Into This Juvenile Apocalypse Our Golden Blood To Pour Let Us Never
constitue la troisième collaboration entre KEIJI
HAINO et SUMAC et il n’y aura
aucun suspens : il s’agit aussi de la meilleure. Aaron Turner raconte
volontiers que lorsque les deux entités se sont rencontrées en 2017, c’était une demi-heure à peine avant que ne soit enregistré leur
premier album en commun. Mais il semblerait que pour Into This Juvenile Apocalypse […] les choses se soient passées un
peu différemment. Déjà, les quatre musiciens en présence ont appris depuis
quelques années à se connaitre et pas seulement au niveau musical, puisque
(là aussi c’est eux qui en parlent) ayant partagé des moments de convivialité et d’amitié en dehors des studios et
des scènes de concert. Il a été dit également que Keiji Haino, préalablement à
ce nouvel enregistrement, a inopinément provoqué une sorte de
réunion, demandant aux autres ce qu’ils envisageaient de faire et donnant
lui-même quelques pistes. Evidemment c’était un piège : le musicien et
grand maitre japonais (« Haino-san ») a fait le contraire de ce qu’il
avait avancé, relançant ainsi le processus créatif d’une association plus que
jamais prolixe et éclairée. Ce processus de création improvisée cher à Keiji
Haino répond à une double exigence, celle d’aller de l’avant, de jouer, jouer,
jouer… et celle de provoquer des ruptures avec le dit processus, générant
chocs, accidents, mystères et – résultat espéré – surgissements de
grâce. Des mystères, cet album en contient plus que jamais, tout comme il
regorge d’espaces de pure magie, les quatre musiciens se rejoignant dans la
célébration païenne d’un blues reconstruit et bruitiste traversé d’incantations
folles lancées par des fantômes lumineux et magnifiques. Un très grand disque,
définitivement.