Ce qui est passionnant avec J.G.
Thirlwell c’est que tous ses projets, aussi différents soient-ils, se tiennent
en un ensemble finalement cohérent. Il y a comme un lien invisible qui relie Foetus
avec Wiseblood, Steroïd Maximus, Manorexia, les bandes originales pour la série
animée The Venture Bros, j’en passe et des meilleurs… et maintenant Xordox. Pourtant le bonhomme a une
discographie complètement délirante mais je persiste : chaque disque enregistré
sous ses différents alias ou même sous son propre nom* est une nouvelle pierre
à un édifice colossal et unique. Mieux : J.G. Thirlwell est un monument à
lui tout seul.
Il n’aura pas échappé à ses fanatiques acharnés que notre génie a ces dernières années plutôt délaissé son principal projet ; Soak est le dernier enregistrement en date de Foetus (2013 !) et qui plus est il s’agit d’une collection inégale de compositions initialement commencées pour l’album précédent (Hide, en 2010) et achevées plus tard, le tout étant agrémenté d’une paire de remix. Sans doute Thirlwell estime t-il avoir fait le tour de la question avec Foetus mais lorsqu’on sait qu’il s’est écoulé six années entre l’album Thaw (1988) et Gash (1994) puis sept autres années entre Gash et Flow (2001) tout semble encore possible. Du moins c’est toujours ce que je veux croire parce que pour rien au monde je ne voudrais admettre que l’aventure Foetus est bel et bien terminée. Alors en attendant je me rabats sur les nombreux autres projets de Thirlwell, projets que je n’ai pourtant jamais considérés comme des ersatz ou des palliatifs.
Il n’aura pas échappé à ses fanatiques acharnés que notre génie a ces dernières années plutôt délaissé son principal projet ; Soak est le dernier enregistrement en date de Foetus (2013 !) et qui plus est il s’agit d’une collection inégale de compositions initialement commencées pour l’album précédent (Hide, en 2010) et achevées plus tard, le tout étant agrémenté d’une paire de remix. Sans doute Thirlwell estime t-il avoir fait le tour de la question avec Foetus mais lorsqu’on sait qu’il s’est écoulé six années entre l’album Thaw (1988) et Gash (1994) puis sept autres années entre Gash et Flow (2001) tout semble encore possible. Du moins c’est toujours ce que je veux croire parce que pour rien au monde je ne voudrais admettre que l’aventure Foetus est bel et bien terminée. Alors en attendant je me rabats sur les nombreux autres projets de Thirlwell, projets que je n’ai pourtant jamais considérés comme des ersatz ou des palliatifs.
XORDOX
est pour l’instant le dernier d’entre eux et jusqu’ici J.G. Thirlwell n’a publié
sous ce nom qu’un seul et unique album intitulé Neospection
(aux Éditions Mego,
prestigieux label de musiques électroniques s’il en est). Xordox est presque uniquement instrumental et principalement à base
de synthétiseurs analogiques modulaires – seule Sarah Lipstate (Noveller, ex-Cold
Cave et ex-Part And Labor) apparait sur deux ou trois titres à la guitare, et
encore il faut bien tendre l’oreille pour s’en apercevoir tellement son
instrument est trafiqué. Neospection
est profondément ancré dans les années 70 du côté de l’Allemagne et de cette
mouvance qui a révolutionné les musiques électriques et, surtout,
électroniques. On peut ainsi penser à Kluster (Konrad Schnitzler avec Hans-Joachim
Roedelius et Dieter Moebius) à Cluster (soit le duo formé après par ces deux
derniers) ainsi qu’à Tangerine Dream et Klaus Schulze. Autrement dit des
groupes qui ont avant tout privilégié et développé l’utilisation intensive des
synthétiseurs, ouvrant par leurs expérimentations géniales la voie à l’IDM,
l’electronica, l’ambient mais aussi la new-wave et la synth pop.
Il est incontestablement évident que Neospection est un disque de J.G. Thirlwell à part entière. Les influences sont manifestes, entre odyssées cosmiques et transmigration des âmes dans la cinquième dimension, mais les paysages cinématographiques – ou tout simplement cinétiques – mis en place par Xordox portent la marque indélébile de leur créateur, celle de labyrinthes insondables de perdition, de trous noirs sans fonds, d’angoisses sidérales, d’errances dans le néant de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Comme si les paysages décrits étaient d’une telle beauté qu’ils en devenaient inquiétants. Le titre le plus oppressant de Neospection reste le dernier, uniquement disponible sur les versions CD et numérique du disque ; avec son final de nappes de synthétiseurs en gouttelettes Asteroid Dust n’en fini pas de nous perdre et aurait très bien pu faire l’affaire comme bande originale d’un film d’aliens télépathes et cannibales tourné par John Carpenter. De son côté Corridor sous-entend une rythmique très electro binaire qui en fait l’une des meilleures compositions de l’album. Et lorsque du chant apparait tout déformé sur Destination : Infinity c’est pour permettre à Thirlwell de s’ériger d’une voix d’ailleurs et de nulle part en démiurge du big bang final.
Il est incontestablement évident que Neospection est un disque de J.G. Thirlwell à part entière. Les influences sont manifestes, entre odyssées cosmiques et transmigration des âmes dans la cinquième dimension, mais les paysages cinématographiques – ou tout simplement cinétiques – mis en place par Xordox portent la marque indélébile de leur créateur, celle de labyrinthes insondables de perdition, de trous noirs sans fonds, d’angoisses sidérales, d’errances dans le néant de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Comme si les paysages décrits étaient d’une telle beauté qu’ils en devenaient inquiétants. Le titre le plus oppressant de Neospection reste le dernier, uniquement disponible sur les versions CD et numérique du disque ; avec son final de nappes de synthétiseurs en gouttelettes Asteroid Dust n’en fini pas de nous perdre et aurait très bien pu faire l’affaire comme bande originale d’un film d’aliens télépathes et cannibales tourné par John Carpenter. De son côté Corridor sous-entend une rythmique très electro binaire qui en fait l’une des meilleures compositions de l’album. Et lorsque du chant apparait tout déformé sur Destination : Infinity c’est pour permettre à Thirlwell de s’ériger d’une voix d’ailleurs et de nulle part en démiurge du big bang final.
Son côté référencé et ses multiples
clins d’œil (l’artwork est un modèle du
genre spatial vers l’infini et l’au-delà) n’empêchent pas Neospection d’être l’un des travaux à la fois les plus personnels
et les plus aboutis de J.G. Thirlwell de ces dernières années. Et pour ma part
c’est une bonne surprise qui balaie aussi sec les critiques récentes reléguant le
musicien/compositeur au rang de simple faiseur/imitateur – critiques pas
totalement fausses lorsqu’on écoute ses compositions pour The Venture Bros,
certes excellentes mais tellement prévisibles. Si un jour Xordox donne une suite à Neospection,
j’espère qu’elle sera à la hauteur de ces confins de noirceur et de ces voyages
sidérants.
* cela exclut donc Freq_Out et quelques
autres trucs où il n’est qu’intervenant et non pas compositeur et décideur