BLKLSTRS ? Oui, Blacklisters : il
aura fallu attendre un peu plus de deux années pour que les Anglais sortent
enfin de leur silence et fassent à nouveau parler d’eux… et deux ans c’est
beaucoup trop long ! Le nouvel EP du groupe s’intitule Leisure Center, un titre prometteur et particulièrement sarcastique pour un
enregistrement jamais avare en grosses déflagrations. Attention.
Quatre titres seulement, une publication uniquement au format cassette (encore
cette putain de crise ?) chez Exploding In Sound records mais
douze minutes gavées de noise-rock roublard et épais. De l’étourdissement bien
gras et visqueux avec une nette tendance aux rythmes ralentis et appuyés. Si on
peut encore penser aux Jesus Lizard et autres Pissed Jeans, on trouvera malgré
tout que les quatre Blacklisters
tirent de mieux en mieux leur épingle du jeu question originalité et qu’ils ne
doivent finalement plus grand-chose à personne. Le poisseux leur va si bien. Ainsi
le morceau titre qui ouvre le bal se montre particulièrement corrosif et
grinçant mais dommage que mon niveau d’Anglais Langue Vivante 1 acquis au
milieu des années 80 ne me permette pas de comprendre toute la subtilité acide
des paroles du braillard éclairé Billy Mason-Wood. Lequel se paie aussi de luxe
de nous surprendre sur un The Wrong Way
Home avec ce chant tellement gouailleur qu’il en devient drolatique.
Pourtant la principale singularité de Leisure
Center réside dans la présence d’un saxophone perturbateur sur la moitié
des compositions. Parfois facétieux (la toute fin de Why Deny ?, une véritable pépite), souvent free et même
bruyant, Rob Mitchell – un musicien au pedigree totalement inconnu des services
d’Instant Bullshit – donne un sacré coup de fouet à la musique de Blacklisters. En bon adorateur éternellement
à genoux de Fun House, voilà une caractéristique
qui ne pouvait que me convaincre et me plaire.
Pour le reste, on reste évidemment en terrain connu mais on saluera
l’excellence traditionnaliste d’un groupe qui connait les règles d’or du
noise-rock sur le bout des doigts : guitare acérée coupante et lignes de
basse aussi imposantes que possible, etc. Rappelons d’ailleurs que le poste de
bassiste est toujours occupé par Steven Hodson, par ailleurs chanteur et
guitariste de USA Nails, qui en plus s’est occupé du mix de Leisure Center. Bien lui en a pris et
en espérant que ces quatre titres soient surtout les prémices d’un véritable
quatrième album.