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vendredi 7 mai 2021

Edgar Suit : Despise All Humans



Bonjour. Vous reprendrez bien un peu de POST-PUNK ce matin ? Mouahaha, j’avoue que je l’ai carrément fait exprès : j’en connais – ils et elles se reconnaitront sans aucune difficulté – qui râlent très fort dès que l’on prononce ou écrit ces deux mots qui ne voudraient plus rien dire. Post-Punk. Poooooossstt-Puuuuuuuunnnk ! Je préfère largement m’en amuser en attendant que la frénésie du langage finisse par se calmer et que l’attention générale passe à tout autre chose – tiens : il n’y a pas si longtemps que cela c’est le « garage » qui tenait le haut du pavé chez les hipsters et les hipsteuses mais depuis plus rien ou pas grand-chose, la fête du slip semble terminée… mais qu’est-il donc arrivé ?
Tout est donc affaire de goût et les trois garçons d’EDGAR SUIT l’assument parfaitement, au delà des modes et des revivals. Il n’y a qu’à admirer la pochette de Despise All Humans, soigneusement dégoulinante et saturée de couleurs qui rappelleront une certaine esthétique née en plein dans les 80’s, celle ouvertement toc apparue après les années congélateurs tout en se démarquant nettement des surcharges gothiques et pseudo dépressives pour privilégier kitsch et dorures. As-tu remarqué le lettrage utilisé pour écrire le titre du disque ? Je n’en avais plus revu de tel depuis les 45 tours de variété anglaise collectionnés par la fille avec qui je sortais en classe de 4ème.









Avec leurs fines moustaches, leurs coupes de cheveux gélifiées, leurs petits airs juvéniles, leur appétence pour les costards anglais et une certaine tendresse pour les greffiers un poil prétentieux, les Edgar Suit nous viennent de Grenoble et, comme pour couper court au faux débat post-punk / pas post-punk, ils s’autoqualifient à raison de « fresh power pop post punk rock band ». A raison puisque Simon (guitare et chant), Jonathan (basse et chœurs) et Bruno (batterie) ne font pas autre chose que ce qu’ils prétendent vouloir faire : des chansons au format court – de deux à trois minutes maximum –, dotées d’une folle énergie et très brillamment composées. Despise All Humans est un disque aussi pop que punk et aussi électrique que mélodique. Avec un mix d’une lisibilité appropriée qui met en avant deux éléments essentiels de la musique du trio, sans pourtant faire de l’ombre au reste : la basse et le chant (et pour ne pas faire de jaloux… le reste c’est une batterie redoutable et une guitare percutante et bien aiguisée).

La basse, cela allait de soi. Je rappellerai aux grincheux et grincheuses mentionné.e.s ci-dessus qu’une grosse basse qui claque et veloute en même temps est généralement considérée comme l’un des principaux attributs de ce cher post-punk. Le chant quant à lui pourrait choquer les oreilles les plus sensibles tellement il tend vers le crémeux bien articulé, aigu et même pétillant, de temps à autre à la limite de la croonerie variétoche. Mais comme tout chez Edgar Suit il est d’un dynamisme incroyable et en y réfléchissant bien – mais pas trop non plus – quelle autre façon de chanter aurait pu convenir à des compositions aussi terriblement bien foutues ? Ce ne sont pas les tubes qui font défaut sur ce Despise All Humans que l’on pourrait sans problème débiter en singles – ce qui se faisait beaucoup dans les années 80, rappelle-toi – sans laisser le moindre déchet. Neuf titres et neuf pépites oscillant entre le trépidant et le dansant. Et un disque bien plus humain que ce que son titre voudrait nous faire croire. Rien à redire, Edgar Suit c’est la grande classe.



