Le 11 avril 2015 les infâmes VEUVE S.S. donnaient un ultime concert dans
un Aquaboulevard DIY situé quelque part dans une zone déshéritée au delà du périphérique
de l’Est lyonnais. L’émotion était à son comble et le concert fut bien sûr pétaradant,
décomplexé, crade et jouissif malgré quelques regrets légitimes de voir
disparaitre un tel groupe… Disparaitre ? Vraiment ? Oui. En tous les
cas c’est ce qui avait alors été annoncé, Veuve S.S. étant contraint de se
séparer après le départ de son chanteur pour cause de déménagement pour le cher
pays de son enfance. Ce n’était donc pas qu’un simple au revoir (les gars), même si les Veuve S.S. ont malgré tout refait une
apparition quasi obligatoire plus tard, en septembre 2016 pour les 15 ans du label Destructure.
Et puis surtout il y
avait dans l’air cette idée d’effectuer un enregistrement posthume pour donner
un semblant de vie éternelle à toutes les compositions dont le groupe n’avait
jamais eu le temps de s’occuper avant. De quoi même enregistrer tout un album
bien chargé comme un spliff de weed tassé à la marjolaine. Si on y regarde de
plus près, Veuve S.S. n’avait jusqu’ici jamais sorti de LP mais une foultitude
de splits et de EPs. Il était donc grand temps.
Finalement enregistré – avec un batteur
de remplacement* – en deux jours durant le mois de mars 2017, Traîtres À Tout a mis beaucoup de temps
à voir le jour. Douze titres** de hardcore dégueulasse et sombre en forme de vomi
écœurant. Un vrai chant d'adieu sous le signe de la rage et de la colère, des
compositions jamais prévisibles pour cause de structures pas linéaires de trop (chose plus
que bienvenue pour ce genre de musique), une guitare qui mitraille des riffs découpant
les chairs à vif, un chant qui dégueule constamment, quelques rares bidouilles ou
percussions additionnelles qui rajoutent encore un peu plus de bordel
inquiétant et une rythmique particulièrement bien en place. C’est même ce qui
frappe en tout premier à l’écoute de Traîtres
À Tout : pour la première fois sur un enregistrement de Veuve S.S. on
peut entendre distinctement et clairement les lignes de basse, effet absolument
pas négligeable donnant encore plus de puissance et de ténacité à la musique de
groupe mais sans rien enlever à son côté boueux, cruel, poisseux et charognard***.
Traîtres
À Tout a donc tout du disque qui se mérite. Jusque
dans les moindres détails : sa pochette est collée sur ses quatre côtés et
pour en extraire le disque il n’y a que deux solutions, soit être un adepte sadique
du scalpel et pratiquer une fine incision, soit être un bourrin et déchirer
tout ça, après tout le plus important c’est la musique. Pourtant, en plus de
cette blague qui m’a fait énormément rire, Veuve S.S. a comme d’habitude apporté
un soin tout particulier à la présentation de Traîtres À Tout. Bel artwork, pochette et insert entièrement
sérigraphiés – encore une fois la recherche esthétique de l’objet est en
complète opposition avec la cradeur volcanique de la musique. Traîtres À Tout est peut-être l’ultime
témoignage de Veuve S.S. mais il s’agit sans aucun doute possible du meilleur
disque du groupe. Sans parler des textes bilieux et chargés de noirceur que,
pour une meilleure et indispensable compréhension, on s’empressera de lire sur
l’insert (fort heureusement ils sont aussi disponibles sur le net via la page
b*ndc*mp du groupe).
[cette chronique reste malgré tout
complètement inutile : pour des raisons totalement absurdes et sur
lesquelles je n’ai pas envie de revenir Traîtres À Tout n’a
été pressé qu’à cent exemplaires par le label Nerdcore records – alors autant
dire qu’il est depuis longtemps épuisé]
* celui qui finalement joue sur Traîtres À Tout n’est autre que Oli,
batteur de Death To Pigs, Malaïse, Zone Infinie, etc.
** en fait non : un treizième titre se cache à la fin de la deuxième face du disque, après une plage vide – pour écouter celui-ci il faut faire sauter la tête de lecture de son tourne-disque pour retrouver le sillon enregistré et se prendre en pleine poire une dernière déflagration de rage et de noirceur dégoutée
** en fait non : un treizième titre se cache à la fin de la deuxième face du disque, après une plage vide – pour écouter celui-ci il faut faire sauter la tête de lecture de son tourne-disque pour retrouver le sillon enregistré et se prendre en pleine poire une dernière déflagration de rage et de noirceur dégoutée
*** c’est peu dire que Bruno Germain
fait toujours du bon boulot lorsqu’il enregistre un groupe à l’Epicerie Moderne