On va le faire avec un peu de retard – on n’est vraiment plus à ça près depuis que la vie décidé de nous faire des blagues en nous permettant de regarder droit dans les yeux ce monde qui s’effrite doucement mais sûrement – mais il est grand temps de fêter comme il se doit le 10ème anniversaire de Hands In The Dark. Le label est basé entre Londres et la Franche-Comté (du coté d’Ornans il me semble, si tu ne connais pas va y faire un tour dès que tu le pourras, c’est un chouette endroit) et c’est le 7 décembre dernier que cette belle maison dédiée aux musiques expérimentales au sens large a célébré sa première décennie d’intense activité.
Dernier disque publié par Hands In The Dark en 2020, Parallel Voices de Brian Case portait la référence HTD54 et même les nuls en arithmétique auront calculé que la label aura édité pas moins de cinq enregistrements par an depuis 2010. Admiration. Pourtant aujourd’hui je ne vais pas te parler de l’album de Brian Case – néanmoins chaudement recommandé – mais plutôt d’un disque sorti en mars de l’année dernière et l’une des plus belles parutions estampillées Hands In The Dark : Robot Brujo de groupe RAZEN.
En fait de groupe je devrais plutôt parler de collectif. Basé à Bruxelles et à géométrie variable, Razen est une association hétéroclite de musiciens pour une instrumentation très diverse. La musique du groupe, très improvisée, est ainsi faite de synthèse analogique, de guitare, d’instruments à vent, de contrebasse, de vieille à roue, de saranji, de percussions, d’ondes Martenot, etc…
Robot
Brujo, dixième enregistrement de Razen depuis 2010
(!) mais le tout premier sur Hands In The Dark après plusieurs collaboration
avec le label (K-RAA-K)³, est un double album partagé entre musique répétitive,
drone, musique industrielle ambient, jazz stratosphérique et… et je ne sais pas
vraiment quoi : écouter Robot Brujo revient à se plonger dans une
musique d’apparence minimale mais en fait très élaborée et dont la
sophistication discrète souligne une immense part de magie. Bien malin qui pourra
affirmer avec exactitude la provenance des textures, des notes et des sons entendus
ici.
Au-delà des instruments et des techniques employées on retiendra donc un incroyable équilibre atemporel entre mécanique et sorcellerie (robot / brujo, qui signifie « sorcier » en espagnol). Et cette faculté à rendre la notion de durée – notre durée – complètement obsolète, comme dans un mantra. En cela la musique de Razen possède un profond caractère spirituel et même mystique.
Joyeux
anniversaire.
ps : la prochaine parution d’Hands In The Dark sera rien de moins que l’album
Intimate Immensity de Tomaga, le dernier enregistré par le duo avant la
disparition du très regretté Tom Relleen