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samedi 6 novembre 2021

[chronique express] Screamers : Demo Hollywood 1977

  


 

Tout le monde a sûrement déjà entendu parler des SCREAMERS, tout le monde connait le visuel associé au groupe, au moins aussi iconique que le crane des Misfits et reproduit sur la pochette de Demo Hollywood 1977 (la tronche du chanteur Tomata Du Plenty, David Xavier Harrigan de son vrai nom) et nombreux sont celles et ceux qui au cours des quarante dernières années se sont procuré, souvent à prix d’or, un bootleg de mauvaise qualité des rares enregistrements live de musiciens qui n’auront strictement rien publié de leur vivant. Le statut de formation culte si promptement décerné à n’importe qui prend ici tout son sens : non seulement les Screamers se comportaient comme personne mais surtout ils étaient tellement en avance sur leur temps qu’écouter leur musique donne toujours le vertige aujourd’hui. Il faut dire que jouer du « punk » avec un line-up comprenant un Fender Rhodes, un ARP Odyssey, de la batterie et du chant et ce dès 1975 c’était du encore jamais entendu… Pas de guitare, pas de basse et surtout pas de rock’n’roll : les Screamers ont à l’époque été qualifiés de techno punk, sont peut-être les inventeurs du synth punk et Demo Hollywood 1977, première parution plus que posthume mais officielle, est enfin là pour nous démontrer comment un groupe unique en son genre a changé la musique à tout jamais. 

 

 

dimanche 14 mars 2021

Comme à la radio : Flaming Tunes (et le label Superior Viaduct)

 

On ne saurait trop louer le travail d’archives et d’exhumation effectué depuis une bonne dizaine d’années maintenant par label Superior Viaduct. Basée à San Francisco cette vénérable maison a réédité tellement d’enregistrements historiquement et musicalement essentiels qu’en donner la liste, même partielle, donne le vertige : Avengers, MX-80 Sound, Gun Club, Gruppo Di Improvvisazione Nuova Consonanza (avec Ennio Morricone !), The Urinals, Devo, Tuxedomoon, Brigitte Fontaine, Alice Coltrane, Glenn Branca, Harry Pussy, DNA, The Fall, Crime, Spacemen 3, Phil Niblock, The Mekons, Ike Yard… Et encore, j’en oublie.

 



On remarquera le grand écart stylistique d’un tel catalogue. On notera surtout qu’aux côtés de disques que tout le monde connait déjà mais souvent devenus introuvables depuis des lustres, Superior Viaduct a le don de rééditer des enregistrements rares et inédits mais toujours de qualité – un exemple parmi tant d’autres mais très significatif : les deux volumes Hardcore Devo consacrés au groupe des frères Mothersbaugh, une vrai mine d’or !


En 2020 Superior Viaduct a jeté son dévolu sur les premiers méfaits de The Ex et je ne peux que conseiller le séminal History Is What's Happening, merveilleux en tous points et offrant un éclairage rétroactif étonnant sur l’évolution du groupe hollandais... Mais aujourd’hui intéressons-nous plutôt au seul et unique album de FLAMING TUNES, réédité lui au mois de novembre de l’année dernière :


 

Flaming Tunes
est un duo éphémère composé de deux musicien.nes et ami.e.s d’enfance : Mary Currie et un certain Gareth Williams. Oui, tu as bien lu : Gareth Williams, l’un des trois membres de l’un des groupes les plus importants de la fin des années 70 et du début des années 80, les très avant-gardistes This Heat.


Publié presque en douce et en cassette uniquement, Flaming Tunes est un disque entièrement enregistré à la maison, fait de bric et de broc et surtout débordant d’une poésie des sons amoureusement bidouillée et funambule dont le charme et l’attrait ne sont plus à prouver. Douces mélodies bancales, naïveté cabossée, traficotages de bandes, bruitages d’origine indéterminée, emprunts aux musiques indiennes (surtout au niveau de quelques rythmes), interventions d’un chant parcellaire et lunaire sur une poignée de chansons pop à la limite du psychédélisme des années 60, qualité sonore lo-fi… Flaming Tunes est un disque étrange où rien ne nous est étranger, un disque intimiste de partages et une sorte de courant d’air frais traversant les années 80 – nous sommes en 1985 – pourtant si tapageuses et si racoleuses.


D’abord réédité en 2009 et en CD par Life And Living records puis en 2012 par le label anglais Blackest Ever Black, l’unique album sans titre des Flaming Tunes – à l’origine publié sous le nom de « Gareth Williams & Mary Currie » – se voit ainsi offrir une nouvelle chance de toucher les oreilles curieuses et les cœurs ouverts. Et comme toujours avec Superior Viaduct le résultat est impeccable : remasterisation sans surgonflage, beau pressage en vinyle transparent, pochette soignée, insert, notes explicatives, etc…

(malheureusement Gareth Williams est mort beaucoup trop tôt en 2001 et à l’âge de 48 ans seulement)