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vendredi 13 juillet 2018

Comme à la radio : Cyril Meysson et Rodolphe Loubatière


[il semblerait qu’il ne faille jamais commencer une chronique de disque en employant le mot je, cet ignoble témoignage d’un égocentrisme forcené et donc aveugle, parce que sinon la dite chronique risquerait de trop ressembler à la rédaction d’un élève de CM1, une lettre adressée au courrier des lecteur de OK Podium ou un article lu dans n’importe quel blog musical et branchouillard – mais cela tombe plutôt bien parce que ceci n’est absolument pas une chronique de disque]






J’ai donc fini par me dire qu’il était temps pour cette gazette de commencer à parler de musiques peut-être un peu plus cérébrales et savantes, parler de musique improvisée par exemple. Mais oui.

Pour se faire j’avais envisagé de chroniquer Sédition, premier album d’un duo formé en 2015 par Cyril Meysson à la guitare et Rodolphe Loubatière à la batterie.  Et puis j’ai renoncé. D’abord parce que ce disque a été enregistré il y a deux ans et qu’il a été publié le 11 juin 2017 par Degelite : j’ai beau vouloir ne pas coller absolument à l’actualité, il y a des limites que le décence temporelle m’interdit de franchir ; ensuite, c’est désormais l’été et mon enthousiasme de chroniqueur risque de se retrouver quelque peu émoussé face aux assauts accablants d’une nouvelle canicule gériatrique ; enfin, et c’est le plus important, Sédition est à l’opposé de ce à quoi je m’attendais. Et à quoi m’attendais-je ? Et bien… Sédition n’est absolument pas un disque fait pour s’astiquer voluptueusement le cortex spongiforme avec d’un côté un tintinnabuleur de cordes de guitare et de l’autre un gratouilleur de caisse claire.  Sédition est tout autre chose.

Mais écoutez plutôt :






Ceci est donc un disque de musique improvisée et surtout un disque de musique palpitante, pour ne pas dire vivante. Alors, oui, écoutez comme Cyril Meysson et Rodolphe Loubatière se parlent, communiquent, se répondent, échangent et surtout s’amusent. Écoutez comme Sédition peut aussi bien avoir la légèreté d’un rêve ou d’une déambulation sonore que la brutalité électrique digne d’un noise rock catapulté par l’esprit libertaire du free. Écoutez comme il est encore possible – et il en sera toujours ainsi – de faire de la liberté en musique(s) un moyen aussi bien qu’une fin.

Surtout, écoutez comme j’ai eu tort : la musique que le duo a enregistrée pour Sédition n’a strictement rien de savant ni de cérébral ; par contre elle est en recherche constante d’elle-même, elle se trouve, et se retrouve encore, différemment, loin des amphigouris, en constante progression et en constante évolution, belle et brute, entière. Écoutez.