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vendredi 3 septembre 2021

[chronique express] Year Of No Light : Consolamentum

  


 

2013 - 2021 : huit années séparent Tocsin et Vampyr, les deux précédentes parutions réellement conséquentes de YEAR OF NO LIGHT, de Consolamentum, le nouvel album du groupe. Huit longues années qui finalement n’auront rien effacé et surtout pas la maitrise impeccable d’un genre musical tellement galvaudé et tellement caricaturé – le post hardcore instrumental, progressif et parfois atmosphérique – dans lequel Year Of No Light ne souffre aucune comparaison. Massif, épais, magmatique, accidenté, sombre, rampant, menaçant, pessimiste ou plus aérien, Consolamentum est un long périple dans les abysses et au milieu des charniers de l’humanité. La théâtralité – ses détracteurs parlent eux de grandiloquence –, les envolées lyriques et les fractures ouvertes de cette musique cinématographique et assumée comme telle ne font que souligner les aberrations suicidaires d’un monde au bord de l’implosion. Beau et terrifiant à la fois.


mardi 11 mai 2021

[chronique express] Årabrot : Norwegian Gothic


 


 

Sur le moment j’ai refusé d’en croire mes oreilles. J’ai refusé tout court. Who Do You Love, le précédent disque d’Årabrot, n’était déjà pas exempt de défauts mais avec Norwegian Gothic le groupe de Kjetil Nernes et Karin Park atteint de nouveaux sommets en matière de tambouille commerciale, de vaine prétention et d’aberration. Peut-être n’ai-je rien compris du tout – le déluge de recensions positives récoltées par Norwegian Gothic me semble aussi incroyable que disproportionné – mais je ne trouve strictement rien à sauver d’un disque qui me fait plus que jamais regretter le Årabrot d’antan et que j’aimais tant.
Une page semble donc avoir été définitivement tournée : il n’y a rien à faire (à part se boucher les oreilles) avec cet album terriblement longuet et tellement caricatural, souvent inepte et malheureusement grotesque. Un naufrage emballé dans une production plastifiée et clinquante digne d’un groupe de rock FM prétendant avoir enfin vu la lumière (et si tu aimes le saxophone pleurnichard va directement écouter The Moon Is Dead, sûrement le sommet de ce disque que j’aurais préféré ne jamais écouter).



dimanche 1 mars 2020

[chronique express] Årabrot / Die Nibelungen





Un attendant un véritable nouvel album studio de la part d’Årabrot – ce qui ne saurait tout de même trop tarder – on peut jeter son dévolu et une oreille attentive sur ce Die Nibelungen, enregistrement du groupe de Kjetil Nernes destiné à accompagner la projection du film du même nom réalisé par Fritz Lang en 1924* : l’histoire est celle de Siegfried et de l’or du Rhin, à peu près la même que celle racontée par Richard Wagner dans sa célèbre tétralogie Der Ring des Nibelungen, le tout étant inspiré par un poème épique germanique du Moyen-âge. Årabrot s’en tire ici avec les honneurs, délaissant évidemment la plupart du temps son côté heavy rock pour lui préférer des atmosphères théâtrales et sombres dont les castafiorades de Karin Park ne sont pas le principal défaut et même des fois un atout de taille. Un disque à écouter tranquillement au coin du feu le dimanche après-midi en lisant un vieux roman d’aventures.

* première partie : La Mort De Siegfried et deuxième partie : La Vengeance De Kriemhied

