jeudi 13 septembre 2018

Plaque Marks / Anxiety Driven Nervous Worship






Il va falloir que je me dépêche un petit peu : non seulement Anxiety Driven Nervous Worship a été publié à la fin du mois d’octobre 2017 (non, je t’arrête tout de suite : cela fait quand même moins d’une année) mais en plus PLAQUE MARKS* était cet été en studio pour l’enregistrement de son tout premier album qui devrait lui paraitre au début de l’année 2019. Enfin une bonne nouvelle.
Le groupe a très tôt défrayé la chronique et il y a de quoi puisque dans Plaque Marks on retrouve le guitariste/chanteur Mike McGinnis qui auparavant officiait dans Fight Amp. Le reste du line-up comprend le guitariste Douglas Sabolick (A Life At Once et Ecstatic Vision), le bassiste Gene Woolfolk (The Powder Room) et le batteur Patrick Troxell (Creepoïd et apparemment également Fight Amp bien que je n’ai pas retrouvé sa trace lorsque j’ai pour l’occasion ressorti mes vieux disques du groupe de Philadelphie). Voilà donc une bonne bande de brutes épaisses et Anxiety Driven Nervous Worship est exactement à cette image : brutal et pas très finaud. Mais tellement bon.

En six titres seulement Plaque Marks s’impose comme l’une des nouvelles références du noise-rock américain actuel. Encore ? me diras-tu. Et oui : encore ! Et j’en veux toujours plus de ces guitares grassement vitriolées (même lorsqu’elles décollent en solo), j’en veux encore de ce chant vociféré et mordant et de cette rythmique sans pitié – puisque tu insistes je vais même te parler des lignes de basse aussi énormes que carnassières, OK ? Et puis j’en redemande également de ce son qui suinte de partout de l’électricité, de la crasse, de la sueur et de la rage. Un son qui ronge les oreilles, chargé d’un acide gluant et collant.
La première face d’Anxiety Driven Nervous Worship comporte pas moins de cinq titres, plutôt courts et expéditifs mais dans le bon sens du terme. Le disque démarre façon vitesse de pointe (Plaque Marks, ça c’est un vrai tube, terriblement accrocheur) puis le groupe privilégie les mid-tempos (Oregon Chem-Trails, Urban Blighters) mais continue d’exploser allègrement les compteurs. Plaque Marks aime citer Cherubs comme l’une de ses principales références et cela s’entend parfaitement à l’écoute d’Anxiety Driven Nervous Worship, en revanche pour être un peu plus complet il faudrait rajouter Unsane et Killdozer : la musique du groupe se situe quelque part à la croisée de ces trois là.

Mais, évidemment, Plaque Marks possède ce truc bien à lui, un esprit corrosif qui hante toutes ses compositions. Non seulement le son des guitares a un potentiel hydrogène** proche de zéro (celles d’Animal Pleasures font penser à des tronçonneuses s’attaquant à une plaque d’acier rouillé) mais encore les riffs ont ce côté tournicoteur qui vrille et crame les cervelles (Piecemaker). Le plus beau reste quand même la face B du disque occupée par une seule et unique composition : les huit minutes d’Anxiety Driven Nervous Worship s’écoulent d’autant plus lentement que le rythme est très ralenti et reptilien, le chant vire au sadisme nauséeux et surtout il y a cette guitare jouée en slide (et là je me demande toujours : est ce un goulot de bouteille de bière ou bien un vieux briquet en plastique qui fait office de bottleneck ?). Ce dernier titre est une pure merveille, enfin je me comprends : une pure merveille de cradeur malfaisante et sournoise. Autant dire que ce mini album constitue un excellent départ qui laisse augurer d’un premier album ravageur et ravagé.

[Anxiety Driven Nervous Worship est publié en vinyle avec plein de couleurs dégueulasses et même en CD (incolore) par Learning Curve records]

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** autrement dit pH : révise tes cours de physique-chimie