dessus, on ne peut qu’être d’accord avec les intégristes mais on ne peut pas nier non plus toutes les qualités d’un groupe qui a su évoluer et se renouveler (malgré une nette baisse de régime dans la deuxième moitié des années 90).
Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism comporte donc son lot de brûlots et question puissance de feu et rage extrême les membres de Napalm Death, tout vétérans qu’ils sont, n’ont rien à envier à qui ce soit. Fuck The Factoid et plus encore Backlash Just Because puis That Curse of Being In Thrall fournissent une excellente entrée en matière, un peu plus loin confirmée par Fluxing Of The Muscle, Zero Gravitas Chamber ou le morceau titre. Et puis, pour changer la donne, il y a Amoral qui fait penser à du Killing Joke, le (presque) final A Belly Of Salt And Spleen à la fois grandiloquent et industriel ou le ténébreux et gothoïd Invigorating Clutch. Au milieu de tout ce raz-de-marée nuancé se glisse cependant une composition très différente de toutes les autres : coécrit avec le producteur du disque Russ Russel, Joie De Ne Pas Vivre est à la fois très rythmique – prépondérance du couple basse / batterie dopée aux effets – et très indus-bidouille mais se démarque surtout par la nature du chant presque possédé de Barney (vous avez dit black metal ?). Le résultat est complètement hybride mais incroyablement cohérent et il semble bien que ce soit un terrain sur lequel Napalm Death ne s’était encore jamais aventuré jusqu’ici.
Et maintenant parlons bizness. La version vinyle de Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism comporte un titre bonus : Feral Carve-up est un bon exemple de grind/death passé au défoliant, il n’y a rien à redire là-dessus. Il existe également une version CD « mediabook » du disque avec ce même Feral Carve-up, ainsi que deux autres titres supplémentaires, en fait deux reprises. La première est une version plutôt réussie du White Kross de Sonic Youth ; la seconde est un titre de Rudimentary Peni dont je ne connais pas l’original. Une façon pour Napalm Death de nous rappeler pour la énième fois son ouverture d’esprit… Mais signalons que depuis que le groupe est chez Century Media tous ses disques ont bénéficié de versions spéciales avec titres supplémentaires et que ces mêmes titres ont plus tard été compilés sur le double album Coded Smears And More Uncommon Slurs. Les collectionneurs sont donc prévenus : dans quelques années, si le monde existe encore, il y a fort à parier que Napalm Death et son label ressortiront tous ces « inédits » et toutes ces raretés… la seule chose qui restera sans doute introuvable c’est l’élégant patch brodé au nom du groupe et de l’album qui accompagne le digibook de Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism. Un gadget inutile malgré tout mais qui fait vendre du disque collector. Napalm Debts ? 

 

lundi 17 août 2020

Doomsisters / Combattre Leur Idée De L'Ordre

 


