Conseil d'utilisation : ceci n'est qu'un blog. Mais sa présentation et sa mise en page sont conçues pour qu'il soit consulté sur un écran de taille raisonnablement grande et non pas sur celui d'un ego-téléphone pendant un trajet dans les transports en commun ou une pause aux chiottes. Le plus important restant évidemment d'écouter de la musique. CONTACT, etc. en écrivant à hazam@riseup.net

mardi 31 janvier 2023

La fin.

 



Cela fait quelques semaines (mois…) que je me retrouve à la peine alors j’ai décidé de ne pas insister : INSTANT BULLSHIT c’est donc terminé. Jusqu’à la prochaine fois et que l’envie me démange à nouveau, peut-être, de remettre des mots, de balancer quelques vacheries, de faire preuve d’une mauvaise foi et d’une subjectivité totales ou au contraire de déclarer ma flamme pour un disque, un groupe, un·e musicien·ne, une musique. Il n’y a rien à dire de plus.

Par contre je vais continuer à faire des photos de concerts ou autres, de temps en temps, selon mes envies. Pour regarder mes photos de concerts c’est donc par là. Et pour toutes les photos de rue, de gens, de chats, de nature, de choses ou de rien c’est par ici


lundi 30 janvier 2023

[chronique express] Wailin Storms : The Silver Snake Unfolds

 



The Silver Snake Unfolds (And Swallows The Black Night Whole) est le quatrième album des WAILIN STORMS mais c’est le premier qui ne m’a pas immédiatement emporté avec lui ni ne m’a incité à sauter à pieds joints et sans condition au milieu d’une mare profonde de pensées sombres et tumultueuses. Lassitude de ma part ? Peut-être… le groupe, toujours aussi soudé autour du guitariste et chanteur Justin Storms, n’a jamais disposé non plus d’une marge de manœuvre considérable : son mélange de rock incandescent et de swamp gothique pourrait avoir tendance à se répéter. Et puis, donner un successeur à un album aussi réussi que Rattle (2020) a du se révéler difficile, surtout lorsqu’on a été prisonnier d’un monde aux prises avec une crise sanitaire et économique aux répercussions dont toutes les conséquences humaines n’ont toujours pas été complètement mesurées. The Silver Snake Unfolds n’a pourtant rien de radicalement différent. Noir c’est noir et puis c’est tout. Mais les Wailin Storms se sont employés à accentuer leur côté lyrique, le chant devenant de plus en plus maniéré et démonstratif, la musique multipliant les chevauchées, s’engouffrant dans les brèches toujours plus larges d’une théâtralité puissamment envahissante. Si on préfère le côté davantage punk du groupe – l’album Sick City de 2017 – il y aura de quoi être un peu décontenancé par un enregistrement dont le désir de beauté sulfureuse prend le pas sur tout le reste. Pour ma part, après bien des écoutes et quelques soupirs, j’ai fini par accepter cet exutoire flamboyant et passionné : j’aime toujours les Wailin Storms mais disons que The Silver Snake Unfolds est leur album que j’aime le moins.

dimanche 29 janvier 2023

[chronique express] Krause : The Art Of Fatigue



 


Originaire d’Athènes et découvert grâce au label Riot Season qui avait eu la très bonne idée de publier ses tout premiers enregistrements, KRAUSE est un groupe qui n’a jamais fait dans la dentelle et le raffinement. Une nouvelle maison de disque, donc, depuis 2022 avec Venerate Industries, un single pétaradant en février dernier et maintenant The Art Of Fatigue, un troisième album porteur de peu de changement : chez Krause on aime le noise-rock à la fois véloce et épais, gras et alerte, bruyant et mélodique, lourd et tourbillonnant, nervuré et palpitant. Une musique coincée dans un sandwich grec entre les inévitables Unsane et les géniaux Hammerhead. Ouais, toujours les mêmes. Sauf que Krause est un groupe encore jeune et débordant de sève, très convaincant malgré son manque d’originalité et il fait preuve d’une fougue comme d’une violence implacables. On relèvera uniquement quelques traces fantaisistes au niveau de cette pochette tout aussi colorée et psyché-déviante que d’habitude ou des titres des onze compositions, loufoques voire sibyllins (parmi tant d’autres : Ceremonial Aspects of Everyday Bloodbaths ou The Things I Love Affront Me With The Effort It Takes To Love Them – j’en rigole encore). Autant d’absurdité dans un écrin noise aussi parfait que traditionnaliste, autant de fureur pour s’exprimer, autant d’électricité pour faire le mal, je ne peux être que d’accord, à genoux mais pas fatigué.


vendredi 27 janvier 2023

[chronique express] Catorcio : self titled

 


