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lundi 31 octobre 2022

Mütterlein + Aluk Todolo @Périscope [27/10/2022]

 




Retour au bled de Mütterlein pour un excellent concert en configuration solo et soigneusement scénographié – comprendre : faucilles vengeresses en ordre de bataille ainsi que lumières à contre-jour et fumée à profusion pour ne montrer que ce que l’on veut bien montrer. Puis Aluk Todolo, dont on n’avait pas eu de nouvelles depuis très longtemps, toujours aussi intense et toujours aussi impressionnant.







































































































vendredi 18 février 2022

Boucan : self titled

 

Jeudi 26 janvier 2017. Ce n’était absolument pas prévu au départ mais ce jour là j’ai atterri aux Capucins, un bar incontournable du bas des pentes de la Croix Rousse à Lyon. Il y avait un concert, j’ai réussi à descendre dans la cave – théoriquement c’était complet de chez complet – et je suis tombé en plein milieu du set de BOUCAN, un tout jeune groupe local dont, je l’ai appris plus tard, c’était la première fois qu’il jouait devant un public. Aussi incroyable que cela puisse sembler, les plus que renommés Zeus! ont ensuite enchainé et comme on pouvait s’y attendre le concert des Italiens a été phénoménal – tu imagines un peu ? Zeus! avec seulement une cinquantaine de personnes entassées dans un endroit aussi minuscule et serrées les unes contre les autres ? Comme souvent lorsque les concerts partent en vrille dans la cave des Capus il s’est produit ce phénomène remarquable : les pierres des murs et du plafond ont commencé à se couvrir de condensation, mélange de transpiration des corps qui s’agitent, de bière qui s’évapore et d’enthousiasme qui déborde.
Mais revenons-en à nos moutons boucs en chaleur : les Boucan ont ceci en commun avec Zeus! qu’il s’agit de deux duos basse/batterie (avec parfois un peu de voix pour les Italiens). Mais dans mon esprit certes un peu embué (sic) les Lyonnais n’ont absolument pas été ridicules, bien au contraire. Sinon, de mémoire, il me semble que ce concert correspond aussi à la dernière fois où j’ai sacrifié à cette merveilleuse tradition Croix-Roussienne consistant à aller pisser sur la porte d’entrée de l’Eglise de Scientologie, toute proche du bar des Capucins – cette soirée était donc vraiment très, très, réussie (note à moi-même : retourner pisser là-bas à la première occasion, cela fait trop longtemps).






 
Alors maintenant je vais raconter quoi ? Que j’ai revu Boucan trois ou quatre fois en concert ? Que le duo m’a fait systématiquement forte impression ? Et qu’en plus j’avais le sentiment qu’il était en constante progression ? Oui, oui et oui. Seulement voilà, j’ai longtemps pensé sans creuser davantage la question qu’en fait ces deux petits gars ne faisaient que défourailler comme des malades et puis c’est tout. Qu’une musique de la trempe de celle de Boucan était avant tout faite pour être jouée en live, devant un parterre de personnes consentantes s’agitant comme des bazus et écumant de bonheur mais qu’un enregistrement ne rendrait que partiellement justice à toute l’énergie et tout l’allant du groupe. En tant que vieux ronchon râleur et bourré de préjugés, j’ai également quelques difficultés chroniques avec les duos basse/batterie : à deux ou trois exceptions près (tu connais godheadSilo ?), ils ont rarement la cote avec moi.
Boucan est en passe de me faire changer d’avis. Sur le premier album du duo – enregistré à la maison et mixé par le batteur – on retrouve effectivement tout le dynamisme et toute la fougue des concerts. Pourtant les deux musiciens ne font pas que jouer fort et épais : on pourrait basiquement qualifier leur musique instrumentale de mélange de math-rock et de noise-rock (en gros ça tricote et ça fait du bruit) mais un groove aussi imparable que jouissif et aussi explosif que communicatif parsème copieusement tout le disque et le tire maintes fois vers le haut. Entre interventions à la tractopelle et coups de marteau-piqueur la musique de Boucan se révèle bondissante et chaloupée. Pleine de vie, aussi vrombissante que généreuse. De quoi avoir envie de remuer son popotin ou ce que l’on voudra sans aucune retenue.
Mais là où le groupe est vraiment très malin c’est qu’aucune des huit compositions de son disque ne reste cantonnée à un seul et unique registre – bien sûr certains titres possèdent malgré tout une couleur dominante (French Manucure est plutôt très noise). D’autre part, figures et positions acrobatiques varient sans cesse et s’enchainent à un rythme infernal. Très schématiquement, un morceau de Boucan consiste à passer d’un riff qui saigne sur fond de batterie en phase pilonnage à un break tout en ondulation avant de repartir dans une autre direction et ainsi de suite, etc. Tout ça sans artificialité, sans maniérisme, sans prétention, sans esbroufe – pourtant il y a de quoi être épaté ! – mais avec une science de la construction et de la narration qui, oui OK je vais conclure, permet à Boucan de se passer sans problème de toute forme de chant (c’est tout juste si on entend un ou deux hurlements sur le deuxième titre – imprononçable – et sur Marseille) et surtout de toute forme de structures éculées ou prédéterminées à la con. Vitalité, densité, intelligence, imprévisibilité, plaisir d’offrir et joie de recevoir : moi aussi je reste sans voix.

