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mardi 12 juillet 2022

[chronique express] Commando : self titled

 



Malgré le nom du groupe il n’y a pas vraiment de rapport entre COMMANDO et les Ramones si ce n’est un goût certain pour la concision et la rapidité d’exécution de la musique – tous les titres durent moins de deux minutes. Pour le reste les Lyonnais jouent du punk franc du collier et sans fioritures, vivace, incisif et énervé mais sans jamais tomber dans le hardcore pur et dur, même old-school. On retrouve pourtant deux anciens Lost Boys dans le groupe, ce qui explique en grande partie la tenue impeccable ainsi que le souci permanent apporté à une musique toujours jouée avec la spontanéité nécessaire au genre. Il y a aussi pas mal de plans de guitare qui mine de rien défoncent tout sur leur passage mais ce qui me réjouit le plus chez Commando c’est le chant jamais forcé ni hurlé mais avec un je ne sais quoi d’acide et de gouailleur. Un chant porté par un certain Antipathic – c’est son nom et il est bien trouvé, non ? – également auteur des textes critiques pour ne pas dire acerbes, des textes qui n’ont pas spécialement et comme on aurait pu s’y attendre de portée ouvertement politique mais qui s’attaquent aux défauts du genre humain et à la connerie ambiante. Des phrases telles que « Des belles solutions / Des grandes leçons / Ouais t’es le champion / Ouais t’es bidon » ou (encore mieux) « J’aime pas les gens / Je les trouve chiants » résonnent agréablement à mes oreilles de vieux ronchon atrabilaire. Un disque aussi coriace et aussi râleur ne pouvait que me plaire.


mercredi 31 mars 2021

[chronique express] Cuir / Album


 


Le synth-punk aussi est à la mode, non ? Le… le quoi ? Ben tu sais bien : le synth-punk… cet énième sous-genre vaguement affilié au post-punk et qu’il est tellement chic d’écouter entre personnes toujours sûres d’elles-mêmes et désireuses de briller en petite société. Ce qui me plait le plus chez Doug, unique (gros) membre de CUIR, c’est au contraire son absence totale et parfaitement assumée de bon goût et le fait que de sa musique on ne retienne principalement que le mot punk. Il y a bien sûr et même beaucoup de synthétiseur sur Album mais il y a aussi et surtout une guitare qui débite salement, du chant qui vomit des histoires de dégout des autres et de dégoût de soi et une boite-à-rythmes monomaniaque qui sert de garde-fou / caniveau. A peine moins immature et à peine moins irrévérencieux que son prédécesseur Single Demo, le premier véritable album de CUIR est tout sauf un plaisir coupable. Mais ce n’est pas non plus un prétexte à la pignole ni de la musique de bourgeois. Si tu n’as rien compris c’est peut-être bien parce que ce disque n’est pas pour toi.

 

 

mercredi 5 août 2020

Cuir / Single Demo




Sortir les stéréotypes des placards et du musée du cynisme et de l’indécence, les étaler au grand jour et sans aucune modération, s’en faire une crème beauté fraicheur ou s’en servir comme d’un soin exfoliant et s’en foutre de partout reste le meilleur moyen de se moquer de tout. Et de se moquer de soi-même, ce qui ne gâche rien et restera toujours la seule chose à faire. Avec ses textes crus et violents dignes d’un éternel adolescent complètement attardé mais qui s’en fout totalement – après tout le « retard » n’est que dans le regard des autres et dans ce que tu leur as juste permis de voir – CUIR est le truc à la fois le plus véridique et le plus désillusionné qu’il nous ait été donné d’écouter ces derniers mois. Ne rien avoir à dire à part des histoires de nombril et de défonce mais le dire quand même : si cela te fait chier c’est ton problème et uniquement le tien.
Cuir est un one man band monté par Doug, chanteur de Coupe Gorge et de Sordid Ship. Mais là il est donc tout seul avec sa belle voix de braillard punk, sa guitare, sa boite-à-rythmes…  et son vieux synthétiseur au kitch volontairement envahissant. Single Demo est la version augmentée d’un inédit et en vinyle de deux cassettes de Cuir publiées courant 2019 par Offside Tapes : Single Single et Demo Demo Demo. C’est d’apparence complètement rudimentaire mais en fait incroyablement bien troussé, suffisamment simple pour être efficace et jouissif, complètement signifiant significatif  malgré ou plutôt grâce aux thèmes abordés dans les paroles. Pas besoin de tendre l’oreille ni de perdre son temps à les lire sur la pochette intérieure pour comprendre que ça parle d’ennui, d’envie de tout foutre en l’air, d’éclater les têtes de connards et de connasses que l’on croise tous les jours au coin de la rue, que ça parle d’une vie de merde, de haine de soi lorsqu’on a la tête éparpillée en mille morceaux le lendemain mais que ça ne parle pas vraiment de sexe stéréotypé, normalisé et consommable (le véritable ennui).
Du sexe il y en a éventuellement, mais en fait pour de faux, dans la présentation et tout le soin apporté au disque avec ce vinyle rose ou le masque en latex également rose porté par Doug sur la photo aux couleurs saturées – si ton rêve était de te faire offrir une paire de menottes moumoutées léopard pour ton noël pseudo s/m avec ta meuf ou ton mec du moment c’est raté. Au passage on remarque la présence ostentatoire d’un bédo bien troussé et d’une cannette de 8.6 mais tout ça, encore une fois, ce n’est que du visuel, pour alimenter la grosse blague que serait Cuir (as-tu quand même noté ce badge de Veuve SS ? dans le genre groupe pour lequel l’image et les visuels étaient très importants parce qu’en apparente contradiction avec la violence des textes et de la musique on a guère fait beaucoup mieux ces dernières années).
Reste que malgré toute son ironie et son jeu de cache-cache misère autour de la complaisance Demo Single fonctionne à plein régime. Les compositions sont très courtes, lapidaires presque, bien mémorisables grâce à une guitare qui aligne du riff de punk au kilomètre et qui surligne parfois (Tension Nerveuse) et surtout grâce à ce synthétiseur qui fait au moins la moitié du boulot et est quasiment omniprésent – ce qui permettra aux nécromanciens des temps futurs de classer Cuir dans la case synthpunk sans trop se tromper. Il y a beaucoup d’idées et plein de ressources là dedans, tout ce qu’il faut pour s’intéresser à ces histoires de gerbe, de défonce et de lendemains qui se ressemblent trop, tout ce qu’il faut pour s’agiter en même temps, brailler, se défouler. Et la blague, supposée comme telle mais ça aussi c’est ton problème, aura en fait une suite, parce qu’elle le vaut bien : Doug / Cuir est en train de mettre la dernière main à un nouvel enregistrement que l’on espère tout aussi faussement débile mais encore une fois complètement nihiliste.

[Single Demo tourne en 45 tours et a été pressé en vinyle rose par Offside records]