L’une des bonnes surprises du moment nous vient d’Italie et plus précisément de Bologne : CATORCIO c’est quatre musiciens – chant, guitare, basse et batterie – qui mélangent avec bonheur et jubilation noise-rock et math-rock. Encore ? me diras-tu et là je te répondrai que l’on n’a pas affaire à une énième resucée de recettes usées jusqu’à la corde. Ce qui me parait essentiel dans la musique du groupe c’est qu’il ne se contente pas de jouer des trucs niqués et alambiqués mais qu’il passe une bonne partie de son temps à tout dégueulasser. La voix en est le meilleur exemple, bel organe rauque et grave qui glaviotte avec délectation ou susurre des postillons psychotiques. La basse virevolte mais elle fait aussi appel à ce bon gros son boueux, essentiel à tout groupe de noise qui se respecte. La guitare aime racler là où ça fait mal et nous enfoncer des clous entre les cervicales. La batterie réussit à être à la fois massive et inattendue. Maintenant, faisons un peu de géométrie : tu traces un triangle équilatéral et à chacun de ses sommets tu places (dans l’ordre que tu veux) Hoaries, Killdozer et The Conformists. Puis tu traces trois droites reliant de façon perpendiculaire chaque sommet avec son côté opposé. Tu remarqueras qu’elles se croisent en un seul et unique point, au milieu de triangle : c’est précisément là où se situe Catorcio, percheron roublard, bordélique mais extrêmement sympathique, toujours en train d’essayer de courir à reculons lorsqu’il ne rue pas dans les brancards pour nous fracasser le crane.


mercredi 25 janvier 2023

Still/Form : From The Rot Is A Gift

 



Il y a plus d’un parti pris dans la musique de STILL/FORM mais celui qui pourrait déranger le plus, au risque peut-être de faire fuir certaines personnes pourtant pleines de bonne volonté, c’est celui du chant. Un chant curieusement rauque ou plutôt enroué et presque en retrait, trainant, rugueux à rebours, jamais excessif, se gardant bien de toute braillardise, de tout débordement, de tout épanchement de testostérone. Un chant s’empêchant volontairement de crier à s’en faire péter les amygdales ou le cortex cérébral et qui fait pour beaucoup dans l’originalité d’une formation que, sinon, on rangerait sans discussion possible dans la catégorie des groupes de noise-rock bon teint. Mais ici le teint est blafard : Still/Form et en particulier son guitariste/chanteur Robert Comitz – ex-Marriage + Cancer, que je n’ai jamais écouté* – aiment brouiller les pistes. Faire du bruit avec des guitares, ça d’accord. Blinder ses parties rythmiques, pareil. Composer des brûlots éventuellement alambiqués ou torturés, également. Mais il y a autre chose, donc.
Une fois que l’on a accepté ce chant, une fois qu’on appris à l’aimer, on ne peut plus s’en passer et tout coule de source – il devient impossible de résister aux fulgurances cérusées de From The Rot Is A Gift.
Still/Form y déploie un talent incomparable, provoquant brulures persistantes et contusions, se montrant intraitable sans en avoir l’air, solide comme un rock et aiguisé, dans une veine noise-rock alambiqué juste ce qu’il faut, héritier d’une violence torturée, chargé d’un malaise certain, d’une tension toujours palpable et sans rémission possible. Il y aurait presque – j’ai dit presque – du Dazzling Killmen là dedans, dans ce mode opératoire consistant à faire grimper la température et accélérer la machine à tourments mais, c’est toute la différence et elle est de taille, se gardant de toute explosion finale et définitive. Pas de hara-kiri émotionnel et destructeur. Tout est dans cette rétention quasi prophylactique incarnée par le chant de Comitz, un chant qui n’a rien non plus de plaintif bien que visiblement désespéré, lugubre à force de mystère, étrangement magnétique.
Une autre caractéristique de la musique de
Still/Form, c’est la guitare de ce même Robert Comitz qui peut prendre des chemins particulièrement inattendus. Sur Dead Check et plus encore sur Pigs End (mais il y a d’autres exemples) on peut légitimement se demander quels genres de pédales d’effet le musicien utilise pour faire sonner son instrument comme… une guitar-synth ? un four à micro-ondes couplé à un couteau à viande électrique ? Un truc pas spécialement recommandable en fait, quelque chose de non seulement déroutant mais que dans un tout autre contexte – i.e. un style de musique différent et basé, au hasard, sur l’enfilage à rallonges de perles progressives – on aurait volontiers rejeté en bloc. Mais, cette fois encore, cela fonctionne, parce que le résultat en devient plus interpellant que déstabilisant. Et malgré tout dangereux. From The Rot Is A Gift ressemble souvent à ces serpents du désert qui s’enfouissent volontairement sous le sable, ne laissant dépasser qu’un petit bout de tête et leurs crocs chargés de venin, attendant que quelqu’un leur marche malencontreusement dessus pour le mordre. L’un des disques les plus étonnants et les plus originaux de l’année 2022.