I’ll be your sister. Je ne sais pas pourquoi cette référence particulièrement éculée et totalement hors de propos en provenance directe d’un vieux moustachu à rouflaquettes trépassé et archétypal d’un rock’n’roll joué les couilles à l’air m’est spontanément venue. Un truc que j’écoutais quand j’étais tout gamin et que les rebelles sous speed ne rêvant que de gloire, de fric à profusion, de plans cul comme autant de privilèges normalisés, de défonce sans conséquences trop fâcheuses et d’une vie facile sans lendemain aux frais de maisons de disques n’en ayant en vérité strictement rien à faire de leur musique ne pouvaient que m’impressionner. Moi aussi je voulais mon pantalon moule-burnes, ma petite meuf, ma saturday drug fever et ma réputation de gentil connard et de pseudo révolté. Fort heureusement aujourd’hui je peux dire que j’ai tout foiré, sauf pour la paire de moustaches et les rouflaquettes (mais c’est purement esthétique de ma part).
DOOMSISTERS est à l’exact opposé de tout ça. Il y a même une chanson de Combattre Leur Idée De L’Ordre et intitulée Trace De Droite qui évoque un peu le sujet, la disparition de tout engagement politique radical dans les milieux musicaux – et ici, plus particulièrement, les milieux indés – au profit de l’entertainment du cri dans le vide, la révolte facile comme business, l’apparence et le discours et puis derrière : plus rien. Il n’y a pas de mystère Doomsisters est un groupe engagé et ne nous laisse guère le choix, avec toutefois cette nuance qui me semble importante : les textes sont accompagnés de commentaires explicatifs qui sont (je l’imagine) le fait du chanteur et celui-ci emploie systématiquement la première personne du singulier parce qu’évidemment c’est son point de vue qu’il défend, mais pas avec une posture pseudo-moralisatrice – il y a une énorme différence entre « donner des leçons » et ouvrir sa gueule en grand pour brailler ce que personne n’entend plus vraiment. Toutes les paroles (en français) de ce deuxième album sont donc dûment explicitées (en anglais) dans l’insert joint au disque et on ne peut que saluer tout le soin porté à la chose. Déjà parce que le dit insert tout comme la pochette du disque sont très réussis et très beaux – et le résultat du travail de madame Flo Impure – mais aussi parce qu’on y trouve énormément de renseignements sur ce disque, sur le groupe évidemment et sur tous les labels impliqués dans cette parution.
Leurs points de vue – anticapitalisme, antifascisme, antisexisme, antiracisme, antihomophobie, veganisme, etc, gnagnagna – les trois Doomsisters les expriment avec une véhémence musicale très réjouissante. Outre Mounet au chant, le line-up est composé de Mitch à la guitare et de Dav à la batterie. Ces trois là jouent un hardcore très rapide bien crusty/d-beat et surtout particulièrement épais, avec du gros riffage de machine-outil propulsée à la colère et de la rythmique pachydermique à toutes les sauces : la musique du groupe est généreusement rapide et énervée mais beaucoup (une grosse majorité) de compositions sont parsemées de passages lents et lourds, gras et suintants à souhait et à s’en déboiter les cervicales – comme celui qui fait littéralement exploser Verre Brisé (mais c’est loin d’être le seul, donc). Le trio a beau se qualifier lui-même de groupe de grind-sludge, c’est-à-dire quelque chose qui tiendrait du mariage de la carpe et du lapin ou de la gauche unie, tout s’enchaine avec une aisance stupéfiante et sans effet de superposition artificielle grâce à une excellente maitrise de la composition. On n’est par conséquent pas surpris outre mesure lorsque vers la fin du disque surgit You Tear Me Up, oui une reprise des Buzzcocks… les Doomsisters ne s’y sont pas trompés en choisissant une composition géniale dotée d’un riff tournoyant mais mélodique totalement hallucinant. Et au passage ils en profitent pour réaffirmer haut et fort qu’ils ne sont finalement qu’une bande de sales punks : rependre le groupe de Pete Shelley est beaucoup plus significatif qu’une reprise de Motörhead, non ?

 

[Combattre Leur Idée De L’Ordre est publié en vinyle par Crustatombe, Deviance records, I Feel Good records, Lixiviat records, No Way Asso et Stradoom

 

 

