Conseil d'utilisation : ceci n'est qu'un blog. Mais sa présentation et sa mise en page sont conçues pour qu'il soit consulté sur un écran de taille raisonnablement grande et non pas sur celui d'un ego-téléphone pendant un trajet dans les transports en commun ou une pause aux chiottes. Le plus important restant évidemment d'écouter de la musique. CONTACT, etc. en écrivant à hazam@riseup.net

mercredi 27 novembre 2019

Comme à la radio : Total Victory





Est-ce que tu as déjà vu Total Victory en concert ? Non ? sûr de sûr ? Et bien tant pis pour toi ! Je ne voudrais pas en rajouter une couche – en fait si, carrément – mais un concert de ces anglais revient à se retrouver propulsé dans une quatrième dimension où les termes de post punk (et éventuellement de new-wave) veulent enfin dire autre chose qu’imiter bêtement les grands anciens de la fin des années 70 et du début des années 80. TOTAL VICTORY possède une identité propre et unique tout en s’adressant à tout le monde, cinq types que tu pourrais croiser tous les jours dans la cage d’escalier de ton immeuble ou au rayon surgelés de ton supermarché discount préféré et qui dès qu’ils se retrouvent ensemble jouent une musique d’une universalité sans nom.

Pourquoi est-ce que je te raconte tout cela ? Pour deux raisons. La première c’est que Total Victory a récemment traversé le Channel pour donner au pays des grenouilles de bénitier socio-libérales une poignée de concerts incandescents. La seconde c’est que le groupe avait dans ses bagages un nouvel EP intitulé Set Control For The Heart Of The Pendle. Et qu’un disque de Total Victory ne se refuse jamais (dans tous les sens du terme).





La première face du disque représente une sorte de quintessence de la musique de Total Victory : Flowers In My Hair est un tube / hymne comme le groupe seul en a le secret et qui nous tient en haleine malgré (à cause de ?) sa structure à tiroir ; Rightward Drift est une incroyable chanson magnifiée de mélancolie ; plus surprenant, Tongue In My Eye pourrait être un croisement entre Death In June et Lee Hazlewood et je trouve le résultat magique, y compris le piano qui distille une mélodie tellement naïve en apparence.
La face B est moins évidente avec les 15 minutes de Oldham Loop sur lesquelles Total Victory s’essaie au post rock, genre que le groupe réussit là aussi à sortir des sentiers battus en l’imprégnant de sa personnalité et d’une douce étrangeté (ce qui n’est pas une mince affaire : non seulement « post rock » cela ne signifie pas grand-chose mais en plus le terme regroupe trop souvent un amoncellement de clichés sans aucun intérêt, sauf peut être pour un fan de Def Leppard ou de Phil Collins). Enfin, T.IM.E. est une version différente de Tongue In My Eye sous-titrée « King James version » mais j’ai eu beau chercher, je n’y ai rien trouvé de biblique, par contre cette réinterprétation décharnée en rajoute un peu côté crépusculaire et ténébreux, comme un parfum de joie triste.
Set Control For The Heart Of The Pendle n’est donc absolument pas un disque au rabais et Total Victory a beau prétendre qu’il ne sera jamais ô grand jamais réédité on peut toujours espérer le contraire : pour mémoire Vs. Big Electric publié en 2016 par le label messin Specific était en fait une compilation d’un EP de 2013 et de divers inédits – laissez-moi rêvez encore un peu !

[mais avant de rêver : techniquement Set Control For The Heart Of The Pendle est ce que l’on appelle un Tour EP et logiquement il devrait être épuisé depuis longtemps, d’autant plus qu’il s’agit d’un tirage limité à 250 exemplaires… sauf qu’un carton de disques perdu par le livreur a entretemps été retrouvé au retour de la dernière tournée du groupe et que Total Victory a aussitôt décidé de les vendre via son b*ndc*mp – merci beaucoup pour les retardataires]