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lundi 28 juin 2021

Fly Pan Am : Frontera







J’étais tout heureux que FLY PAN AM se reforme après une quinzaine d’années de silence. Je l’ai été un peu moins en découvrant C’est Ça, premier album post reformation des Montréalais. Mais lorsque je relis la chronique lapidaire qui lui est consacrée je me trouve un peu injuste, surtout parce que je n’ai pas su ni voulu insister sur le point le plus important d’un disque (trop) touffu et multi-amalgamé, le retour de l’envie. J’ai souvent pensé que les enregistrements des Fly Pan Am étaient moins réussis que leurs concerts – une paire de passages à Lyon au début des années 2000 et autant de très beaux souvenirs, incroyables – mais ils n’ont jamais été inintéressants, ils ont toujours eu quelque chose à dire et quelque chose à faire ressentir. La générosité est l’une des caractéristiques d’un groupe pas comme les autres gravitant dans la sphère du label Constellation. Une générosité mêlée à de la curiosité et l’envie de partager. Je me rappellerai longtemps d’une improbable conversation d’après concert pendant laquelle l’un des quatre musiciens – je crois bien qu’il s’agissait de Jonathan, préposé à la guitare et à la casquette – me disait que pour lui Sonic Youth, France Gall et les Bérurier Noir revêtaient la même importance. Maintenant c’est quelque chose que j’arriverais presque à comprendre mais c’est aussi quelque chose dont je suis, personnellement, toujours incapable.
Frontera fait suite à C’est Ça et d’une certaine façon l’un ne va pas sans l’autre. Fly Pan Am depuis 2018 c’est encore moins de guitare, encore moins de « rock » et encore plus de bidouilles et d’électronique. Roger – pour la petite histoire un ancien de Godspeed You! Black Emperor, même s’il doit en avoir plus qu’assez qu’on le lui rappelle toujours et encore – n’est même pas crédité à la guitare mais à l’électronique et au laptop. Jean-Sebastien (bassiste aux doigts agiles) s’occupe aussi de programmation, d’électronique, de synthétiseur et donne un peu de la voix tandis que Jonathan retraite parfois sa guitare avec un ordinateur. Il n’y a que Félix, derrière sa batterie, qui reste dans un domaine strictement organique. Il a toujours été et il reste la pulsation humaine d’un groupe et d’une musique qui défient les prescripteurs et les donneurs de leçons d’étiquettes, même si on peut pêle-mêle balancer en l’air celles de noisy, kraut, rock, pop, expérimental, electro, pipo-bimbo, post-machin dans un grand blender, placer le curseur sur vitesse maximum et broyer / mélanger le tout. Le résultat donne quelque chose qui ne ressemblera qu’à du Fly Pan Am.
Frontera est l’enregistrement studio d’une musique initialement composée et interprétée en live pour un spectacle de danse de la compagnie Animals Of Distinction, sur une chorégraphie de Dana Gingras. S’il fallait encore donner un argument en faveur des disques vinyle et de leur supériorité sur tous les autres formats, le livret qui accompagne celui-ci et présentant des photos réellement superbes de danseuses et de danseurs en plein(s) mouvement(s) devrait faire l’affaire. Mais on pourrait tout aussi bien se passer de ces photos enchanteresses – et qui donnent vraiment envie d’assister à une représentation de Frontera – car la musique de Fly Pan Am composée et interprétée pour cette chorégraphie et ce spectacle, même si on peut penser qu’elle en est indissociable, se suffit tout simplement à elle-même. Frontera n’est pas qu’une bande-son, c’est aussi de la musique à vivre, en toute indépendance. Un très beau disque qui transporte, exalte l’imagination et se prête totalement à une écoute telle quelle, en mode lévitation. On peut même inventer sa propre chorégraphie intérieure en l’écoutant, dessiner des mouvements de formes et de couleurs qui n’appartiennent qu’à soi. C’est là toute la réussite d’un enregistrement d’une force et d’une beauté souvent fascinantes, parfois mystérieuses, un enregistrement tellement abouti et tellement accompli malgré son découpage en séquences que j’ai pour la première fois le sentiment que Fly Pan Am a totalement réussi son coup avec l’expérience studio… C’est ça.

[Frontera est publié en vinyle et en CD par Constellation records]

 

 

vendredi 9 avril 2021

[chronique express] Godspeed You! Black Emperor / G_d's Pee At State's End !




 

Je vais essayer de faire court (mouhaha !). J’aime bien les expériences et les conclusions hasardeuses : il se trouve que je me suis procuré ce G_d’s Pee At State’s End ! en même temps que la réédition en vinyle du premier album de GY! BE dont jusqu’ici je ne connaissais qu’une version CD parue chez Kranky en 1998. Du coup j’ai écouté ces deux enregistrements tour à tour, en alternance et en passant parfois de l’un à l’autre sans attendre que les disques se terminent. Je me suis aperçu, ou alors je l’avais tout simplement oublié, que Mike Moya (Molasses, Set Fire To Flames, Elizabeth Anka Vajagic et surtout Hrsta), par ailleurs membre du groupe à ses tout débuts, rejouait avec celui-ci depuis sa reprise d’activité en 2012.
Vingt-quatre années séparent donc le premier et le dernier disque en date de Godspeed You! Black Emperor et on pourrait reprocher au collectif de Montréal d’avoir perdu de sa poésie originelle au profit d’une approche cérébrale, néo-classique contemporaine et plus messianique que jamais de sa musique : aujourd’hui il pourrait faire partie du Patrimoine Mondial de l’Humanité, celui avec des lettres majuscules dérisoires et qui muséifie tout ce qu’il touche... Sauf que GY! BE est à lui tout seul une forme d’humanité. Ou plutôt un bout d’humanité parmi de nombreux autres, aussi petits qu’une grande musique qui, à sa manière, essaye de se battre pour (tout) le monde.

 

 

vendredi 10 janvier 2020

[chronique express] Fly Pan Am / C'est Ça





Contre toute attente FLY PAN AM s’est également reformé et les montréalais espèrent désormais, l’envie étant de retour, pouvoir récolter un peu plus de lauriers et d’attention : C’est Ça est le premier album du groupe en quinze ans et séduit tout d’abord par son inventivité et son audace tout en recyclant ce que Fly Pan Am a toujours su faire (guitares noisy, incartades expérimentales, pipo-bimbo électronique, constructions inattendues et poésie des sons) avant de souffrir d’un trop-plein d’ambition qui vire trop souvent à l’écœurement, au détriment de toute lisibilité. Très loin d’être mauvais C’est Ça est un disque où l’envie de musique est plus forte que la musique en elle-même, plaçant l’auditeur dans la délicate position du témoin assisté alors que lui y est absolument pour rien dans toute cette histoire.