vendredi 26 juin 2020

Chiens / Trendy Junky



Encore une fois le hasard. J’aurais sûrement mis infiniment plus de temps pour me décider à écouter Trendy Junky de CHIENS si une âme charitable mais bien mal bien (en fait je ne sais plus) intentionnée ne me l’avait pas offert (merci !). Non ce n’est pas un disque promo envoyé par l’un des deux labels coupables responsables de cette sortie mais un cadeau, et un vrai cadeau, c’est-à-dire une belle surprise, un disque auquel je ne m’attendais vraiment pas, quelque chose qui fait énormément plaisir. Et puisque on parle une nouvelle fois de grindcore celui de CHIENS ne m’avait pourtant guère fait faire de bonds démesurés jusqu’ici (alors que le groupe existe depuis plus de dix ans maintenant) mais CHIENS gardait un capital sympathie intact grâce à un joli (ahem) nom et un esprit à part, tout en fougue dévastatrice et ironique.
Trendy Junky est tellement court qu’il tient sur la première face d’une galette tournant en 45 tours – l’autre face est elle occupée par une gravure sur vinyle reprenant l’artwork de la pochette soit un rat tox et suicidaire qui remporte haut la main le grand prix international de la laideur et de l’efficacité conjuguées. Et c’est un peu ça la musique de CHIENS, un truc complètement hideux mais réellement captivant, répulsif et jouissif à la fois et qui surtout ne laisse aucun doute quant aux intentions du groupe. Mais au cas où et comme pour toute médecine efficace qui se respecte, la posologie de Trendy Junky est indiquée dans les quelques notes au verso de la pochette (play loud / fuck nazis – do drugs / kill yourself) ou au gré des textes et des titres des dix compositions du disque : Trendy Junky (évidemment), Rehab, Fake Punk Is Not Dead, France De Merde (sic), Dégage ! ou Victims Of Victims – en fait je pourrais citer tout l’album.
Un album ? Ouais, quand même, malgré sa courte durée et des titres qui ne dépassent jamais la sacro-sainte minute ou alors qui y arrivent en trichant grâce à des samples hilarants tirés d’un film inconnu des services culturels de cette gazette mais avec des dialogues mettant en scène une femme flic et une femme infanticide (dont un « en fait ce qu’il y a de moins cher c’est que vous mourriez tout de suite », particulièrement adéquat dans le contexte). Mais le plus important est ailleurs, dans cette rage au vitriol et cette violence musicale poussées à leur maximum. Trendy Junky arrive à cristalliser et à donner une forme particulièrement aboutie à la férocité et à la sauvagerie de CHIENS même si en écrivant cela je ne peux pas m’empêcher de penser que les principaux intéressés s’en foutent complètement d’arriver à un quelconque « aboutissement ». Il n’empêche qu’il est parvenu jusqu’à mes petites oreilles que pour les experts en la matière et autres amateurs patentés du genre Trendy Junky est l’un des must have de cette belle et encourageante année 2020 de merde. Ça je veux bien le croire tellement ce disque torgnole à tout va et s’impose comme un sommet de nihilisme sans pitié tout en développant un sens de la dérision à hurler de rire. Se faire mal et rire en même temps, oui c’est possible et vive la mort.

[Trendy Junky est publié sous la forme d’un vinyle monoface par Bones Brigades records et I Feel Good Records]

 

lundi 1 juin 2020

Feastem / Graveyard Earth





Et voilà, je me retrouve encore devant une page blanche. Et tout ça à cause d’un groupe de grind et surtout à cause de son label – je n’ai absolument pas peur de le nommer, il s’agit de Lixiviat – qui je ne sais pas pourquoi m’envoie systématiquement des informations promotionnelles** à chacune de ses nouvelles sorties, pensant sans doute que j’aime le grindcore plus que tout et que je trouverai bien un truc ou deux plus ou moins intéressant à dire au sujet de ses productions. Quelle erreur. Moi je suis un intellectuel à lunettes et à moustache et je suis fils de profs, j’ai été élevé par des parents qui lisaient Télérama en écoutant France Inter, ont commis l’erreur de voter Mitterrand en 1981 puis en 1988 – les cons ! –, sont logiquement devenus écolos à partir des années 2000 et partaient en vacances uniquement à proximité de lieux historiques à visiter. En résumé : je suis vieux et j’aime souffrir, oui bon d’accord, mais j’aime souffrir dans les règles de l’art, il faut qu’il y ait un minimum de concept et de modélisation derrière sinon je ne peux pas y arriver (d’ailleurs, au passage, est-ce que quelqu’un sait si la biennale d’art contemporain aura quand même lieu cette année ?).
Donc la chronique du jour concerne l’album Graveyard Earth de FEASTEM, un groupe qui nous vient d’une charmante petite ville située sur la côté ouest de la Finlande et qui existe depuis 2005 mais n’ayant à ce jour publié que quatre longs formats et deux ou trois splits, ce qui n’est pas très brillant si on se place stricto sensu du point de vue du rendement et de la productivité. Avaritia Humanae, le précédent album de Feastem, date quand même de 2013 (!) et si tu doutes encore du côté très dilettante de ces jeunes barbares venus du nord va donc faire un tour sur leur site officiel, tu constateras qu’il n’est absolument pas à jour.
Par contre si tu écoutes Graveyard Earth – parce que oui, je l’ai quand même écouté* – tu te rendras rapidement compte que Feastem n’est pas n’importe qui et que cet album ce n’est pas n’importe quoi. D’ailleurs, malgré mon côté digne héritier d’intellectuels de gauche et bien-pensants, je trouve que l’étiquette grind sied fort mal au groupe. En tous les cas et en dépit de quelques repères stylistiques d’usage (la double pédale à tous les étages, les parties de blasts bien appuyée) le côté rageux de Feastem dépasse largement ce cadre trop restreint. Je suis particulièrement épaté par le côté tournoyant de nombre de riffs – comme celui qui sert d’intro à Sick pour ensuite revenir au bon moment ou celui, également en ouverture, de Verta Ja Lihaa – et le groove maléfique qui les accompagne par ailleurs. Autre point fort du groupe, ce batteur qui sait allier efficacité et organique, au moins on n’a pas l’impression qu’il essaie de jouer comme une machine et comme il a tendance à foutre des coups de cymbales vraiment de partout il réussit à donner énormément de relief à son jeu. Et puis il y a ce chanteur ou plutôt ce beugleur qui m’impressionne totalement et même me ferait presque regretter de ne pas avoir fait Finnois en deuxième langue vivante au collège (un tiers des textes de Graveyard Earth est écrit dans cette langue gutturale à souhait).
Et, pendant que j’y suis, j’en ai aussi pour le bassiste qui apporte tout l’appui nécessaire à la musique du groupe bien que souvent je trouve que l’on ne l’entend pas suffisamment, à l’exception de l’introduction – ralentie et rampante – du morceau-titre : même si Feastem essaie de jouer le plus vite possible, dépassant les limites humainement acceptables de la rapidité d’exécution (quinze titres en moins de vingt minutes), le groupe n’oublie jamais de placer, encore une fois toujours au bon moment, des parties plus lentes voire très lentes et des breaks bien juteux qui ensuite font effet trampoline et catapulteur. Graveyard Earth est d’une énergie folle et d’une persévérance incroyable, avec un esprit finalement très punk qui me plait plus que tout. Alors d’accord, je veux bien enlever mes lunettes mais je garde ma moustache. 

