Ça, on peut dire que j’ai bien pris mon temps avec ce disque d’Eastwood et que j’ai même failli passer
à côté. Que le groupe allemand ait tellement galéré pour sortir son tout
premier album ne me servira pas d’excuse – je résume malgré tout : six
années de gestation et de composition parsemées de moult changements de line-up,
deux années pour l’enregistrement à divers endroits et à cheval sur deux pays
et, finalement, une première parution officielle à l’été 2021 – hier, quoi. On
comprend donc aisément la rage hallucinante qui magnifie le grindcore ultra
urgent d’un groupe totalement fou-furieux et dont l’efficacité carnassière a
été plus que renforcée par l’arrivée du batteur de Warfuck en tant que grand
pourvoyeur de blasts défragmenteurs. Mais comment fait-il ? Bref, Antibiose c’est vingt minutes de cauchemar moderne avec dix
sept titres ultra-courts et énervés, exception faite du tout dernier qui
culmine du haut de ses quatre minutes de noirceur obsessionnelle – un must ou
plutôt le coup de grâce. Le tout avec un chanteur-cascadeur qui ne tient pas en
place, une guitare-hachoir sans pitié et une rythmique à faire rêver les
spermatozoïdes dégénérés de Lars Ulrich. On rajoute quelques samples
introductifs (à un moment on reconnait Trump mais mon préféré reste celui-ci,
tellement vrai : « There’s nothing wrong with the planet, the planet
is fine. The people are fucked » et le tour est joué : Eastwood est l’un des tout meilleurs
groupes du genre qu’il m’ait été donné d’écouter depuis longtemps. Parole de
viok.