[
From The Rot Is A Gift est publié en vinyle et en CD par Hex records]

* maintenant c’est fait


lundi 23 janvier 2023

Soleil Rouge + Llamame La Muerte + Scimmia @Bar des Capucins [19/01/2023]

 



Une belle soirée du début à la fin : la cave du bar des Capucins noire de gens malgré l’absence de transports en commun – c’était jour de grève contre la réforme des retraites, personnellement je préférerais l’abolition du travail, du salariat et la fin de la marchandisation de la planète – et des concerts de Soleil Rouge pour qui c’était une première, en forme de kraut-psyché improvisé (et bien chouette), Llamame La Muerte au sommet puis Scimmia en très grande forme. Une organisation signée Le Cerbère de la Porte qui ce jour là était plutôt sympa puisqu’il a fait rentrer tout le monde.










































































































































vendredi 20 janvier 2023

[chronique express] Birds In Row : Gris Klein

 


Champions du hardcore punk emophile Made in France, les BIRDS IN ROW nous reviennent avec un troisième album au gros son, un nouveau label (celui des gars de Cult Of Luna), un nouveau batteur et, nous disent-ils, toujours la même envie d’en découdre et une volonté d’authenticité dure comme fer. Le précédent LP We Already Lost The World m’avait rapidement lassé mais je suis aussi du genre têtu, donc je retente le coup... Ma méfiance pour les introspectifs de la musique qui brandissent des petits drapeaux, coupent les cheveux en quatre, pleurent sur le monde et surtout sur eux-mêmes, transforment leurs chansons en leçons de vie ou, encore pire, en élucubrations faussement sociétales à portée existentielle (et inversement) ne fait que grandir. Je préfèrerai toujours la crasse, la méchanceté, la mauvaise foi, le cynisme et l’autodestruction. Mais pas l’auto-apitoiement, trop évident. Je ne suis aucunement empathique, je ne veux pas faire semblant d’être bienveillant et en écoutant Gris Klein j’ai enfin compris que ce qui me dérangeait le plus, c’est le côté gnan-gnan. Je ne parle pas des trois membres du groupe puisque je ne les connais pas mais du caractère confortable et installé de leur musique, la révolte et la douleur comme il faut, toutes blanches, à l’usage des consommateurs d’un hardcore exemplaire. J’avais aimé les tout débuts des Birds In Row mais peut-être étais-je aveuglé par le côté plus brut et plus salissant de leur musique. C’est donc ici que nos chemins se séparent, définitivement.


jeudi 19 janvier 2023

Extra Life : Secular Works vol. 2

 


En novembre 2012 Charlie Looker annonçait la séparation d’EXTRA LIFE en expliquant que la créativité du groupe dont il était le leader incontesté se tarissait et qu’il ne pourrait jamais faire mieux que tout ce qu’il avait entrepris jusque là. Les fanatiques d’Extra Life se sont roulés par terre avec un sentiment de détresse insondable et ont pleuré toutes les larmes amères de leurs corps – ses détracteurs se sont contentés de ricaner – mais on ne pouvait que saluer la décision et le courage d’un musicien suffisamment lucide et honnête avec lui-même pour mettre fin à une aventure qu’il avait su mener loin, très loin.
L’affaire semblait définitivement pliée mais était aussi un peu triste, c’est vrai. Suite au split d’Extra Life, Charlie Looker a multiplié les projets (le très poppy-médiéval Seaven Teares en compagnie de la chanteuse Amirtha Kidambi, le pseudo métallique et lourdingue Palsm Zero ou en solo) pourtant aucun des disques qu’il a enregistrés pendant cette période n’a été réellement à la hauteur ni a réussi à faire un peu oublier qu’envers et contre tout, Extra Life manquait vraiment… Et dix années plus tard, le bilan du groupe est toujours aussi éloquent : trois albums studio, quelques EP et surtout des souvenirs mémorables de concerts passionnants si ce n’est incandescents* – n’était-ce finalement pas suffisant pour, malgré tout, continuer d’entretenir la passion ?