[Despise All Humans est publié en vinyle par Bad Health records, Dangerhouse Skylab et Hell Vice I Vicious]

 

vendredi 16 avril 2021

Tendinite : Neither / Nor


 

Neither / Nor est un disque que j’apprécie tout particulièrement. Parce ce qu’à sa manière il se révèle entier et sans concession. Honnête et généreux. Synthétisant une certaine idée du rock, dans le sens le plus simple et le plus basique du terme. A propos du premier album de TENDINITE on pourrait parler de garage, de rock’n’roll, de noise-rock, de punk et sûrement de plein d’autres choses encore mais la musique du groupe échappe facilement au supplice de la catégorisation et de l’étiquetage paresseux. Donc voilà : arriver à prendre ça et là, uniquement en suivant ses envies et sûrement ses propres goûts personnels, différents éléments pour les ramener ensemble et les faire converger en une seule musique, sa musique à soi, cela n’a pas de prix à mes yeux. Pas la peine de faire des efforts inconsidérés pour se démarquer mais, au contraire, laisser parler son cœur. Et laisser faire la magie de l’électricité.

 



Tendinite
est un trio formé du côté de Reims en 2016 et ayant déjà publié un 10’ en 2018 et un 7’ en 2019. Un groupe de copains qui répètent inlassablement dans leur cave. Le genre de représentation pas si fantaisiste que cela et qui me vient tout de suite à l’esprit. C’est encore mon imagination qui parle mais il s’agit pourtant bien de ce que j’entends principalement dans Neither / Nor : trois garçons qui jouent de la musique par plaisir et qui sortent des disques pour la beauté du geste, celui du partage, et sans prétention aucune. Tendinite c’est donc une guitare, une basse, une batterie, du chant et surtout une énergie incroyable. Rien que l’inaugural Never Satisfied devrait convaincre les plus réticents tenants de l’orthodoxie grincheuse avec son introduction dantesque et son allure fringante et décidée.
La force de conviction est donc le premier argument imparable de Neither / Nor, un disque qui ne faiblit jamais, quels que soient la teneur et le rythme empruntés par ses dix compositions. Lentes ou rapides, punk ou plus psyché, elles possèdent toutes ce sens de l’entortillement, celui qui te donne envie de te balancer en rythme ou (pour les plus timides comme moi) de dodeliner de la tête. Le résultat est très contagieux parce que Tendinite sait composer une mélodie, sait lui faire prendre corps et sait comment la propulser bravement en l’air.
Mine de rien, Tendinite est un groupe qui n’a pas peur. La longueur du disque – et donc des compositions, majoritairement autour des quatre minutes – ne cesse de m’étonner : le trio ne s’impose jamais l’impératif de concision souvent de mise dans les musiques garage / punk / whatever mais il n’a rien non plus de bavard. Tout est bien construit, à sa juste place et la musique file allègrement, sans ostentation ni superflu. Par exemple le guitariste n’hésite pas à nous gratifier de nombreux solos, bien menés : tu connais ma réticence avec ce genre d’exercice (malgré mon passé adolescent de métalleux acnéique) mais dans le cas de Tendinite je ne trouve rien à dire à de tels agissements, bien au contraire. Le plus réjouissant étant que la guitare part en solo sans guitare rythmique derrière en appui, ce qui permet au passage de bien apprécier la basse à peine planquée en embuscade. Plus qu’un choix esthétique (et peut-être aussi un choix « économique »), cela démontre le caractère parfaitement assumé de la démarche du groupe. Un minimum d’overdubs et pas de fioritures. Encore et toujours de l’honnêteté, et de la vérité. Bravo.



[Neither / Nor est publié en vinyle noir – la plus belle des couleurs pour un vinyle – par Araki , Fuck A Duck, Hell Vice I Vicious et Poutrage records ; big up à l’artwork du disque et qui est l’œuvre de Val L’Enclume]


samedi 13 avril 2019

[chronique express] Off Models / Never Fallen In Love





Si jamais tu en doutais encore une écoute même furtive de Never Fallen In Love d’OFF MODELS devrait aisément pouvoir te convaincre que les histoires d’amour déceptives font de bonnes pop songs acidulées – sinon c’est que ton cas est plus que désespéré.  


