Le voilà
donc ce groupe dont tout le monde parle dans le petit monde des vieux noiseux
rétrogrades – parce que oui, je ne suis pas le seul exemplaire encore en libre
circulation – et autres amoureux de… de quoi, en fait ? Avec TVIVLER on
est vraiment bien emmerdés mais on aime plutôt ça : le groupe joue dans la
cour des scientifiques spécialistes en hardcore trigonométrique, pratique le
gros son qui brûle, fait du bruit mais avec discernement, sait se montrer
écrasant, possède un sens du groove implacable, découpe ses mélodies au
scalpel, chante exclusivement en danois des paroles bien senties, aime (un peu)
expérimenter à l’occasion, arrive à circonvolutionner tout en restant franc et
direct et possède ce don, plutôt rare, de créer la surprise sans que celle-ci
prenne la forme d’une caresse dans le sens du poil – bien au contraire !
Avons-nous donc affaire à un groupe quasi parfait ? Pour l’instant,
la réponse est oui. Et bien que cela fasse un peu beaucoup pour
un petit homme comme moi, je suis prêt à pardonner (le court) solo de guitare, le plan de
basse multi-doigts et même le passage narratif de fin so emo qui plombent une
partie de Livsform På Tvangsauktion – un titre dont on sent bien qu’il
joue un peu trop avec le feu et qu’il n’en faudrait pas beaucoup plus pour
que Tvivler bascule du côté obscur de l’ostentation. C’est toujours le risque avec les musiciens un peu intellos sur les bords et qui
aiment le bordel : tant qu’ils continuent de chercher comment faire mal, on
peut rester tranquilles et souffrir avec eux. Mais dès qu’ils pensent avoir
trouvé, c’est une toute autre histoire. A suivre…