mardi 11 septembre 2018

Lithics / Mating Surfaces







Avoir un nom qui fait référence à la pierre – lithos, en grec – et par extension aux objets préhistoriques fabriqués à base de pierres transformées puis appeler son deuxième album Mating Surfaces, ce que l’on pourrait traduire par quelque chose comme « surfaces de contact »… il n’y a pas de doute : LITHICS est bien un groupe de post punk dans l’air du temps. Je ne vais pas bouder mon petit plaisir, j’aime le post punk, du moins ce que l’on appelle post punk aujourd’hui : des guitares asséchées, aigrelettes ou stridentes, une basse tendue et ronde, une batterie claquante, un chant monocorde, des compositions rapides, courtes, répétitives et aux tonalités parfois légèrement dissonantes, des structures simples, un minimalisme revendiqué, une froideur assumée, un groove irrésistiblement robotique, un côté complètement arty, l’envie de danser sans bouger les pieds. Lithics possède tout ça. Je donne la note maximale à ce groupe de Portland, Oregon, tellement Mating Surfaces est un parfait modèle du genre. En comparaison les collègues d’Uranium Club passeraient presque pour de piètres pitres progressifs.

J’ai l’air de me moquer mais pas du tout. Si je trouve qu’il y a beaucoup trop de groupes sur le créneau post-punk et donc beaucoup de déchets et de poseurs – mais je préfèrerais toujours ça à un groupe de stoner houblonné ou de math-rock tropicalisé – certains arrivent largement à sortir du lot pour peu qu’ils ne tombent pas dans le côté caricatural de la chose ou, en tous les cas, qu’ils aient suffisamment de choses à dire et de talent pour s’exprimer et éviter toute caricature. Dans le genre (sic), Lithics joue donc carrément avec nos nerfs, dans tous les sens du terme : le groupe pourrait très bien être une image d’Épinal ou une statue dévote achetée à Lourdes tellement Mating Surfaces cumule les éléments bien tout comme il faut, de la façon qui convient et avec les bonnes recettes ; d’un autre côté il faut bien avouer que Mating Surfaces est un album extrêmement addictif et qu’il fait instantanément oublier toutes les sortes de griefs que l’on pourrait avoir contre un groupe et une musique aussi référencés qu’une nomenclature de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques.
Alors ? Alors rien. Je l'ai déjà dit, Mating Surfaces est une belle réussite – mis à part l’artwork de la pochette tellement laid qu’il en devient fascinant – et une parfaite collection de douze chansons acérées et entrainantes (si si) dont au moins la moitié sont des tubes coincés entre le bac congélation et les trépidations de la machine. Il n’y a pas de mystère, Lithics est – du moins sur disque * – un groupe pas comme les autres qui pourtant joue une musique comme tant d’autres. Appelons cela le talent. Il n’y a pas de mystère… quoique : comme pour bien en rajouter une couche les paroles des chansons de Lithics manient l’absurde comme rarement, de quoi me convaincre définitivement.

[Mating Surfaces est publié en vinyle et peut-être également en CD mais je n’en sais rien du tout parce que je n’ai pas vérifié par Kill Rock Stars]

* en ce qui concerne les concerts Lithics est actuellement en pleine tournée européenne




pour les lyonnaises et les lyonnais le groupe joue au pays des collabos macronistes le dimanche 16 septembre en compagnie de Tôle Froide, c’est un concert estampillé Grrrnd Zero Hors Les Murs