 

[le premier album de Boucan est publié par Araki records, Bigoût Inc., Day Off, Jarane, Mollo Bobby, Muzotte et Vox project]  

 

 

mardi 1 décembre 2020

USA Nails / Character Stop


  


 

Si on récapitule toute leur discographie, les anglais de USA Nails en sont déjà à leur cinquième album en sept années (c’est le deuxième avec le batteur Tom Brewins, transfuge de Death Pedals) et moi j’en suis toujours à m’émerveiller de la musique du groupe. Ces quatre types là jouent bien plus que du simple punk noise / noise rock / post punk / et plus si affinités, ils jouent du USA Nails et uniquement ça. Avec sa pochette toute bariolée et très réussie Character Stop me semble même être l’album le plus personnel et le plus impliqué du groupe, le disque sur lequel il affirme avec le plus de conviction et de force son identité propre. C’est aussi un enregistrement sur lequel les quatre musiciens ralentissent toujours plus la cadence – ce qui ne les empêche pas de nous gratifier malgré tout de quelques ruades punk bien épicées et frénétiques – et se concentrent toujours plus sur leur son, notamment celui des guitares, reconnaissable entre mille, et l’intelligence acétique de leurs compositions. On se sent comme naviguant au cœur d’un générateur d’énergie renouvelable mais sans se coltiner les déchets dont on ne sait jamais quoi faire.
Revolution Worker et son mid tempo touffu donne ainsi la tonalité principale d’un album placé sous le signe d’une colère sourde et qui n’explose qu’à bon escient, froidement mais avec un maximum de résultat – les paroles ne laissent elles guère de doutes sur ce que veut exprimer le groupe. Un palier supplémentaire est franchi avec le morceau-titre qui déborde de guitares dissonantes tandis que la rythmique fait place nette : la basse est encore plus énorme que d’habitude, sèche et tendue, elle claque aux côtés d’une batterie très volumineuse. On a alors vraiment le sentiment que USA Nails n’a vraiment plus besoin de se précipiter et de jouer contre la montre pour partager avec nous l’urgence impérieuse de sa musique. Et finalement Character Stop est bien un album plutôt lent, ou disons plutôt un album axé majoritairement sur des mid-tempos ravageurs – citons également
How Was Your Week-end ? et sa partie de batterie étourdissante – et lorsque le groupe accélère le rythme on assiste plus à un incroyablement étoffement de sa musique qu’à un passage en force et en cinquième vitesse (See Yourself, I don’t Own Anything). Une bonne dose de précision rigoureuse doublée d’une bonne dose d’acuité.

