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dimanche 2 mai 2021

Comme à la radio : Melos Kalpa








Du son et, une fois n’est pas coutume, des images avec une vidéo de MELOS KALPA enregistrée aux célèbres studios Abbey Road sous l’impulsion de Música UNAM et dans le cadre du projet Trasfrontera qui présente des musiques plutôt expérimentales (mais pas uniquement) et des rencontres entre musiciennes et de musiciens venu.e.s d’horizons différents.

Melos Kalpa
est déjà la treizième formation à s’être prêtée à l’exercice avec Melos Rhythm, une longue pièce de près d’une demi-heure, entre musique improvisée et musique minimaliste :




A l’origine cofondé par le regretté Tom Relleen, Melos Kalpa regroupe aujourd’hui Agathe Max (violon alto), Marta Salogni (magnétophones à bandes et manipulations sonores), Jem Doulton (marimba, vibraphone et percussions diverses) ainsi que David Morris (guitare électrique).

Et même si le musicien anglais nous a quittés et ne joue donc pas sur Melos Rhythm je ne peux pas m’empêcher de penser que sa musique continue d’en inspirer tant d’autres et de toucher toujours plus de personnes. Et continuera à le faire pendant encore longtemps.


[photo d’illustration : Agathe Max en couleurs, une fois n’est pas coutume là aussi, lors d’un concert au Périscope / Lyon en mars 2014]



mercredi 28 août 2019

Comme à la radio : Mésange






C’est tout à fait par hasard et suite à une belle rencontre que j’ai pour la première fois entendu parler de MÉSANGE. Pourtant le groupe fondé par Agathe Max et Luke Mawdsley ne date pas vraiment d’hier et a même déjà publié deux albums entre lesquels mon petit épiderme affectif n’arrive pas toujours à choisir. 





Heliotrope date de 2017 et me semble être l’album le plus classique et le plus balisé de Mésange. Mais il n’en est pas moins beau. Seulement les climats et atmosphères qu’il distille sont encore un peu trop colorés par le post rock romantique et brumeux hérité d’un Godspeed You! Black Emperor. Quelques rares percussions rappellent à l’occasion que Mésange pourrait être un groupe de rock instrumental et mélancolique… Mais pas que, comme le duo arrivera à le démontrer par la suite.






Gypsy Moth (2018) a beau être plus court que son prédécesseur, il est plus dense, plus palpitant et plus ambient. Notamment la guitare a tendance à s’y épaissir, les sonorités deviennent plus fantomatiques (le génial Stars est tout simplement une ode sucrée à l’étrangeté) et il devient de plus en plus difficile de ranger Mésange dans la catégorie fourre-tout des groupes de post-rock bien que sa musique ait en même temps fortement gagné en pouvoir cinématographique. Je sens même comme une certaine exubérance derrière toute cette lenteur en clair-obscur définitivement débarrassée de tout faux empèsement : le groupe crée son propre cérémonial, entre volutes magiques et étrangetés narratives. Parmi toutes les surprises que nous réserve Gypsy Moth il y a Foe sur lequel on peut entendre la voix d’Agathe Max. Quant aux emblématiques The Return et Smile, voilà deux compositions teintées de relents doom et sombres du meilleur effet.

Alors vivement un troisième album et, pourquoi pas, une série de concerts de ce côté ci de la planète (merci !).

[Heliotrope et Gypsy Moth sont publiés en vinyle par God Unknown records

vendredi 23 août 2019

Comme à la radio : Tout Bleu






TOUT BLEU est au départ le projet solo de la multi-instrumentiste, compositrice et auteure Simone Aubert, ex J’m’en fous, guitariste de Massicot et chanteuse / batteuse dans Hyperculte. Je suis un peu passé à côté de son beau premier disque éponyme, un objet sonore intrigant publié au mois d’octobre 2018 par Bongo Joe records, tout comme j’avais fait l’impasse sur le concert lyonnais de Tout Bleu à Grrrnd Zero à peu près à la même époque. Cette chronique lapidaire est donc une séance de rattrapage.