[Graveyard Earth est publié en vinyle par Lixiviat, en noir ou en version semi transparente avec effet de fumée – ultra clear with black smoke dans le texte – vraiment très réussie]

* oui je fais souvent les mêmes blagues
** j’ai reçu le « dossier de presse » consacré à Graveyard Earth au mois de janvier, le disque a été publié à la mi mars et nous sommes le 1er juin : moi aussi je suis un branleur, moi aussi j’aime ça mais comme j’ai entendu dire que le disque se vendait comme des petits pains dans la gueule dépêche-toi un peu si tu veux en récupérer un exemplaire

vendredi 10 avril 2020

[chronique express] Theories / Vessel





Quelle différence y a-t-il entre le grind death et le death grind ? Je comptais vraiment sur Theories pour enfin éclairer ma lanterne mais un an après la sortie de Vessel et après moult écoutes de cet empilement de brutalité compressée je n’en sais toujours rien.

mercredi 11 mars 2020

Hørdür + Welldone Dumboyz + Pauwels + Mental Hygiene Terrorism Orchestra @Grrrnd Zero [07/03/2020]





Je ne voulais évidemment pas rater ça et je n’ai absolument pas été déçu : les WELLDONE DUMBOYZ étaient en concert à Grrrnd Zero le samedi 7 mars, cinq longues années que je n’avais pas vu le groupe jouer sur une scène et le résultat a largement dépassé mes plus folles espérances de fan indécrottablement transi – toutefois je ne voudrais pas trop en rajouter, il parait que ça peut devenir gênant à la longue*.

Les Welldone Dumboys avaient également emporté dans leurs bagages leurs petits camarades de Pauwels mais par contre là j’ai eu beau faire preuve de toute la meilleure volonté du monde (ahem) je n’ai guère été séduit par la musique et le concert de ce groupe originaire de Mulhouse. Tant pis, la prochaine fois peut-être... 
Ce qui ne fut pas le cas du grind de Hørdür (en début de soirée) et surtout des techniques d’automédication et du grind-no-jazz de Mental Hygiene Terrorism Orchestra (à la toute fin) qui ont ravi mes petites oreilles en manque de sensations fortes. Un grand merci une fois de plus aux gamins de Dirty Seven Conspiracy pour cette merveilleuse soirée de débauche sonique. 








































































