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vendredi 14 octobre 2022

Idiopathique : self tilted

 

Idiopathique ? Je pensais bêtement (sic) qu’il s’agissait d’un mot tout ce qu’il y a de plus inventé mais il semblerait que non. Un petit tour sur les internets et voilà ce que j’ai trouvé comme explications : une maladie est dite idiopathique lorsqu’on n’en connait pas la raison objective ou, dit autrement, une maladie idiopathique existe en elle-même, sans être liée à une autre affection dont elle serait la cause ou même la conséquence. Et soudain, imagine un peu, j’ai levé les bras au ciel en hurlant d’une joie intense. Je trouvais déjà qu’Idiopathique était un nom de groupe particulièrement bien trouvé mais là c’était encore mieux !







Les IDIOPATHIQUE débarquent de Marseille et je n’en aurais peut-être jamais entendu parler si je n’étais pas allé voir un concert de mes chouchous psychos-urticants de Schleu un beau soir du mois d’aout dans un squat de Villeurbanne. Idiopathique jouait juste après, a tout balayé sur son passage, c’était le chaos, ça faisait beaucoup de bruit, c’était taré et violent mais jamais pour la frime ou juste pour le plaisir sordide de la violence, bien au contraire. Et je suis reparti de là avec la première cassette des Marseillais dans ma poche. Si j’en crois ce qui est indiqué sur le mini insert inclus avec celle-ci, les cinq membres du groupe sont : Luar au chant principal (également illustratrice bien connue et désormais tatoueuse, avant elle trainait beaucoup sur Lyon et c’est elle qui a réalisé le dessin de la pochette), Dimitri à la guitare et au chant secondaire, Julien à la basse, Lionel à la batterie et enfin Mat aux samples et préposé au bruit (noise dans le texte). Lors de ce fameux concert il y avait deux guitaristes et c’est ce que l’on entend tout au long de la cassette, une première guitare tranchante mais relativement lisible et une seconde qui passe son temps à foutre le bordel et à dynamiter tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un soupçon de mélodie ou de bonne conduite harmonique.
La qualité roots de l’enregistrement (apparemment en prise directe) n’empêche pas de gouter pleinement à la folie furieuse d’Idiopathique. Un mélange inflammable de punk hardcore et de spazz nitroglycériné, avec des plans tout bizarres et tordus, souvent oppressants et anxiogènes, des super lignes de basse souples et claires, une rythmique qui débaroule à toute vitesse, de la double pédale (et tu le sais déjà que j’adore la double, surtout lorsqu’elle est bien dosée, comme ici) et un chant féminin et masculin braillé comme au premier jour. Les deux premiers titres s’intitulent Drone 1 et Drone 2 mais n’ont donc rien à voir avec un quelconque descriptif musical et parlent de la surveillance à distance, sécuritaire et omniprésente dans notre quotidien. Plus loin Ciudad Inteligente – chez Idiopathique les paroles sont en Anglais et en Espagnol voire les deux en même temps – aborde le même thème et plus généralement les onze titres évoquent l’aliénation et la dépossession des êtres par des pouvoirs autoritaires et invasifs dans un monde dystopique ressemblant étrangement au notre. Hautement recommandé pour toutes les personnes qui ne veulent pas se laisser faire.

[Idiopathique est publié en cassette par Noise Merchant records, un label anglais qui ne se préoccupe que de ce support – si tu n’as plus de lecteur depuis longtemps tu peux toujours télécharger l’intégralité de la cassette à prix libre sur la page b*ndc*mp du label]