J’ai un peu la flemme en ce moment mais j’ai quand même souvent envie d’écrire quelque chose, écrire sur la musique. Alors j’ai cherché dans tout mon bordel à disques un 7’ qui pourrait faire l’affaire, c’est-à-dire un petit disque avec uniquement deux chansons (maximum trois) et dont je pourrais parler très rapidement, vite fait bien fait, avant de retourner sur une plage de cailloux et me baigner (l’eau est à 17° et tu ne peux pas savoir à quel point j’aime ça). Et puis je n’ai pas trouvé de 7’ ou de single qui aurait fait l’affaire. J’ai du me rabattre sur le disque le plus court – en durée – qui trainait sur mes étagères. Ce disque c’est Oath Of Intent de DELILUH et cela tombe bien parce que j’avais vaguement prévu d’en parler un jour : ce groupe originaire de Toronto/Canada m’avait proprement scotché en première partie d’un Housewives ce soir là particulièrement complaisant. Ce qui me pose une nouvel fois l’éternel problème – qui certes n’en est pas réellement un – entre le ressenti d’un concert et celui d’un disque, découvert et écouté après coup.
N’y allons pas par quatre chemins : ce mini album – qui contrairement à ce que je pensais au départ ne s’intitule absolument pas Freeloader Feast – n’est pas tout à fait à la hauteur de mes souvenirs de ce 15 mai 2015 à Grrrnd Zero ; mais il n’empêche que Oath Of Intent reste un très bon disque, intrigant et personnel. La surprise est donc moindre mais cela reste une surprise : en concert Deliluh avait démontré qu’il est un groupe totalement inclassable et en fait Oath Of Intent opère exactement la même démonstration, plaçant les quatre de Toronto bien à part sur la carte des groupes à forte tendance noisy / post punk / whatever.
Il semble qu’au départ Deliluh était principalement la créature de Kyle Knapp. Il joue de la guitare, du saxophone et il chante, invitant moult musiciens à l’occasion. Ce n’est qu’à partir du premier album Day Catcher que le groupe s’est stabilisé autour d’une formation à quatre : deux guitares, une basse, une batterie et du chant (plus, donc, du saxophone, un peu de bidouille et quelques instruments additionnels). Day Catcher, réédité en 2018 par Hand Drawn Dracula, est influencé par la nonchalance très 90’s et parfois un brin mélancolique de groupes tels que Pavement / Silver Jews mais on y sent aussi la douceur piégée d’un Velvet Underground.
Oath Of Intent est différent puisque le groupe ne s’y cantonne pas à un ou deux seuls registres mais élargit sa palette de couleurs et de formes en se montrant plus insistant, empruntant quelques accents acides à la The Fall ou, bien au contraire, développant des climats atmosphériques où les notions de nappes sonores et d’expérimentations prennent le dessus. Mais quoi qu’il arrive Deliluh ne perd jamais de vue qu’il reste un groupe de « rock » et qu’il compose des chansons accrocheuses, avec un fort pouvoir mélodique doublé d’un sens certain de la tension électrique. Freeloader Feast sonne ainsi comme du kraut entre sonorités très 80’s (les lignes de basse) et une énergie beaucoup plus 90’s, ce qui donne un tube énergique et peut-être bien la meilleure composition du disque. Le chant y est en mode narratif et les paroles sont très touffues : Deliluh nous raconte une histoire.
Les histoires c’est ce qui semble principalement motiver le groupe, y compris sur l’instrumental Oath Of Intent gorgé de saxophone et qui ouvre la première face. Voilà le générique parfait d’un enregistrement en forme de cinématographie (même l’artwork du disque pourrait rappeler un bout de pellicule 35 mm) qui explore autant d’atmosphères qu’il comporte de compositions. Factory Line surgit d’un brouillard urbain et angoissé tandis que Rabbit possède cette lenteur déguisée et ce supplément d’acidité maussade et noisy. Quant à Salford, il s’agit d’une chanson qui au départ renoue avec la concision formelle et l’efficacité narrative de Freeloader Feast sauf qu’elle dure plus de huit minutes, se montre convaincante sur ses passages instrumentaux et ses montées de tension pour s’achever dans une sorte de tourbillon sonique peut-être un peu trop timide – plus je l’écoute et plus je me dis que, paradoxalement, Salford aurait mérité de durer encore plus longtemps, pour jouer avec l’épuisement de l’auditeur. Si Oath Of Intent est réellement ce qu’il annonce être (on pourrait traduire ce titre par « déclaration d’intention »…) cela ne laisse augurer que du meilleur pour Deliluh. Un groupe qu’il me tarde vraiment de revoir en concert comme il me tarde de découvrir la suite de ses enregistrements. A bientôt.
Oath Of Intent est différent puisque le groupe ne s’y cantonne pas à un ou deux seuls registres mais élargit sa palette de couleurs et de formes en se montrant plus insistant, empruntant quelques accents acides à la The Fall ou, bien au contraire, développant des climats atmosphériques où les notions de nappes sonores et d’expérimentations prennent le dessus. Mais quoi qu’il arrive Deliluh ne perd jamais de vue qu’il reste un groupe de « rock » et qu’il compose des chansons accrocheuses, avec un fort pouvoir mélodique doublé d’un sens certain de la tension électrique. Freeloader Feast sonne ainsi comme du kraut entre sonorités très 80’s (les lignes de basse) et une énergie beaucoup plus 90’s, ce qui donne un tube énergique et peut-être bien la meilleure composition du disque. Le chant y est en mode narratif et les paroles sont très touffues : Deliluh nous raconte une histoire.
Les histoires c’est ce qui semble principalement motiver le groupe, y compris sur l’instrumental Oath Of Intent gorgé de saxophone et qui ouvre la première face. Voilà le générique parfait d’un enregistrement en forme de cinématographie (même l’artwork du disque pourrait rappeler un bout de pellicule 35 mm) qui explore autant d’atmosphères qu’il comporte de compositions. Factory Line surgit d’un brouillard urbain et angoissé tandis que Rabbit possède cette lenteur déguisée et ce supplément d’acidité maussade et noisy. Quant à Salford, il s’agit d’une chanson qui au départ renoue avec la concision formelle et l’efficacité narrative de Freeloader Feast sauf qu’elle dure plus de huit minutes, se montre convaincante sur ses passages instrumentaux et ses montées de tension pour s’achever dans une sorte de tourbillon sonique peut-être un peu trop timide – plus je l’écoute et plus je me dis que, paradoxalement, Salford aurait mérité de durer encore plus longtemps, pour jouer avec l’épuisement de l’auditeur. Si Oath Of Intent est réellement ce qu’il annonce être (on pourrait traduire ce titre par « déclaration d’intention »…) cela ne laisse augurer que du meilleur pour Deliluh. Un groupe qu’il me tarde vraiment de revoir en concert comme il me tarde de découvrir la suite de ses enregistrements. A bientôt.
[Oath Of Intent est publié en Europe par le label britannique Tin Angel records]