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mardi 31 janvier 2023

La fin.

 



Cela fait quelques semaines (mois…) que je me retrouve à la peine alors j’ai décidé de ne pas insister : INSTANT BULLSHIT c’est donc terminé. Jusqu’à la prochaine fois et que l’envie me démange à nouveau, peut-être, de remettre des mots, de balancer quelques vacheries, de faire preuve d’une mauvaise foi et d’une subjectivité totales ou au contraire de déclarer ma flamme pour un disque, un groupe, un·e musicien·ne, une musique. Il n’y a rien à dire de plus.

Par contre je vais continuer à faire des photos de concerts ou autres, de temps en temps, selon mes envies. Pour regarder mes photos de concerts c’est donc par là. Et pour toutes les photos de rue, de gens, de chats, de nature, de choses ou de rien c’est par ici


lundi 26 décembre 2022

City Of Caterpillar : Mystic Sisters

 

Voilà un disque qu’en temps normal j’aurais allégrement boudé ou dont je me serais copieusement moqué : les CITY OF CATERPILLAR qui se reforment et qui publient, vingt années après leur tout premier, un deuxième album. Grosse incrédulité mélangeant confusément nausée spatio-temporelle, ironie du c’était mieux avant et agacement suprême. Pourquoi pas, tant qu’on y est, une énième reformation d’Unsane avec une nouvelle section rythmique pour reprendre les premiers enregistrements du groupe, période 1989/1991 avec originellement Charlie Ondras à la batterie (mort en 1991) et Pete Shore à la basse (démissionnaire en 1994) ? Ah, Chris Spencer a déjà eu cette brillante idée. Ou alors, que dire d’une reformation d’Unwound vingt ans après leur dernier concert et alors que le bassiste Vern Rumsey, qui a semble-t-il toujours été opposé au projet, est mort en 2020 ? Apparemment, c’est déjà prévu.
Les exemples de résurrection se multiplient et tant que cela ne concernait que des groupes ou musiciens de variétés, de hard rock, de britpop ou de zouk je m’en foutais complètement. Mais la course à la reformation est également devenue un sport légal et apprécié chez les punks et les noiseux, dans les milieux indépendants et même D.I.Y. Et le public qui accourt avec d’un côté les plus jeunes qui veulent malgré tout savoir et les plus vieux qui souhaitent se rafraichir la mémoire et peut-être rajeunir (les cons). Donc, d’ordinaire, je fuis. Bien que je dois reconnaitre que certaines récentes reformations ont porté leurs fruits : Distorted Pony a enchanté les foules lors de sa tournée européenne de 2018, Cherubs a publié un excellent mini album en 2021 et, en 2022, le concert de Come auquel j’ai pu assister était presque merveilleux (et bien meilleur que celui de 1998).







Dans le Panthéon des groupes post hardcore émophile City Of Caterpillar tient une place à part. Trois années d’existence seulement, quelques singles (dont un split avec les géniaux Pg.99 qui auraient eu l’idée de remettre ça, eux aussi) et un unique album, en 2002, sur Level Plane, l’un des labels les plus actifs et les plus en vue entre la fin du précédent millénaire et le début de celui-ci en matière de screamo, emo, musiques affiliées et encore plus si affinités. Il me fallait absolument réécouter City Of Caterpillar, ce que je n’avais pas fait depuis une bonne douzaine d’années. Et le fait est que ce premier album, s’il est daté stylistiquement et formellement, a quand même plutôt bien vieilli. Il a les défauts comme les qualités de son âge et reste le digne représentant d’une époque révolue.
Après un 12’ publié en 2017 avec le même line-up qu’en 2002 – ça c’est déjà un petit exploit – et comprenant deux nouveaux titres plutôt convaincants (en tous les cas absolument pas déshonorants), City Of Caterpillar a donc remis ça avec Mystic Sisters*. Sept compositions sophistiquées ce qu’il faut, toujours dans la même veine entre gris-clair et gris-foncé, entre hardcore intello mais pas trop et emo pour le dire. L’impression d’écouter un disque qui aurait très bien pu être composé et enregistré dans la foulée de City Of Caterpillar est extrêmement troublante. Avec toujours des passages atmosphériques (post rock ?) alternés avec des salves hardcore malgré tout très contenues (et moins sujettes aux braillardises).
On se dit que le groupe n’a pas plus vieilli que sa musique, que si on aimait avant, on aimera après, sauf si on a radicalement changé de goûts musicaux. Et que peut-être que cette musique là était dès le départ faite pour rester inamovible. Conservatrice et traditionnaliste malgré ses accès de questionnement existentiel. Pas trop dérangeante et donc éternellement adolescente, tendance petits révoltés middle class épargnés par la vie. Le cœur en bandoulière, la larme a l’œil, des hirondelles à fleurs tatouées sur les clavicules. Des vieux posters sur le mur d’une chambre. Un sentiment assez similaire à celui que l’on ressent lorsque on revoit pour la première fois un film que l’on avait adoré et qui nous avait tellement « appris » sur le monde et l’existence, alors qu’il n’était souvent que boursoufflage littéraire et maniérisme visuel prétentieux (exemple : Der Himmel über Berlin de Wim Wenders, 1987). Quoi d’autre ? Rien, en fait. Je ne peux tout simplement pas médire et détester ce disque bien que, fondamentalement, il serve à rien d’autre que remuer la machine à nostalgie et – plus important et signifiant – permettre aux membres de City Of Caterpillar de se faire plaisir.

