Idiopathique ?
Je pensais bêtement (sic) qu’il s’agissait d’un mot tout ce qu’il y a de plus
inventé mais il semblerait que non. Un petit tour sur les internets et voilà ce
que j’ai trouvé comme explications : une maladie est dite idiopathique
lorsqu’on n’en connait pas la raison objective ou, dit autrement, une maladie
idiopathique existe en elle-même, sans être liée à une autre affection dont
elle serait la cause ou même la conséquence. Et soudain, imagine un peu, j’ai levé
les bras au ciel en hurlant d’une joie intense. Je trouvais déjà qu’Idiopathique était un nom de groupe particulièrement
bien trouvé mais là c’était encore mieux !
Les IDIOPATHIQUE débarquent de Marseille
et je n’en aurais peut-être jamais entendu parler si je n’étais pas allé voir un
concert de mes chouchous psychos-urticants de Schleu un beau soir du mois d’aout dans un squat de Villeurbanne. Idiopathique jouait juste après, a tout
balayé sur son passage, c’était le chaos, ça faisait beaucoup de bruit, c’était
taré et violent mais jamais pour la frime ou juste pour le plaisir sordide de
la violence, bien au contraire. Et je suis reparti de là avec la première
cassette des Marseillais dans ma poche. Si j’en crois ce qui est indiqué sur le
mini insert inclus avec celle-ci, les cinq membres du groupe sont : Luar au chant principal (également
illustratrice bien connue
et désormais tatoueuse, avant elle trainait beaucoup sur Lyon et c’est elle qui
a réalisé le dessin de la pochette), Dimitri à la guitare et au chant secondaire,
Julien à la basse, Lionel à la batterie et enfin Mat aux samples et préposé au
bruit (noise dans le texte). Lors de
ce fameux concert il y avait deux guitaristes et c’est ce que l’on entend tout
au long de la cassette, une première guitare tranchante mais relativement
lisible et une seconde qui passe son temps à foutre le bordel et à dynamiter tout
ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un soupçon de mélodie ou de
bonne conduite harmonique.
La qualité roots de l’enregistrement (apparemment en prise directe) n’empêche
pas de gouter pleinement à la folie furieuse d’Idiopathique. Un mélange inflammable de punk hardcore et de spazz
nitroglycériné, avec des plans tout bizarres et tordus, souvent oppressants et
anxiogènes, des super lignes de basse souples et claires, une rythmique qui
débaroule à toute vitesse, de la double pédale (et tu le sais déjà que j’adore
la double, surtout lorsqu’elle est bien dosée, comme ici) et un chant féminin
et masculin braillé comme au premier jour. Les deux premiers titres
s’intitulent Drone 1 et Drone 2 mais n’ont donc rien à voir avec
un quelconque descriptif musical et parlent de la surveillance à distance,
sécuritaire et omniprésente dans notre quotidien. Plus loin Ciudad Inteligente – chez Idiopathique les paroles sont en
Anglais et en Espagnol voire les deux en même temps – aborde le même thème et
plus généralement les onze titres évoquent l’aliénation et la dépossession des
êtres par des pouvoirs autoritaires et invasifs dans un monde dystopique ressemblant
étrangement au notre. Hautement recommandé pour toutes les personnes qui ne
veulent pas se laisser faire.
[Idiopathique est publié en cassette
par Noise Merchant records, un label anglais qui ne se préoccupe que de ce support – si tu
n’as plus de lecteur depuis longtemps tu peux toujours télécharger
l’intégralité de la cassette à prix libre sur la page b*ndc*mp du label]