Tout Bleu présente une sorte de dark wave expérimentale, hantée et incantatoire sur fond de nappes sonores, d’incursions de violon et de percussions discrètes. Mais le terme de « dark wave » me dérange toujours un peu parce qu’on ne retrouve rien ici de sombrement caricatural ni de volontairement théâtral. Le bon côté des années 80’s est malgré tout présent (je pense en particulier à Sorcière et à All The Matters) mais Tout Bleu lorgne bien plus vers la décennie précédente avec son côté chamanique et ensorcelant. Le chant peut parfois faire penser à celui d’une Brigitte Fontaine toujours pas redescendue d’un train omnibus transpyrénéen ou même à celui d’une Catherine Ribeiro éternellement dans les nuages.

Pour ce premier disque enregistré à partir de deux sessions live Simone Aubert a été épaulée par le producteur / arrangeur POL ainsi que par le violon d’Agathe Max (que l’on ne présente plus…) et les percussions de Nicholas Stücklin. Tout Bleu reste quoi qu’il arrive le projet de Simone mais c’est cette formule en trio que l’on peut retrouver en concert. Et comme le hasard fait bien les choses Tout Bleu effectuera une nouvelle date lyonnaise le 27 septembre au Périscope. Cela me fera une deuxième occasion de me rattraper.

[Tout Bleu est publié en vinyle bleu (évidemment) par Bongo Joe records]

mercredi 21 août 2019

Papivores / Death And Spring


J’ai pris de mauvaises habitudes avec le label Hands In The Dark. Sous prétexte que je ne trouve jamais rien de très cohérent ni de très intéressant à dire ou à écrire au sujet des parutions de ce label plus que recommandable. Pourtant non seulement Hands In The Dark publie énormément de disques – pour un petit label DIY spécialisé dans les musiques expérimentales – mais en plus ceux-ci me tapent régulièrement dans l’oreille (et au cœur). Alors à chaque fois je me contente de parler de ceux qui me plaisent le plus dans la rubrique « comme à la radio » de cette gazette internet : cela signifie que je balance deux ou trois phrases gnagnagna illustrées par un lecteur intégré diffusant les disques en question* – écoute donc par toi-même camarade et démerde-toi avec ça.
Sans doute m’est il plus facile de déblatérer au sujet d’un groupe qui joue toutes guitares dehors et se vautre compulsivement dans l’électricité ou de digresser à propos d’un groupe de free jazz en roue libre que d’arriver à exprimer facilement ou au moins à peu près clairement toutes les sensations (couleurs, formes, odeurs, mouvements, etc.) que provoquent souvent chez moi nombre de disques publiés par Hands in The Dark. Plus la beauté est saisissante et plus il est difficile de la saisir avec des mots. Mais je vais tenter de faire une exception avec le disque de Papivores.