* publié chez Relapse records

dimanche 25 décembre 2022

Comme à la radio : Maria Bertel & Nina Garcia (et les Instants Chavirés)

 



Haut lieu de création musicale et de concert, les INSTANTS CHAVIRÉS accueillent depuis 1991 (!) des musiciennes et musiciens d’horizons très divers mais toujours avec la même volonté d’exigence et d’expérimentation : on a pu et on peut toujours y écouter de la musique improvisée, de la musique électroacoustique, noise, électronique, de la musique contemporaine, du rock déviant et décalé, sans oublier des performances, de la dance, des arts visuels…

En proposant sous le nom de Montreuil Live Series, en streaming et à prix réduit quelques uns des concerts enregistrés entre leurs murs, les Instants Chavirés poursuivent leur œuvre de découverte et de défense de tous ces autrements. C’est aussi un moyen, pour nous amoureuses et amoureux de musique(s), de faire un geste et de soutenir une salle et des pratiques musicales constamment mises en danger par le mépris ou le silence parfois condescendant auxquels elles doivent faire face – c’est le fameux faux débat entre « culture populaire » et « élitisme » et du côté de Montreuil comme de Lyon et de sa région, on en sait quelque chose.







J’ai choisi de mettre en avant un concert du duo Maria Bertel / Nina Garcia parce que je garde un souvenir très fort de leur passage au Périscope en janvier 2020 mais il y a de quoi faire : pour l’instant les Instants Chavirés proposent une dizaine d’enregistrements en ligne parmi lesquels on notera France Sauvage, Antoine Chessex, Lionel Fernandez & Jérôme Noetinger, Apui Uiz ou Vomir, etc. Que du beau monde et quelques très bonnes surprises au rendez-vous.

ps : les Instants Chavirés ont également annoncé qu’un nouvel enregistrement live sera mis en ligne tous les mois… on se régale d’avance


samedi 17 décembre 2022

Comme à la radio : Under 45

 



Revoilà enfin UNDER 45 avec un nouvel EP dont l’ironie du titre et de l'artwork n’aura échappé à personne : The Cost Of Living.

Uniquement publié en cassette et donc chopable à un prix plus que raisonnable, on peut y découvrir des versions demo des mega hits Daywork et, surtout, 2022 (avec ses zigouigouis synthétiques acidulés, ses chœurs de mauvais garçons, etc). Deux titres qui devraient figurer sur le prochain album du trio. Suit une excellente reprise du I Am The Fly de Wire – tiré de Chairs Missing, le deuxième LP des Anglais – et en tant que grand fan de la bande à Colin Newman et Graham Lewis je peux affirmer qu’il s’agit là d’un excellent choix et d’une très bonne interprétation de la part d’Under 45.







On remarquera également des remix savoureux de deux titres de Cancelled ainsi qu’un dernier inédit, Yrself, plus spoken words que chanson, domaine dans lequel Jake Burton, chanteur et initiateur d’Under 45, excelle tout particulièrement – il est ici épaulé par une guitare en mode petits cailloux blancs et autres bruits d’origine indéterminée. The Cost Of Living bénéficie en outre d’une présentation impeccable : joli livret avec photo en concert signée Déborah Kira et même les paroles des chansons (très important).

