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mercredi 27 février 2019

Emilie Zoé + Louis Jucker feat. Coilguns @La Triperie [25/02/2019]




Je sais bien que lannée ne fait que commencer mais ce concert est bien parti pour être l’un de mes plus beaux souvenirs de 2019 :  

Émilie Zoé était venue présenter son deuxième album The Very Start dont on a déjà abondamment parlé par ici tandis que Louis Jucker était lui accompagné de ses petits camarades de Coilguns pour nous faire découvrir son tout nouvel album solo intitulé Kråkeslottet (et on en reparlera).

Mille mercis à eux deux pour ces moments débordant d’émotion, de rire, de mélancolie, de désordre et d’implication… sans oublier les trois garçons de Coilguns qui ont démontré qu’ils n’étaient vraiment pas un groupe de hardcore noise comme les autres.

(ce concert organisé à la Triperie était labellisé Grrrnd Zero Hors Les Murs – plus de photos par ici)






































































lundi 25 février 2019

Monplaisir / The Agreement





C’est suffisamment rare pour être signalé : lorsqu’en 2016 MONPLAISIR a commencé à diffuser sa première démo, le groupe lyonnais ne se doutait sûrement pas que celle-ci allait susciter beaucoup d’engouement, à tel point qu’Echo Canyon records a alors décidé de la publier en vinyle. Le label (basé à Lyon également) n’aurait pas pu être plus inspiré en agissant de la sorte, ce premier enregistrement sonnant magnifiquement (je veux dire qu’il laisse échapper une vérité sincère), surtout lorsqu’on songe qu’il a été effectué à l’aide d’une poignée de micros lors d’une répétition du groupe. Comme une sorte de petit miracle, les miracles en musique faisant les plus beaux disques. Mais il fallait aussi aller de l’avant et pour leur premier véritable album les quatre garçons de Monplaisir ont pris cette fois-ci les chemins d’un vrai studio où pendant trois jours seulement ils ont enregistré The Agreement, le titre du disque faisant référence aux longues discussions entre les musiciens au sujet de la voie à suivre pour donner corps à leur musique et pour réussir à l’enregistrer. Qu’il y ait eu des débats presque sans fin au sein de Monplaisir je veux bien le croire mais je ne les entends pas lorsque j’écoute le disque.

The Agreement est d’une homogénéité merveilleuse, de celle qui révèle moult petits détails, des finesses d’arrangement, des trouvailles de composition pour donner un album plein de caractère. La démo de 2016 n’était donc pas qu’un one-shot de circonstance ou un hasard bienheureux. Et The Agreement permet à Monplaisir de poursuivre sur la lancée d’un rock indé et noisy : la référence au Sonic Youth de la fin des années 90 et de la première moitié des années 2000 s’impose, de même que la référence aux albums solo si réussis de Thurston Moore, The Best Day et Rock’n’roll Consciousness. Tout ça pourrait sembler bien lourd à porter pour des musiciens ayant choisi comme nom de groupe le nom d’un quartier lyonnais tendance baptou/middle class et dont le gros défaut serait d’être de vrais fans de musique. Mais l’intelligence musicale soit on en a, soit on n’en a pas et dans le cas de Monplaisir je peux affirmer que le groupe en a plus qu’à revendre, je parle de cette intelligence qui exclut ni l’à-propos ni la sensibilité. Ce n’est pas tout de s’inspirer, encore faut il avoir de la personnalité et savoir comment aller au delà de ce que l’on connait déjà tout en se l’appropriant (éternel débat en ces temps où d’aucuns affirment que tout a déjà été fait en matière de création musicale et que c’était forcément mieux avantMonplaisir nous démontre fort heureusement que non).
Ce qui me pousse à penser que la plupart des pistes de The Agreement ont été enregistrées en prise directe avec les membres du groupe jouant tous en même temps, il y a à la fois trop de cohésion et trop de palpitation (et donc de vie) dans ces enregistrements pour qu’il puisse en être autrement. Que The Agreement sonne mieux que son prédécesseur n’est pas réellement une surprise mais il reste de la même nature que celui-ci parce que ce nouvel enregistrement continue de développer une façon de faire franche et compacte qui laisse malgré tout toute sa place à la rêverie noisy : sans être trop dense ni trop resserré le son reste ferme, presque débordant de fierté, tout en ménageant suffisamment d’espace entre chaque instrument, ce qui est un argument de poids en faveur de la pratique subtilement dentelière et sonique des deux guitares mais également en faveur de la basse, encore plus présente. Seule la voix est parfois trop appuyée dans le mix et a bénéficié d’un traitement de faveur : on peut lire quelque part dans les notes du livret que le chant a en fait été doublé et si son côté plus affirmé et moins vaporeux peut interpeler au départ, on finit vite par se laisser faire par son insistance.