PAPIVORES est un duo composé de la violoniste Agathe Max et de Tom Relleen. La première poursuit de plus belle sa riche histoire musicale que ce soit en solo, Rêves Perdus a récemment été évoqué ici, qu’au travers de nombreuses collaborations, je pense bien sûr à Kuro en compagnie de Gareth Turner mais Agathe Max a également monté Mésange aux côtés du guitariste Luke Mawdsley, un autre duo dont vous me direz des nouvelles (il s’agit tout simplement de l’un des plus beaux projets actuels de la musicienne). Le second joue de la basse et de la bidouille variée au sein de The Oscillation et, bien sûr, de Tomaga. Je dois dire que l’idée d’une association entre ces deux là est déjà très excitante sur le papier mais que dans les faits Death And Spring est un album aussi magique et onirique que ce que l’on pouvait espérer.
Death And Spring doit son titre au roman La mort I La Primavera de l’auteure catalane Mercè Rodoreda. Je ne vais pas prétendre connaitre celle-ci – ce serait mentir effrontément – mais ce que j’ai appris depuis au sujet de son livre est intrigant puisque la romancière y aurait consacré les vingt dernières années de sa vie et qu’il s’agit de son ultime écrit. Sans doute inachevé, La mort I La Primavera est une sorte de récit poétique et métaphorique… Évidemment je ne l’ai pas lu** mais je crois comprendre ce qui a poussé les deux Papivores à tirer leur inspiration d’un tel livre : la musique composée pour Death And Spring est chargée d’images et de sensations, les idées et les sonorités se croisant sans cesse dans un fourmillement collaboratif ouvrant sur de multiples univers parallèles, l’écoute du disque nous offrant de voyager dans un espace-temps non fini, aux multiples reflets et multiples circonvolutions. Par exemple Heard By Stones semble formé de gouttes de pluie dispersées par un gamelan de percussions boisées et de pizzicati au violon. Forest Wisps (les « feux follets de la forêt ») évoque la course-poursuite amoureuse de créatures minuscules sous un tapis de feuilles mortes, slalomant entre petits cailloux pointus et coques desséchées de fruits abandonnés. The Prisoner’s Dream ressemble aux bourdonnements et résonnances que feraient les mécanismes d’une vieille machine dont l’usage a été oublié de tous. Murmurations Temporelles est comme la bande son / réminiscence d’une fête terminée depuis longtemps alors qu’il reste encore quelques invités qui ne peuvent pas partir, prisonniers de leur désirs inassouvis.
Pourpre Reflets Glace reste le moment le plus énigmatique et le plus beau de Death And Spring. Véritable cœur battant du disque, cette longue pièce de près de quatorze minutes est tel un secret à l’intérieur d’un autre secret : on s’y retrouve plongé et rapidement enseveli dans un lent tourbillon à contresens et peuplé (encore une fois) de spectres et d’esprits aux caresses de velours et aux pensées insistantes. Papivores y montre une certaine douceur mais absolument aucune légèreté : dans le monde hanté de 
Pourpre Reflets Glace (et plus généralement dans tous ceux évoqués dans Death And Spring) les âmes errantes peuvent cohabiter sans problème, peut-être ont-elles tenté de faire la paix mais il leur reste toujours quelque chose à régler avec elles-mêmes, faute de silence et de repos véritable.

[Death And Spring est publié en vinyle par Hands In The Dark]

** mais désormais j’en ai très envie

vendredi 26 avril 2019

Comme à la radio : Agathe Max





AGATHE MAX figure en bonne place dans mon panthéon musical personnel mais c’est presque par hasard que j’ai appris que la violoniste avait publié un nouvel enregistrement.

Rêves Perdus est sorti en cassette uniquement (pour l’instant ?) grâce à Modern Aviation, un tout jeune label anglais qui se spécialise dans les musiques plutôt ambient, électroniques, expérimentales et même un peu folk.







Agathe Max a une passion pour les dinosaures, les créatures depuis longtemps disparues et pour la préhistoire en général. Rêves Perdus est inspiré d’une expérience de deux années pendant laquelle la musicienne a participé à l’élaboration de squelettes d’ours pour La Caverne Du Pont D’Arc, réplique officielle de la Grotte Chauvet qui n’est pas accessible au public car recélant trop de trésors rupestres aussi uniques que fragiles. Agathe s’est également inspirée du documentaire La Grotte Des Rêves Perdus de Werner Herzog autour de cette même grotte (l’histoire ne dit pas si elle a été touchée par la musique composée par le violoncelliste Ernst Reijseger pour le documentaire en question).

Rêves Perdus est un enregistrement étonnant et passionnant. On y retrouve un peu de la musicienne que l’on connait déjà (Premonition Unveiled) mais on y découvre également énormément de choses que l’on ne soupçonnait pas vraiment. Agathe Max manipule les paysages sonores, se sert de concrétions rocheuses comme supports percussifs et nous surprend en chantant des sortes de comptines (Remember et Night Of Spring) ou en faisant quelques petits détours (le folk décharné et orientalisant de Mooni).
Elle utilise également sa voix en la déformant volontairement, sorte de distorsion souterraine pour un voyage intérieur (le quasi fantomatique Dans Les Flots ainsi que le très allégorique Rêves Perdus). Nebulous Cloud est la plus longue pièce de l’album : seize minutes de coulées de violon alto, de percussions réverbérées et de pensées flottantes qui justifient à elles seules que l’on se précipite sur Rêves Perdus. Et je crois bien qu’Agathe Max nous a offert son plus bel enregistrement à ce jour.