Et pour celles et ceux qui se poseraient la question : oui la boite à rythmes est toujours centrale dans le post-punk robotique et dansant d’Under 45. Elle est mixée aux avant-postes, minimale et rectiligne, support intraitable d’une guitare aiguisée qui accroche bien et d’une basse aux lignes larges et efficaces.
Pour la petite histoire, cette boite-à-rythmes qui s’appelait Suspicious Steve (?) sur le premier 12’ été renommée Dale Dixon pour The Cost Of Living. « Dale Dixon » n’est pas n’importe quel pseudo : Greg Ginn s’en était servi pour enregistrer lui-même la basse sur l’album My War de Black Flag en 1984 et parait-il que quelques années plus tard Brian Baker l’avait également utilisé pour un album de Dag Nasty qui venait alors de se reformer (Baker aurait agi ainsi pour des questions contractuelles et de droits d’exclusivité…).

mercredi 2 novembre 2022

Sloy : Plug / Live Electric

 

Il y aurait tellement de façons d’aborder cette double chronique de disque que je ne sais pas par où commencer. Donc je ne vais pas vraiment choisir et simplement suivre l’ordre chronologique de mes souvenirs lointains. Mais pour lire ce qui va suivre il convient de savoir et de garder à l’esprit que je n’ai jamais été non plus un très grand fan de SLOY.







La première fois que j’ai entendu parler de Sloy c’était en 1994 et à Radio Canut où j’animais une émission et nous venions de recevoir Fuse, un mini CD de quatre titres édité par Rosebud records. J’ai passé plusieurs fois You Cry dans mon émission au milieu de tout un tas d’autres choses – depuis quelques années la scène commençait sérieusement à bouillonner, des groupes (trop rarement des musiciennes) tous plus intéressants les uns que les autres surgissaient de tous les recoins de ce pays.
Quelques mois plus tard Shellac est venu donner son premier concert à Lyon (c’était au CCO de Villeurbanne), les Américains n’avaient publié qu’une paire de singles et l’album At Action Park – musicalement ils n’auront peut-être jamais fait aussi bien. Sur scène, Steve Albini, Bob Weston et Todd Trainer portaient tous un t-shirt reprenant le visuel de Fuse. Il était déjà de notoriété publique que Sloy allait enregistrer son premier album avec Albini mais là c’était carrément de l’adoubement, surtout lorsque Weston, au lieu de nous raconter une de ses fameuses blagues volontairement débiles – ce qu’il a quand même fait à d’autres moments – s’est mis à parler de Sloy entre deux morceaux de Shellac. A partir de là les comparaisons sont allées bon train alors que je ne vois que très peu de rapports entre les deux groupes, pas plus que je n’en vois entre Sloy et Jesus Lizard, autre comparaison très hasardeuse mais courante, mis à part le nom des premiers écrit en quatre lettres (four letter word c’est-à-dire « gros mot » en français) comme les titres des albums de Jesus Lizard, toujours en quatre lettres eux aussi.
Plug a donc été enregistré en février 1995 au studio Black Box de Iain Burgess avec Albini aux manettes et Peter Deimel comme technicien. Une fine équipe et un son très typique : rachitique et sec mais en même temps très efficace, qui claque et convenant parfaitement aux compositions de Sloy, raclées jusqu’à l’os, drivées par des lignes de basse aussi grosses qu’élastiques et dominées par un chant hoquetant et une guitare aride. Dans le genre noisy et pop à la fois c’était parfait. Plug a été publié au Printemps 1995 chez Roadrunner et j’ai toujours ma copie comprenant un LP et un 7’. Un bon petit disque, avec quelques compositions qui se détachent réellement du lot – une nouvelle version de You Cry, First Animal en guise d’étendard ou Old Faces. Mon préféré reste Exactly qui est le titre le plus lent du disque et celui qui dégage le plus de tension et même un certain malaise, de la noirceur… La réédition de Plug tout juste publiée par Nineteen Something présente l’intégralité de l’album d’origine, plus pour l’édition CD le EP Fuse et enfin Chocolat Sperm qui figurait en face B du 7’ Pop – une nouvelle version de Chocolat Sperm, vraiment une composition excellente, sera incluse sur Planet Of Tubes, le deuxième album de Sloy publié en 1996.







