Avoir un nom qui fait référence à la
pierre – lithos, en grec – et par extension aux objets préhistoriques fabriqués
à base de pierres transformées puis appeler son deuxième album Mating Surfaces, ce que l’on pourrait
traduire par quelque chose comme « surfaces de contact »… il n’y a
pas de doute : LITHICS
est bien un groupe de post punk dans l’air du temps. Je ne vais pas bouder mon
petit plaisir, j’aime le post punk, du moins ce que l’on appelle post punk
aujourd’hui : des guitares asséchées, aigrelettes ou stridentes, une basse
tendue et ronde, une batterie claquante, un chant monocorde, des compositions
rapides, courtes, répétitives et aux tonalités parfois légèrement dissonantes,
des structures simples, un minimalisme revendiqué, une froideur assumée, un
groove irrésistiblement robotique, un côté complètement arty, l’envie de danser
sans bouger les pieds. Lithics
possède tout ça. Je donne la note maximale à ce groupe de Portland, Oregon,
tellement Mating Surfaces est un parfait
modèle du genre. En comparaison les collègues d’Uranium Club passeraient presque
pour de piètres pitres progressifs.
J’ai l’air de me moquer mais pas du
tout. Si je trouve qu’il y a beaucoup trop de groupes sur le créneau post-punk
et donc beaucoup de déchets et de poseurs – mais je préfèrerais toujours ça à
un groupe de stoner houblonné ou de math-rock tropicalisé – certains arrivent
largement à sortir du lot pour peu qu’ils ne tombent pas dans le côté
caricatural de la chose ou, en tous les cas, qu’ils aient suffisamment de
choses à dire et de talent pour s’exprimer et éviter toute caricature. Dans le
genre (sic), Lithics joue donc carrément
avec nos nerfs, dans tous les sens du terme : le groupe pourrait très bien
être une image d’Épinal ou une statue dévote achetée à Lourdes tellement Mating Surfaces cumule les éléments bien
tout comme il faut, de la façon qui convient et avec les bonnes recettes ;
d’un autre côté il faut bien avouer que Mating
Surfaces est un album extrêmement addictif et qu’il fait instantanément
oublier toutes les sortes de griefs que l’on pourrait avoir contre un groupe et
une musique aussi référencés qu’une nomenclature de l’Institut National de la
Statistique et des Études Économiques.
Alors ? Alors rien. Je l'ai déjà dit, Mating Surfaces est une belle réussite –
mis à part l’artwork de la pochette tellement laid qu’il en devient fascinant
– et une parfaite collection de douze chansons acérées et entrainantes (si si)
dont au moins la moitié sont des tubes coincés entre le bac congélation et les
trépidations de la machine. Il n’y a pas de mystère, Lithics est – du moins sur disque * – un groupe pas comme les
autres qui pourtant joue une musique comme tant d’autres. Appelons cela le
talent. Il n’y a pas de mystère… quoique : comme pour bien en rajouter une
couche les paroles des chansons de Lithics
manient l’absurde comme rarement, de quoi me convaincre définitivement.
[Mating Surfaces est publié en vinyle et peut-être
également en CD mais je n’en sais rien du tout parce que je n’ai pas vérifié
par Kill Rock Stars]
* en ce qui concerne les concerts
Lithics est actuellement en pleine tournée européenne
pour les lyonnaises et les lyonnais le
groupe joue au pays des collabos macronistes le dimanche 16 septembre en
compagnie de Tôle Froide, c’est un concert estampillé Grrrnd Zero Hors Les Murs