Et puis, pour parler encore une fois de miracle, il y a cette ultime composition, Hey John, qui clôture le disque du haut de ses dix neuf minutes. Les autres titres du disque sont beaucoup plus courts, ramassés et quelques uns tentent même de respecter le format des pop songs, ce qui renforce leur efficacité formelle et mélodique – mais je ne devrais pas parler d’efficacité ou même d’efficience parce que celle-ci est fort heureusement contrebalancée par le côté mélancolique et aérien qui se dégage aussi de l’écriture du groupe. Mais en ce qui concerne Hey John les quatre Monplaisir ont décidé de se lâcher un peu plus question grandes traversées et accidents atmosphériques : Hey John est une composition presque entièrement instrumentale et c’est la seule de tout The Agreement, un album où pourtant les textes me semblent revêtir une importance certaine j'écris « presque » parce que le chant y est rare, il n’apparait que tardivement et, pour une fois, il reste inintelligible. Mais Hey John n’en est pas moins signifiante que les sept autres compositions du disque. Je ne saurais parler avec justesse des circonstances exactes de l’enregistrement de ce qui pourrait bien être la pièce maitresse de The Agreement mais Hey John fait partie de ces musiques qui vont au delà des certitudes et des évidences en se déroulant lentement, en s’élevant au dessus des contraintes tout en libérant les sens. Si des fois il arrive qu’une musique nous parle plus que d’autres et que l’on ait même le sentiment qu’elle nous parle à nous seuls, il est bien plus rare que l’on ressente l’envie de lui répondre, d’une façon ou d’une autre. Et si j’osais je rajouterais que voilà la « raison d’être » de tout chroniqueur de disques. Merci.

[The Agreement est publié en vinyle par Echo Canyon et Adagio 830 ; il s’agit d’un tirage limité à 350 exemplaires : chaque copie du disque est accompagnée d’un livret numéroté à la main et comprenant notes, paroles des chansons et photos]

samedi 23 février 2019

[chronique express] ÖfÖ Am versus X-Ray Vision


Si tu aimes les musiques instrumentales et délibérément référencées, si tu aimes te vautrer dans le kitsch sans réfléchir, si tu préfères te réfugier dans le passé parce que tu as trop peur de la fin du monde et si tu as des taches ménagères à effectuer ce matin (après tout on est samedi) alors ces deux disques sont faits pour toi : 




le stoner psychédélique et choucrouté de ÖfÖ Am pour passer l’aspirateur et sortir le chien



 
le surf cinématographique en formica de X-Ray Vision pour faire la vaisselle et épousseter tes étagères à disques


Et bon week-end. 


jeudi 21 février 2019

Iron Reagan / Dark Days Ahead / split with Gatecreeper


[je vais vraiment finir par croire qu’il n’y a que deux façons de survivre à ses propres contradictions : faire preuve de la mauvaise foi la plus totale ou savoir se moquer de soi-même (ces deux méthodes ne sont pas forcément incompatibles l’une avec l’autre) ; alors autant en profiter pour me vautrer dans les musiques d’une vieille adolescence perdue]




Aujourd’hui pour notre rubrique errance de l’âme et errance du propos voici donc IRON REAGAN : fondé par des membres de Municipal Waste (avec qui le groupe a musicalement pas mal de points communs), de Cannabis Corpse ou de Darkest Hour Iron Reagan plonge tête baissée dans un thrash crossover très années 80. Rien que son nom évoque une période funeste de la vie politique américaine – qui pourtant connaitra toujours pire par la suite… – et musicalement on ne peut avoir aucun doute : Iron Reagan ranime la flamme d’un hardcore crossover et ultra rapide. Son dernier enregistrement publié est un 12’ monoface chez Pop Wig records en novembre 2018. Dark Days Ahead donne à écouter cinq titres courts et véloces, gorgés de riffs d’un simplisme très bay area mais d’une efficacité redoutable – The Devastation en est le parfait exemple. 
Malgré la domination effarante et le tranchant des guitares l’absence totale de solos est ici une très bonne chose comme si pour Iron Reagan la branlette était tout juste bonne pour les groupes de death-tech et autres métalleries prétentieuses. Il ne faut que sept petites minutes pour que le groupe déballe intégralement son programme politique en cinq points (le disque tourne en 45 tours) alors autant dire que tous ces chevelus sont bien plus crusti-punks que la moyenne des crétins-crêteux. Face à tant de fraicheur (haha) on comprend aisément pourquoi Iron Reagan a pu s’éloigner aussi rapidement du statut de simple side project de Municpal Waste et a connu la progression fulgurante que l’on sait, au point de rattraper son illustre ainé et même de l’égaler dans les cœurs cloutés des speed freaks.






