Mais qu’est ce qui peut bien différencier BAPTISTS
de n’importe quel autre groupe de d-beat / punk hardcore ? Ils sont beaucoup
plus beaux que tous les autres ? Plus intelligents que la moyenne ? Plus
sexy que les frondeurs Gasmask Terrör ? Ils ne boivent que de la bière
artisanale fermentée à l’écorce d'arbres morts ? Ils ne posent pas sur les photos en prenant des allures de touffe
guys ? Ils n’ont pas les cheveux longs ? Ils ne portent pas de chemises
à carreaux pour bien faire comprendre qu’ils sont canadiens ? Ils arrivent
à publier des albums qui dépassent la demi-heure d’agression sonore ? Presque. Il semblerait que Baptists soit
un énième groupe lambda dans le genre, du moins c’est ce que j’entends (et lis)
beaucoup trop souvent au sujet de ces jeunes gens originaires de Vancouver
signés par Southern Lord
et dont le troisième album intitulé Beacon Of Faith
a été publié au mois de mai 2018. Et quel album !
Je reconnais que Bushcraft, le premier LP de Baptists
sorti en 2013, a laissé de marbre la plupart des touristes de retour du
HellFest ou de Disneyland. Et pourtant ce disque possède des qualités
indéniables : solide, virulent, hargneux, sale, avec un riffing finalement
assez peu orthodoxe (cette guitare sonne quand même étrangement vitriolée et
c’est particulièrement flagrant sur les compositions les plus lentes), une
section rythmique implacable (avec à la batterie l’extra-terrestre Nick
Yacyshyn, oui celui qui joue également dans Sumac)
ainsi qu’un brailleur à la voix bien rauque et écorchée et dont je suis persuadé qu’en
concert il assure comme un chef dans son rôle de tête de gondole. Autant de
qualités encore plus évidentes sur Bloodmines,
le deuxième album du groupe (2014) : Baptists devient quasiment insurpassable sur The
Calling qui jusqu'ici pouvait assurément passer pour l’une des meilleures compositions du groupe
et surtout un modèle de tension abrupte digne d’un groupe de noise-rock.
J’arriverai même à pardonner l’autocollant
apposé sur la pochette de protection du disque et qui indique presque
inexorablement que Bloodmines –
c’était pareil avec Bushcraft – a été
enregistré par Kurt Ballou #gnagnagna. Par contre le concept redondant de ces
visuels de pochettes assez étranges et même franchement arty pour un groupe de
d-beat, aussi tordu soit-il, me séduit totalement. Concept repris pour le
troisième album de Baptists, Beacon Of Faith, et qu’il aura fallu
attendre presque quatre années. Est-ce à dire que rien n’a changé depuis tout
ce temps ? Le groupe (et le label) semble nous dire que non avec un
nouveau sticker « informatif » que l’on pourrait traduire par quelque
chose comme : troisième tentative
d’enregistrer un premier album. Au moins personne ne pourra affirmer que
les quatre Baptists ne possèdent pas
un certain sens de l’humour ni de l’auto-dérision.
Et ce sera toujours mieux et surtout
beaucoup plus drôle que la fausse modestie d’un groupe qui étale sa fierté de
l’acte accompli. La fierté c’est de la roupie de sansonnet, tout comme sa
cousine l’arrogance, chose dont Baptists
ne semble pas trop faire preuve et c’est tant mieux. Avec Beacon Of Faith, toujours enregistré par Ballou, le groupe s’est
contenté avec sa musique – et c’est déjà beaucoup – de reprendre les choses là
où elles en étaient pour la rendre encore plus malade, sombre, ardente,
sauvage, frénétique et torrentielle. Les morceaux et les passages lents
sont toujours plus torturés et plus intenses (et parfois même teintés d’une étonnante
pointe de lyrisme enragé comme pour le final du formidable Carbide) tandis que les
titres rapides et linéaires ont gagné en épaisseur et en densité, limitant tous
risques de dérapages incontrôlés jusqu’au fin fond des fossés de la redondance
(et de la lassitude).
J’irais même jusqu’à affirmer que Baptists et Beacon Of Faith redonneraient presque confiance en sieur Kurt Ballou qui depuis vingt années maintenant (et oui… les studios GodCity ont été fondés en 1998) a largement contribué à l’émergence et au développement du hardcore moderne avant de l’enfermer dans des tics et des clichés de production et de le scléroser complètement. Encore une fois je ne peux pas m’empêcher de penser que ce qui fait toute la différence, ce qui explique pourquoi un groupe arrive à résister plus ou moins valeureusement à l’essorage Ballou, repose sur sa petite part d’originalité bien à lui. Celle de Baptists tient à peu de chose – le hardcore d-beat est stylistiquement défini et (dé)limité depuis très, très longtemps – mais elle est manifeste et surtout elle ne peut que me plaire, résidant dans le côté retors et presque pervers d’une musique qui derrière le prétexte de filer droit et d’exploser rapidement tel un vulgaire shrapnel nous éclabousse d’autant de noirceur. Surtout que Beacon Of Faith comporte beaucoup plus de ralentissements opportuns et de nuances inquiétantes que les deux albums précédents du groupe, se payant même le luxe de s’achever sur un instrumental tendance post hardcore sauce gadoue existentielle.
J’irais même jusqu’à affirmer que Baptists et Beacon Of Faith redonneraient presque confiance en sieur Kurt Ballou qui depuis vingt années maintenant (et oui… les studios GodCity ont été fondés en 1998) a largement contribué à l’émergence et au développement du hardcore moderne avant de l’enfermer dans des tics et des clichés de production et de le scléroser complètement. Encore une fois je ne peux pas m’empêcher de penser que ce qui fait toute la différence, ce qui explique pourquoi un groupe arrive à résister plus ou moins valeureusement à l’essorage Ballou, repose sur sa petite part d’originalité bien à lui. Celle de Baptists tient à peu de chose – le hardcore d-beat est stylistiquement défini et (dé)limité depuis très, très longtemps – mais elle est manifeste et surtout elle ne peut que me plaire, résidant dans le côté retors et presque pervers d’une musique qui derrière le prétexte de filer droit et d’exploser rapidement tel un vulgaire shrapnel nous éclabousse d’autant de noirceur. Surtout que Beacon Of Faith comporte beaucoup plus de ralentissements opportuns et de nuances inquiétantes que les deux albums précédents du groupe, se payant même le luxe de s’achever sur un instrumental tendance post hardcore sauce gadoue existentielle.