jeudi 14 février 2019

The Hi-Lites / Dive At Dawn


Comme je suis très scrupuleux pour ne pas dire procédurier j’ai voulu réécouter le premier disque de THE HI-LITES, en fait un 12’ monoface publié par le label lyonnais Echo Canyon en 2015, et bien m’en a pris : voilà neuf titres chauffés à l’ancienne et plutôt rapides, du punk rehaussé de garage et d’un soupçon de noise-rock, le tout grâce à un tour de main déjà assuré et avec une classe certaine malgré un léger manque de maturité (c’est un peu vert, quoi). Hi Lite c’est aussi le titre d’une composition de Hot Snakes (sur l’album Audit In Progress), et il fallait vraiment avoir du cran pour choisir un nom pareil et assumer une filiation et un héritage aussi difficiles mais The Hi-Lites avaient su prouver avec ce premier mini album qu’ils n’étaient pas qu’un groupe de petits copieurs sans idées. Qualité, savoir-faire et tradition c’est un peu la raison d’être de tout bon artisan qui se respecte et le groupe basé à Lyon est de ceux-là, quatre types pas vraiment dans le vent mais sachant souffler sur les braises pour attiser le feu dans la bonne direction. Je n’en demandais pas plus, moi j’aime bien la tradition, c’est de mon âge. 




Dive At Dawn est le premier véritable LP de The Hi-Lites et il sagit cette fois dune toute autre paire de manches. Voilà un disque nettement plus varié, plus fouillé – j’ai failli écrire « plus travaillé » mais le travail c’est comme la famille et la patrie, que de la merde – et, donc, plus ambitieux et plus affermi. Pas cette ambition qui te fait faire n’importe quoi sous prétexte de t’attirer tous les regards et toutes les attentions mais celle qui te rend meilleur, tout simplement. Le punk rock est toujours là mais il se décline désormais sur différents modes, le groupe ayant étoffé et enrichi son écriture – les compositions sont moins basiques et plus denses qu’auparavant mais gardent toujours cette force d’entrainement – et ayant surtout élargi l’éventail de ses sonorités ainsi que l’instrumentation employée.
Et tout sonne beaucoup mieux sur Dive At Dawn, à commencer par la basse plus tendue et plus ronde, la guitare plus profonde bien que gardant toujours ce côté poil à gratter tandis que la batterie est mieux mise en valeur – cela s’entend qu’il y a eu du boulot de fait en studio. Mais il n’y a pas que ça : The Hi-Lites se sont découverts une nouvelle passion pour les synthétiseurs qui font une apparition discrète mais néanmoins remarquée et donc pertinente sur quelques compositions de l’album et ce dès le deuxième titre, le très impressionnant Inside. Non The Hi-Lites ne sont pas devenus un groupe de cold wave comme tant d’autres mais méritent de plus en plus l’appellation d’origine contrôlée post punk, c’est à dire que le groupe opte désormais pour une musique toujours énergétique mais définitivement plus sombre et plus froide. Et que l’on soit en 2019 ne pose aucun problème : la musique de The Hi-Lites, plus affirmée et subtilement dosée donc jamais prétentieuse, est toujours très référencée mais gagne en lucidité et en acuité, comme si le groupe avait davantage confiance en lui-même.
Quelques compositions penchent tout de même d’un seul et unique côté mais à cela il n’y a rien à redire non plus, je pense au sophistiqué et vigoureux A Major Mistake puis (juste un peu plus loin) à Talk Now !, deux exemples d’hymnes à la gloire d’un punk aristocratique. A l’opposé du nuancier le final et époustouflant Journey Has Come To An End restera comme la composition la plus glaciaire de Dive At Dawn en donnant in extremis cette coloration plus mélancolique et plus obscure à l’album. Mais quel que soit le côté duquel penche la balance, il faut reconnaitre que les quatre Hi-Lites ont fait des progrès indéniables dans tous les domaines tant en assumant parfaitement leurs éventuels points faibles – un garçon qui se moque de chanter systématiquement juste pour privilégier chaleur et authenticité ne peut qu’avoir toute mon affection. Tout comme ce disque autant placé sous le signe de l’énergie que de celui de l’élégance et qui s’ouvre à de nouveaux horizons.

[Dive At Dawn est publié en vinyle par Bad Health records, Hell Vice I Vicious, Teenage Hate records, Trokson records – oui, le bar lyonnais du même nom]