Un constat largement renforcé par un split publié en mars 2018 par Earache records et regroupant Iron Reagan et Gatecreeper (ce vinyle 12’ tourne également en 45 tours). Coté Iron Reagan il n’y a aucune surprise, sauf que les cinq compositions présentées par la bande de Tony Foresta sont peut-être un peu moins rapides, un peu plus élaborées et plus complexes que celles présentes sur Dark Days Ahead : le côté métal prédomine cette fois sur le côté punk, il y a plus de breaks et plus de changements de rythmes et sur les deux derniers titres on trouve même de courts solos de guitares avec de vraies notes. Celles et ceux qui apprécient déjà Iron Reagan et en particulier le troisième album du groupe (le trop bien-nommé Crossover Ministry) devraient y trouver leur compte.
La bonne surprise de ce split se situe sur l’autre face :
GATECREEPER est un groupe américain de l’Arizona – le titre de son premier album fait référence au désert Sonoran d’où le groupe est originaire – et joue un death metal très lourd et très épais, chargé d’un groove plombé qui peut rappeler les premiers Entombed et même des fois Autopsy. Gatecreeper joue dans une cour contigüe à celle des finlandais d’Hooded Menace, les deux titres du split (en fait trois mais le premier est une sorte d’introduction pour le deuxième) suintent la lourdeur et la dévastation, les guitares sont accordées très bas, la double-pédale fait des ravages et seul le chant y gagnerait parfois en faisant preuve d’un peu plus de profondeur caverneuse.
Comme à son habitude Earache records a mis le paquet en associant deux formations encore en pleine ascension et issues du métal extrême US... ce disque a été publié à bon escient par le label – encore et toujours prix d’excellence en marketing – puisqu’il remet à la lumière Gatecreeper dont l’album Sonoran Depravation qui date quand même de 2016 (déjà chez Earache et que j’ai écouté depuis) est tout aussi malsain et tout aussi écrasant. Une très bonne découverte, bien qu’un peu tardive en ce qui me concerne, en attendant la suite qui ne saurait trop tarder si j’en crois les bruits de chiottes et les bruissements de cactus parcourant les réseaux sociaux.  

mardi 19 février 2019

Schleu + Reciprocate [16/02/2019]






En voilà un beau concert : SCHLEU soit l’association de musiciens lyonnais jouant ou ayant joué dans Le Death To Mankind, Torticoli, Tombouctou, Suhrya Bonali, Garmonbozia, Burne, Plèvre, Neige Morte – n’en jetez plus ! – pour une musique lorgnant du côté d’Arab On Radar/Doomsday Student en plus tourbillonné et en plus tarabiscoté puis RECIPROCATE ou le grand retour du guitariste/chanteur Stef Ketteringham et du batteur Henri Grimes (ex Shield Your Eyes).

Je ne saurais cacher toute mon émotion et tout mon bonheur car voilà deux musiciens dont je n’imaginais pas qu’ils ne puissent plus jamais rejouer ensemble et ils ont su trouver la perle rare en Marion qui tient la basse et surtout toute sa place au sein du groupe – voilà peut-être bien la personne et la bassiste qu’il fallait pour résister aux deux autres. RECIPROCATE devrait enregistrer son premier album pour une éventuelle parution à l’automne prochain, en attendant on peut tenter de se consoler avec une démo sans titre publiée en cassette par Krims Kramz.

(Chateaucreux a assuré le début de la soirée et ce concert était organisé par l’Amicale des Souffreteux Vertébrés et sponsorisé par Grrrnd Zero hors les murs – on peut voir beaucoup plus de photos plus ou moins réussies par ici)