Apparemment non : en juillet 2022, Charlie Looker a procclamé la réactivation d’Extra Life et l’ambivalence a immédiatement pointé le bout de son nez, entre la joie de voir réapparaitre un groupe chéri et l’inquiétude de ce que cette remise sur pieds – on n’ose pas parler franchement de reformation bien que cela en soit une – allait pouvoir donner : si la musique de Charlie Looker s’était montrée si décevante ces dix dernières années, si sa créativité était réellement en berne, est ce que relancer son projet fétiche allait y changer quelque chose ? La nouvelle formation d’Extra Life a les mêmes caractéristiques que celle qui avait enregistré Secular Work pendant l’été 2007 (guitare, basse, batterie, violon et voix) mais les musiciens ont changé. Et de la dernière incarnation du groupe, celle de l’album Dream Seeds en 2012, seul le violoniste Caley Monahon-Ward est encore présent, Toby Driver de Kayot Dot s’occupant désormais de la basse et Gil Chevigné de la batterie**. La pochette signée Zev Deans est elle très explicite, entre inspiration moyenâgeuse, brutalité esthétique et poésie sanglante, parfait reflet de ce que peut être la musique d’Extra Life. Une illustration réaffirmant et soulignant surtout, peut-on penser, les intentions de Looker au sujet de Secular Works vol.2, loin des pochettes arty et mystérieusement décalées auxquelles son groupe nous avait habitués dans le passé.
Secular Works était l’album le plus musclé d’Extra Life et l’on s’en souvient encore, rien que pour certaines de ses parties rythmiques que n’auraient pas renié les Swans. Secular Works vol. 2 se veut plus virulent et plus compact mais sonne surtout grandiloquent et nettement moins affiné. La distinction et l’élégance – la noblesse, pourrait-on dire – sont ce qui a toujours préservé le groupe des méfaits du maniérisme. Un talent incroyable pour appuyer les circonvolutions d’une musique paradoxalement aussi haute en couleurs que subtile (y compris le chant si particulier de Charlie Looker, que l’on pourrait résumer à celui d’un Morrissey en crinoline vocalisant sur des Motets composés par Guillaume De Machaut). Hélas, Secular Works vol. 2 ne possède pas grand-chose de ces qualités et ce que l’on retient surtout de ses cinquante minutes c’est trop de théâtralité et une préciosité qui confinent au ridicule. Exactement les critiques que j’entendais au sujet d’Extra Life il y a plus d’une dizaine d’années mais qu’à l’époque je refusais en bloc, vent debout.
Aujourd’hui je ne peux que constater et admettre
le fossé sans cesse grandissant entre l’intention initiale de beauté à l’œuvre sur Secular Works vol. 2 et le résultat obtenu, lyrique mais sans émotions, sans mystère là aussi, dense mais étouffant, sorte de monstre de Frankenstein musical mal rapiécé et réassemblé à partir de recettes qui ne fonctionnent pas, ne fonctionnent plus. C’est regrettable à dire mais Extra Life dans sa version 2022/2023 ne ressemble qu’à une copie pâlichonne bien que souvent testostéronée de lui-même, la personnalité pourtant hors-normes du groupe se perdant dans une surenchère assez grossière et des arrangements qui n’hésitent plus à forcer sur le mauvais goût (il y a quelques rares exceptions tel que le très léger We Are Not The Same).
Je ne sépare jamais l’homme de l’artiste – du musicien – et je ne saurais douter de la sincérité de Charlie Looker. Oui je ne doute pas qu’il a pensé bien faire, qu’il pense avoir eu raison et j’irai même jusqu’à dire qu’il a été dans le vrai en reformant Extra Life, s’il l’a d’abord fait pour lui-même et parce qu’il en avait besoin. Mais je ne crois pas une seule seconde ni ne suis touché par Secular Works vol.2… Extra Life a toujours été un groupe unique, parce qu’inimitable et surtout un groupe un groupe très clivant : il y a les personnes qui adorent, celles qui détestent et rien entre les deux. De ce point de vue là au moins, on ne dira pas que les choses ont beaucoup évolué.

[Secular Works vol.2 est publié en double vinyle et en CD par Last Things, le propre label de Charlie Looker]

* pour celles et ceux qui veulent voir ou revoir Extra Life en concert, le groupe tourne en Europe en ce mois de janvier
** Nate Wooley à la trompette et Michael Atkinson au cor participent au disque en tant qu’invités

 

 

mardi 17 janvier 2023

Nanorisk Akatsuki + Civilian Thrower + Pulmonary Fibrosis @Grrrnd Zero [13/01/2023]

 



En guise de préambule au dixième anniversaire du Bruitisme – auquel je n’ai malheureusement pas assisté – un concert de chaispasquoi, de gore et de grind avec le computerisé Nanorisk Akatsuki, les über dégueulasses Pulmonary Fibrosis (malgré quelques problèmes techniques) et surtout, comme pris dans un sandwich avarié, les CIVILIAN THROWER, aussi rapides, sales et méchants qu’on pouvait l’espérer. Leur passage à Grrrnd Zero constituait la dernière date d’une tournée triomphale mais épuisante des stations balnéaires méditerranéennes.