vendredi 12 octobre 2018

Årabrot / Who Do You Love


J’ai vraiment eu beaucoup de mal avec celui-ci. Mais je ne me suis pas trop forcé non plus, hein. Dès le départ j’étais plein d’appréhension au sujet de Who Do You Love et être un grand fan d’ÅRABROT ne suffisait pas à me rassurer. Moi, dès que l’on me parle de rédemption voire d’illumination j’ai tendance à fuir à toutes jambes. C’est pourtant, semble t-il, ce qui est arrivé à Kjetil Nernes – chanteur, guitariste, compositeur et chef suprême d’Årabrot
Ayant déjà survécu à un grave cancer diagnostiqué en 2014, ayant également survécu au mariage (avec Karin Park, qui joue du clavier et chante dans le groupe depuis 2013), notre homme a trouvé la lumière, a eu un gosse, s’habille désormais tout en blanc et a définitivement quitté sa Norvège natale pour emménager dans une église désaffectée de la campagne suédoise où il vivrait entouré de vieux exemplaires poussiéreux de la bible et autres crucifix obsolètes. Chacun fait ce qu’il veut.
Mais comparons ce qui est comparable. Et laissons de côté tous les premiers enregistrements d’Årabrot, ceux effectués avec le batteur (et graphiste) Vidar Evensen qui a quitté le groupe en 2013 pour s’en aller batifoler et a fini par atterrir du côté de Deathcrush (et bien lui en a pris). Beaucoup vous diront que Revenge (2010) est un disque incontournable et ils auront raison. Toutefois, pour bien comprendre ce qui a pu arriver – ou pas – à Årabrot ces dernières années il suffit de se replonger uniquement dans l’album qui précéde Who Do You Love : The Gospel est le point culminant des obsessions musicales du groupe, reliant Death In June avec les Melvins et les premiers Bad Seeds de Nick Cave, voire Birthday Party. On sentait déjà dans cet album une tentative de ripolinage en bonne et due forme, une production plus propre, moins agressive… mais qu’importe lorsque le niveau reste malgré tout élevé ? Aujourd’hui The Gospel reste un excellent album, le dernier d’Årabrot à manier noirceur, violence, absurde, sexe (le fameux logo en forme de vulve carnassière et son clitoris qui semble vous regarder) et surréalisme absurde avec autant de réussite. 




C’est le premier écueil de Who Do You Love. Bien qu’apparemment enregistré dans les mêmes conditions que The Gospel, ce nouvel album laisse apparaitre un Årabrot bien trop sage et surtout beaucoup trop convenu. Bien sûr Kjetil Nernes et ses petits camarades ne font toujours pas dans la dentelle stéréotypée F.M. mais le groupe a clairement perdu de sa vindicte et ses quelques efforts pour nous faire malgré tout un petit peur sentent les stéroïdes au rabais et ont autant de goût qu’une boisson énergisante (The Dome, Warning et Look Daggers). Le plus choquant n’est pas qu’Årabrot apparaisse maniéré – ce qu’il a toujours été, y compris dans ses pires excès de lourdeur et de violence – mais ampoulé à l’image d’un Kjetil Nernes qui en fait plus que jamais des tonnes dans la théâtralité et le pathos épicé. La mixture est quand même un peu difficile à digérer. 
Le summum de la pantalonnade est atteint en fin de face A avec Sinnerman, titre sur lequel Nernes se lance dans une imitation assez ahurissante de Nick Cave ; si personne n’avait encore compris que l’australien fait partie des idoles incontournables du norvégien c’est maintenant chose faite. Mais à quel prix ? La filiation n’a d’ailleurs rien d’anodin, Nick Cave étant lui-même le champion toute catégories confondues de la rédemption et de la « renaissance » musicale, au prix cependant d’une inexorable baisse de la qualité de sa musique.

Årabrot n’en est toutefois pas encore tout à fait là. Si Who Do You Love est à ce jour l’album le moins intéressant et le plus terne du groupe, il ne constitue pas pour autant un naufrage total et, espérons-le, définitif. Malgré les deux titres – en fait deux variations différentes d’une même composition de base – chantés par Karin Park et contrastant violemment (surtout Pygmalion) avec tout le reste de l’album ; malgré le réchauffé de compositions tiédasses qui peinent à convaincre à force d’abuser du pilote automatique (A Sacrifice) ; malgré un goût prononcé pour l’emphase narcissique (le grandiloquent Uniform Of A Killer). 
Pour la parution de Who Do You Love Årabrot a abandonné le label Fysisk Format pour se retrouver sur Pelagic records, entre autres le label des affreux The Ocean. Un changement pour le moins symptomatique, Pelagic s’étant depuis longtemps spécialisé dans des sorties d’albums trop gentiment bruyants et autres avatars happy metal théâtralisés.