Et puis j’ai enfin vu Sloy en concert, toujours à l’époque de Plug et là aussi au CCO. D’abord très impressionné par l’allant du groupe, cette énergie qu’il tentait à tout prix de faire passer. La bassiste tenait tout le reste du groupe. On ne voyait presque jamais son visage, toujours caché par des cheveux très longs qui semblaient toucher terre parce qu’elle jouait penchée très en avant, tenant son instrument vraiment bas, sauf lorsqu’elle relevait brusquement la tête et le torse, projetant sa chevelure à la verticale en se réappropriant malicieusement le headbanging des métalleux. Elle formait une super rythmique avec le batteur, même si celui-ci avait tendance à trop lever les bras alors que ce n’était pas forcément nécessaire à l’efficacité de son jeu.
Le guitariste/chanteur est celui qui en rajoutait le plus. Et beaucoup trop à mon goût (à un moment du concert il se retrouvait immanquablement à quatre pattes pour mettre la tête dans la grosse caisse) mais cela fonctionnait auprès du public qui voulait du spectacle électrique. Ce jour là j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour de la question, même si je suis retourné voir Sloy en concert d’autres fois, ressentant à nouveau la même chose – ce qui, finalement, fait un véritable point commun entre le trio et Shellac qui depuis des années nous ressort les mêmes gimmicks ou presque et fait partie des groupes qu’il ne faut pas voir trop souvent sur scène, au risque de s’en lasser sérieusement. Il y a des groupes, Sloy comme Shellac et tant d’autres, qui se contentent d’être des petits malins.
L’écoute d’Electric Live 95 - 99 publié en même temps que la réédition de Plug par Nineteen Something confirme que, malgré tout, Sloy est plus une formation de concert que de studio. Et ceci vaut pour les trois albums. Sur Electric Live 95 - 99 quatre titres sont issus de Plug, trois de Planet Of Tubes et trois de Electrelite (1998). Ce dernier est à part : alors que les deux premiers sont assez semblables, Electrelite a été enregistré par le groupe et dans son propre studio, qu’il avait lui-même construit. On y découvre une musique bien plus arrangée et dévoilant plus significativement ses influences (on peut citer Talking Heads et Devo dont Sloy avait pourtant déjà repris Jocko Homo que l’on retrouve sur le CD single Idolize, extrait de l’album Planet Of Tubes). On pourra reprocher à Electric Live 95 - 99 son manque de cohérence sonore – dix titres, six sources d’enregistrement différentes, ce qui en fait une sorte de best of en concert de Sloy – mais on ne pourra pas lui reprocher de résumer la musique du groupe de façon presque exhaustive, en tout cas panoramique. Et je ne dis pas cela parce qu’une très bonne version d’Exactly figure sur la face A du disque.
Reste que le cas de Sloy permet de poser cette question : on parle beaucoup désormais de la scène noise française des années 90, comme s’il pouvait s’agir d’un tout. Mais est-ce vraiment le cas ? La seule cohérence que je trouve aux groupes de cette époque – de Davy Jones Locker à Drive Blind en passant par Deity Guns/Bästard ou Prohibition, Hems et bien sûr Heliogabale c’est d’avoir marqué l’avènement de groupes enfin affranchis de la période précédente, mais sans doute nécessaire, marquée elle par l’alterno et la franchouillardise – à l’exception notoire de Garbage Collector et des Thugs, actifs dès le milieu des années 80 et visionnaires entre tous. Sloy n’est pas seul dans ce cas là mais le groupe fait partie de tous ceux auxquels on a enfin pu penser et que l’on a pu aimer sans se dire qu’ils avaient une cocarde tricolore tatouée sur la fesse gauche. Un très net progrès.


dimanche 23 octobre 2022

[chronique express] Enforced : Kill Grid

 



Tiens, cela fait un bon moment que je n’avais pas chroniqué un disque publié il y a plus d’un an, motherfuckers. Celui-ci date même de mars 2021 (ouch !) mais pourrait très bien provenir du milieu des 80's et avoir traversé toutes ces années déglinguo-débiles pour arriver jusqu’à nous : ENFORCED c’est du thrash très old school et Kill Grid, deuxième album du groupe natif de Richmond/Virginie, est doté d’un chant ultra dégueulasse et surtout puise directement son inspiration dans le riffage Slayer-ien, le tout joué avec un esprit et une qualité très hardcore mâtinés d’une dose sévère de crossover – nota : la pochette de certaines éditions d’At The Walls, premier album d’Enforced paru en juillet 2019, était déjà un rip-off du visuel impérialiste de la bande à Tom Araya. Et en ce dimanche matin tout aussi pourri que les autres, je n’ai donc rien trouvé de mieux que de headbanguer en pyjama et de torcher vite fait bien fait ces quelques lignes inutiles et redondantes au sujet de Kill Grid, un album d’autant plus jouissif et indispensable qu’il se révèle passéiste et rétrograde. Dernier détail mais qui a vraiment toute son importance, l’artwork de la pochette est signé Joe Petagno, ouais on parle bien du bonhomme responsable il y a plus de quarante ans du célébrissime logo de Motörhead. Kill and kill again.


