lundi 12 avril 2021

radiant. / self titled

 

radiant. Ecrit tout en lettres minuscules, avec un T et un point à la fin et à ne pas confondre avec leurs homonymes autrichiens de Radian. Il n’y a pas trop de risque non plus : le groupe – parisien – qui nous occupe ici est plus un adepte et un adorateur du noise-rock qu’autre chose. Avec des participant.e.s dont on a déjà entendu parler : Aurélie à la guitare (et un peu à la voix), Simona à la basse et au chant ainsi que Jérémy à la batterie. Le premier a joué dans Schoolbusdriver, Decicobra et Madeincanada. La seconde officiait dans Testa Rossa. Quant au troisième je ne sais pas d’où il venait mais il est déjà reparti, radiant. semblant être atteint de cette maladie infectieuse qui touche tellement de groupes : l’instabilité chronique du préposé à la batterie. Mais aux dernières nouvelles le trio serait à nouveau au grand complet avec l’arrivée de Léo. Et c’est tant mieux !







radiant. fait donc partie de ces jeunes groupes de (presque) vieux qui jouent une musique fortement inspirée par ce qui se faisait au siècle dernier. Je ne vais pas m’en plaindre. Encore tout récemment un camarade de longue date, me parlant de sa jeunesse, de ses découvertes musicales d’alors, du tournant et du début des années 90, me disait la chose suivante : on écoute la musique de son âge mais on a aussi l’âge de la musique que l’on écoute, pourtant ce qui est amusant c’est que plus on vieillit et plus on écoute des musiques « vieilles » (i.e. datant d’avant son adolescence et d’avant ses années de jeune adulte) ou de musiques « jeunes » (de maintenant) parce que les barrières temporelles finissent par se rétrécir et même des fois carrément s’estomper – mais il est également vrai que l’on en revient toujours à sa musique à soi, celle qui précisément nous a fait aimer la musique en général, et celle qui a fait ce que nous sommes maintenant. J’ai trouvé ça beau comme une tournée de demis de bière bien fraîche engloutis en compagnie d’ami.e.s à la terrasse d’un bar ou comme un pit de hardcoreux écumant et s’ébrouant furieusement pendant un concert dans une cave de squat, alors je n’ai pas pu m’empêcher de lui piquer ces mots là.


Ce que j’aime dans la musique de radiant. c’est sa lenteur. Ou plus exactement sa langueur. Une sorte de fausse / vraie lascivité (j’hésite…) qui masque le caractère sourd et plombé d’un noise-rock finalement plutôt atmosphérique, partagé entre flottements et coups de boutoir. Une musique très charnelle voire érogène, ce que confirme la plupart des paroles des chansons.
Tout est une question de temps et de ce que l’on en fait : radiant. semble bien l’avoir compris, nous abandonnant au milieu de compositions collantes et urbaines – que le groupe ait choisi une photo de train (de banlieue ?) pour illustrer la pochette de son disque est d’ailleurs une excellente idée. Du coup la frontalité n’est pas ce que l’on retiendra le plus d’un disque qui paradoxalement ne manque ni d’énergie ni d’explosions soniques (la longue partie de guitare occupant plus de la moitié et toute la fin de Forever) et qui flirte éventuellement avec un shoegaze se métamorphosant peu à peu en lourdeur onirique (Martha). Sur le dytique / dialogue à deux [u] et [i] on pense carrément à Slint roulant des pelles à Chokebore tandis que Rims donne le coup de grâce avec son final dissonant.

Il n’y a que l’instrumental VIII qui se démarque vraiment de tout le reste du disque avec une allure rectiligne au dessus de la moyenne générale et une forme plus classiquement itinérante, un peu comme un voyage répétitif dans l’espace. Ce qui, en conclusion, nous donne un excellent premier disque et surtout plein d’espoir pour la suite…



[ce mini album sans titre de radiant. est publié en vinyle blanc par Jarane, seul et unique label à avoir accepté d’investir et de perdre de l’argent dans cette folle aventure – mais dis-moi Camille, comment est-ce que tu fais ?]