* mais si tu veux vraiment savoir tout le bien que je pense de ces gens jeunes tu peux toujours lire cette chronique à propos de leur dernier album fort à propos intitulé Tombé Dans L'Escalier
 
** presque toutes les photos prises lors de ce concert sont visibles par ici


mercredi 23 octobre 2019

MooM - God's America / split





Cette fois ci je m’y colle sans hésiter une seule seconde. Je vais te parler de MooM, un groupe de fastcore (c’est ainsi qu’en causent les connaisseurs pour de vrai) récemment vu ou plus exactement découvert lors d’un concert mémorable – ça veut dire que je m’en souviens encore très bien. Le meilleur groupe de la soirée, c’était eux, les quatre MooM, en provenance directe de Tel Aviv / Israël et ce jour là je n’ai eu d’yeux et d’oreilles que pour leur musique ultra rapide, ultra énervée, ultra massive mais ultra digeste – ça c’est important à mon âge – balancée à la face d’un public qui n’en demandait pas tant, avec un naturel, une aisance, une simplicité et une vérité qui se font tellement rares que j’ai tout d’abord eu du mal à y croire avant de me laisser submerger par toute cette classe incroyable. Je ne vais pas trop de raconter ma petite vie ni épiloguer là dessus mais en sortant de ce concert j’ai aussitôt acheté les trois 7’ que le groupe a sortis jusqu’à maintenant et après j’ai eu doit à quinze mille mercis de la part du guitariste qui n’arrêtait pas de vouloir me serrer la main en me disant « thanks for coming » – oh les gens se serait plutôt à moi de vous remercier, hein. A toutes les qualités musicales de MooM je rajouterais donc celles-ci, humaines : l’humilité et la gentillesse, alors prenez-en donc de la graine, bande d’adeptes d’un hardcore tatoué et viriliste de mes deux.

Mais parlons un peu de ce split single qui est le dernier disque en date publié par MooM. Et commençons par l’autre groupe qui partage ce disque : les God’s America qui eux viennent de Las Vegas / Nevada. Une formation avec déjà une bonne petite discographie derrière lui, dont nombre de splits (il y en a même un avec Sept Star Sete !). Ces mecs ne font guère dans la dentelle avec un mélange de powerviolence pachydermique (encore du vocabulaire de connaisseurs) et de grind turbopropulsé (sic) joué bien sauvagement et avec un son bien crade et bien épais. Le genre de groupe que je préférais voir un jour en concert mais les cinq titres proposés ici par God’s America – dont un seulement arrive à dépasser la minute – sont des plus convaincants. En plus je pressens fortement dans ce nom de God’s America comme un sens mordant de l’ironie politique qui ne peut également que me plaire (vocabulaire de gauchiste).

Repassons donc au cas de MooM. Je ne vais pas me la jouer fine bouche – enfin, si. Les compositions du groupe ont beau être très courtes elles sont extrêmement structurées tout en coulant naturellement de source. S’en suit un déluge complètement dingue de fastcore (ho ho ho !) particulièrement bien en place, d’un éclat submergeant et d’une fraîcheur indéniable. Ajoutez quelques parties lentes et lourdes qui collent au cerveau, agitez dans tous les sens et vous obtenez quatre compositions explosives
Outre la section rythmique aussi rapide que précise, le chant féminin ultra vénère est l’une des principales qualités de MooM mais que dire de cette guitare qui aligne sans faiblir des riffs torturés voire vicieux avec une aisance confondante ? Lorsqu’on écoute tous les disques de MooM à la suite on se rend parfaitement compte de la progression du groupe (qui me semble t-il a déjà cinq années d’existence) mais c’est la trajectoire de la guitare qui impressionne le plus. Le monstrueux Third EP (publié l’année dernière, déjà par Lixiviat records en compagnie de quelques autres labels obscurantistes) marquait un pallier important. Ce nouveau témoignage de la furie vivifiante de MooM est encore meilleur. Je me demande bien ce que le groupe va pouvoir nous sortir la prochaine fois. Mais j’ai entièrement confiance en ces quatre jeunes gens et j’attends ça avec impatience.

[ce split 7’ est édité en vinyle blanc ou en vinyle noir et à 500 exemplaires par Here And Now !, Lixiviat records et N.I.C.]