dimanche 2 octobre 2022

Come : Peel Sessions

 

Difficile de croire que cette gazette internet s’apprête à causer de l’actualité d’un groupe qui n’existe plus depuis au moins une vingtaine années (séparé en 2001 je crois…), sauf si on excepte une tournée de reformation aux alentours de 2013 et la parution, toujours en 2013, d’un 7’ inédit comprenant deux reprises du Gun Club – un disque que je n’ai jamais écouté.
Nous vivons quand même une époque assez étrange où les maisons de disques – principalement les majors mais aussi quelques labels pseudo indés peu scrupuleux – rééditent à tour de bras leur back catalogue et en profitent pour vendre leurs vinyles de plus en plus chers alors qu’il n’y a pas si longtemps ce format était déclaré mort et enterré par ces mêmes maisons. Tout ça après des années passées à arnaquer le consommateur de musique en lui vendant des CD, aujourd’hui ringards et obsolètes mais plus pour très longtemps, et après avoir porté au pinacle le streaming, nouvelle vache à lait de l’industrie du divertissement musical de masse. Tant qu’il y a des profits, il y a de l’espoir, mais uniquement pour le capitalisme. 








Heureusement, au milieu de tout ce gaspillage de plastique et parmi les rééditions déjà mille fois rentabilisées par les producteurs, on trouve des disques qui possèdent un réel caractère d’archives et revêtent donc un réel intérêt artistique et même affectif. Les Peel Sessions de COME en font partie. Come était, rappelons-le, le groupe de la grande Thalia Zedek et de l’incomparable Chris Brokaw – sans oublier la section rythmique au départ composée de Sean O’Brian à la basse et Arthur Johnson à la batterie. Résultat : quatre albums ou mini album entre 1990 et 1998, plus une grosse poignée de singles et de EP. Et surtout, rien à jeter. Come fait partie de ces groupes culte et adorés par une faction de fans indécrottables.
L’édition par Fire records pour la première fois en vinyle des Peel Sessions enregistrées par Come en 1992 et 1993 est donc du pain béni. La première face propose un enregistrement datant d’avril 1992 avec quatre titres qui allaient figurer quelques mois plus tard sur le tout premier et déjà formidable LP Eleven:Eleven* – Dead Molly, Bell, William et enfin Off To One Side. La seconde face comporte deux titres de mon album préféré de Come, Don’t Ask, Don’t Tell** avec Wrong Side et surtout Mercury Falls, chef d’œuvre s’il en est. Sont également exhumés Sharon Vs Karen (un titre un peu rare que l’on connaissait déjà en version live) et City Of Fun, une reprise des Only Ones, chantée par Chris Brokaw, s’il vous plait. Enfin, cerise sur le gâteau, Clockface est un enregistrement en concert (1991) d’un titre complètement inédit à ce jour. Un cadeau malgré le son un peu aléatoire de l’enregistrement : même si composé de musicien·nes déjà expérimenté·es, Come était alors un groupe encore relativement récent et sa musique fait preuve d’une maitrise et d’une maturité assez hallucinantes. Tout Come est déjà contenu dans ces quelques cinq minutes tendues et sombres. Un vrai miracle en provenance du passé.