Et puis il y a le chant, toujours très caractéristique chez USA Nails, en mode parlé mais pas vraiment non plus, presque robotique, entre égrenages acides proches de la récitation et cris rageux mais toujours avec cette froideur apparente qui caractérise si bien le groupe et sa musique. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a aucune trace de vie là dedans, bien au contraire. Les deux voix sont très complémentaires et l’association des deux fonctionne mieux que jamais – soit en alternance, soit à l’unisson – et c’est l’un des autres points fort de USA Nails, cette capacité à faire passer autant de choses sans faire le mariole ni son intéressant.
La fin du disque est occupée par deux compositions un peu à part. J’ai beaucoup ri la première fois que j’ai entendu Temporary Home, titre le plus groovy, le plus dansant et à la limite de l’injonction à remuer son popotin comme un débile jamais composé par USA Nails et certainement aussi le titre du groupe le plus influencé par les années 80. N’oublions pas qu’en 2017 USA Nails s’était attaqué à la reprise du Eisbear de Grauzone ni que sur l’un de leurs t-shirts les anglais ont joyeusement détourné le logo de Devo. Bien que fonctionnant différemment des autres compositions de l’album, Temporary Home est une chanson qui développe beaucoup plus d’idées et de profondeur musicale qu’elle ne semble le faire au départ et pour moi elle constitue l’une des grandes réussites de l’album*. Quant à Wallington qui clôt magnifiquement Character Stop nous avons là le titre le plus ralenti et le plus sombre de l’album, presque mélancolique. Une lente et longue – pour USA Nails s’entend, c’est-à-dire au delà des quatre minutes – descente en forme de chemin subtilement escarpé, une voix quasi murmurée accompagnée d’une guitare crissant dans la nuit, une atmosphère proche du basculement avant la disparition. La preuve que USA Nails sait également s’y prendre pour nous émouvoir.


[Character Stop est publié en vinyle noir par Bigoût records pour l’Europe – le noir ça fait des pressages de bonne qualité avec lesquels on a rarement de mauvaises surprises – et par Hex records pour l’Amérique du Nord et qui lui a préféré multiplier les versions en couleurs]


* et ainsi j’espère deux choses : la première c’est qu’USA Nails comme tous les autres groupes que j’aime et que j’écoute puisse à nouveau refaire des concerts ; la deuxième c’est qu’USA Nails joue Temporary Home en live, pour que je puisse secouer mes vieux os comme un éternel gamin

 

 

vendredi 22 mai 2020

[chronique express] Doppler / Si Nihil Aliud





A l’origine publié en 2004 et uniquement en CD, Si Nihil Aliud est le premier album des défunts DOPPLER et il vient d’être réédité en vinyle par les garnements de Bigoût records : cette nouvelle version est absolument impeccable et bénéficie d’un son retapé à neuf permettant de mieux se rendre compte de l’impact sidérant du noise-rock trigonométré de Doppler, étonnant mélange de rigueur complexe et d’instantanéité viscérale – il ne fait aucun doute que rééditer Si Nihil Aliud restera la meilleure idée de cette putain d’année 2020 de merde

vendredi 29 novembre 2019

Monplaisir + Dewaere @Farmer [23/11/2019]





Des fois il faut savoir se décider même si ça fait trop mal : revoir Tombouctou et découvrir Drose à Grrrnd Zero ou bien aller au Farmer pour le dernier concert avant longtemps de MONPLAISIR et la venue – tant attendue pour ma part – de DEWAERE ? Ce sera donc le Farmer*.

Je ne vais pas trop en rajouter, si tu viens de lire ou relire les chroniques** de disques consacrées ici à The Agreement de Monplaisir et à Slot Logic de Dewaere tu sais de quoi je veux parler, s’agissant à mon sens de deux des meilleurs albums publiés au cours des douze derniers mois… Et ce samedi 23 novembre j’ai aussi assisté à l’un de mes concerts préférés de l’année 2019.

[un diaporama avec l’intégralité des photos prises ce soir là] 





















































* une coproduction Tous En Tong et Bigoût records
** oui je suis daccord : jen fais toujours trop