Mais ce n’est pas tout. Tu connais mon aversion et mes bougonnages au sujet des groupes qui se reforment vingt ou même parfois trente années après leur séparation et vendent de la nostalgie à un public de vieux et de vieilles qui veulent absolument les revoir ou à des plus jeunes qui ne les ont jamais vus, comme si cela démangeait les gens d’accrocher tel groupe ou tel·le musicien·ne à leur petit tableau de chasse perso, comme si cela flattait leur ego de consommateurs de biens culturels. Dans les deux cas je trouve cela absurde : soit tu as déjà vu ce groupe et donc pourquoi ne pas rester sur tes souvenirs ? soit tu ne l’as jamais vu parce que tu n’étais pas né·e ou juste trop jeune à l’époque et je me demande à quoi cela peut bien servir – n’y a-t-il pas suffisamment de bons groupes de maintenant à découvrir et à soutenir ? Et je trouve cela encore pire lorsqu’il ne reste presque plus de membres (et des fois qu’un seul) issus du line-up original. La volonté artistique et le plaisir de partager sa musique sont-ils toujours plus forts que les impératifs économiques ? Souvent, j’en doute.
C’est là où je veux en venir : Come a annoncé une tournée européenne pour l’automne 2022. Un vrai cas de conscience pour moi. Je crois que le groupe de Thalia Zedek et Chris Brokaw n’a joué qu’une seule fois par ici, en 1998 au Pezner, au lendemain d’un concert retentissant d’Oxbow et que sa venue était donc passée un peu trop inaperçue. Que faire ? Il n’y a que trois dates françaises sur cette tournée 2022 : Rennes, Paris et – pour une fois – Lyon, au Sonic le 4 octobre avec les locaux et excellents T-Shirt en première partie… Alors je vais faire une exception et surtout faire une croix sur mes principes de gardien du temple et aller voir et entendre ce groupe qui n’a plus rien à prouver depuis longtemps, que j’adore et qui représente tellement pour moi. Ça m’apprendra.

* réédité en 2013 par Matador records
** réédité lui en 2021 par Fire records




samedi 3 septembre 2022

Rotten Mind : Unflavored

 



C’est à peu près toujours la même histoire. Je trainais du côté des pentes de la Croix Rousse, rendez-vous de fin d’aprèm dans un bar pour le gouter, puis j’ai atterri quelques dizaine de mètres plus loin – qu’est ce que le monde est petit – dans un autre bar qui accueillait ce jour là un concert dont il se murmurait de partout dans les milieux autorisés qu’il était inratable. Le groupe qui jouait s’appelait ROTTEN MIND, des Suédois dont je n’avais encore jamais entendu la moindre note. Mais apparemment j’étais bien le seul dans ce cas là : pendant le concert l’ambiance était bouillonnante et je ne voyais autour de moi que des personnes reprenant en chœur toutes les paroles des chansons. A défaut de chanter moi aussi je me suis contenté de remuer mon petit popotin sur la musique du groupe. Une musique incisive et nerveuse, ne connaissant aucun temps mort, irrésistible. J’étais conquis et transpirant.
Dernier-né d’une série de cinq albums, Unflavored vient juste de paraitre chez Lövely records et est le premier enregistrement des Suédois que j’écoute pour de vrai. Une fois encaissé le son très efficace, les surlignages au synthétiseur et le chant tellement juvénile, on ne peut qu’admettre qu’Unflovered est le prototype réussi d’un disque de post punk actuel, à rapprocher de ceux des Berlinois de Pigeon (en plus gothoïde) ou même d’un Bleakness (en moins abrasif). Comme en live les tubes s’enchainent – une large moitié du disque peut largement y prétendre – et Rotten Mind collectionne les bons points et les images comme un élève premier de la classe. Trop de calibrage et pas assez de crasse me direz-vous ? Peut-être mais je m’en tape. Tout le monde a le droit de danser et de brailler comme un adolescent insouciant. Même moi.

 

lundi 29 août 2022

Schleu + Idiopathique + Private Enemy [26/08/2022]

 




Un lieu secret, une cave, beaucoup de monde, quelques potes pas vu·es depuis longtemps, seulement deux ampoules électriques sur « scène », de la lumière bétonnée et idéalement dégueulasse pour des photos qui granulent : Schleu en pleine forme et toujours aussi urticant, Idiopathique bien barré comme j'aime et un public déchainé sur le thrash crossover ultra bien foutu et top efficace de Private Enemy. Puis retour à la maison à quatre heures du matin après une heure de marche dans la ville surchauffée, tout se paie. Le reste des photos par ici.


































































































































vendredi 26 août 2022

Sihir + Cuntroaches + Sheik Anorak @Grrrnd Zero [19/08/2022]

 



Une soirée placée sous le signe du bruit et évidemment concoctée par les fondu·es de l’Hygiène Sonore avec au programme Sihir et Cuntroaches – deux groupes en provenance directe de Berlin – puis, en guise de contrepoint, Sheik Anorak pour un set plus hypnotique et plus répétitif qu’à l’accoutumée (et parfait pour une fin de concert en mode descente de canicule). Après trois semaines de break c’est tout ce qu’il me fallait pour m’inciter à ressortir de mon antre et renouer quelques liens sociaux avec des êtres vivants autres que des chats.