Ripper
/ Mr Deer existe en tellement de versions différentes que
cela me fatigue. Mais cela ne m’étonne pas non plus d’un label tel que Skingraft,
illustre maison de disques spécialisée depuis plus de vingt-cinq ans en trésors
mais aussi en gadgets phonographiques. On retrouve sur ce disque deux groupes
distincts et on ne présente plus les premiers : Xaddax est un duo – et un
couple marié – formé par Nick Sakes (Dazzling Killmen, Colossamite, Sicbay) à
la guitare et au chant et Chrissy Rossettie à la batterie et à la bidouille
électronique. De l’autre côté My Name Is Rar-Rar a tout du faux groupe
inconnu puisqu’il s’agit, justement, de l’ancien groupe de Chrissy
Rossettie et dans lequel ont également joué le guitariste Chuck Falzone ainsi
que le bassiste Jonathan Hischke qui ont un temps participé aux Flying
Luttenbachers de Weasel Walter – par exemple sur les albums Revenge, Gods Of Chaos ou The Truth Is
A Fucking Lie pour le premier, Infection
And Decline pour le second. Du bon gros gratin de l’underground excentrique,
quoi.
Donc, je récapitule : Ripper / Mr Deer un split entre Xaddax
et My Name Is Rar-Rar. Un 7’ qui comporte deux nouveaux titres de Xaddax ainsi
que deux titres remasterisés et issus d’un album que My Name Is Rar-Rar avait
enregistré en 2003 mais n’avait jamais pu sortir, le groupe s’étant séparé
juste avant. Il existe deux pochettes différentes pour ce petit bout de
plastique, chaque groupe ayant la sienne. Mais ce disque existe également en
CD, toujours avec ses deux pochettes alternatives et un track listing qui cette
fois comporte l’intégralité de l’album perdu de My Name Is Rar-Rar et toujours
les deux inédits de Xaddax. J’en ai mal à la tête…
Je n’épiloguerai pas sur l’intérêt très
limité de sortir autant de versions différentes d’un même disque. Les
productions Skingraft étant qui plus est très difficiles à trouver à des prix
décents et accessibles pour les travailleurs honteusement exploités par le
capitalisme triomphant et les allocataires de l’aide sociale – en résumé tous les
branleurs paresseux, cyniques et extrêmes –, ce disque n’est qu’une incitation pure
et simple au vol et au téléchargement illégal. Ce qui me désole parce que
refuser d’engraisser Warner, Universal ou Sony Music me parait légitime voire hautement
nécessaire alors qu’un label tel que Skingraft mériterait tout notre soutien,
en débit de ses quelques pratiques commerciales peu reluisantes.
Par contre je m’en foutrais un peu plus si ce split présentait plus d’intérêt musical et artistique. Sur les deux titres signés Xaddax, seul Ripper mérite que l’on s’y attarde un peu, mais pas de trop quand même parce que cette nouvelle composition, bien trop courte et presque simpliste, peine à égaler le niveau de celles de Counterclockwork, l’unique album que Xaddax a publié jusqu’ici, c’était en 2012 ; l’autre titre proposé ici par le duo s’intitule Bug March et constitue un instrumental particulièrement indigent et fade, alors on passe rapidement.
Par contre je m’en foutrais un peu plus si ce split présentait plus d’intérêt musical et artistique. Sur les deux titres signés Xaddax, seul Ripper mérite que l’on s’y attarde un peu, mais pas de trop quand même parce que cette nouvelle composition, bien trop courte et presque simpliste, peine à égaler le niveau de celles de Counterclockwork, l’unique album que Xaddax a publié jusqu’ici, c’était en 2012 ; l’autre titre proposé ici par le duo s’intitule Bug March et constitue un instrumental particulièrement indigent et fade, alors on passe rapidement.
Le cas de l’« album » de My
Name Is Rar-Rar est un peu plus complexe. Replacé dans son contexte
(c'est-à-dire l’année 2003) Mr Deer
est une skingrafterie typique et datée avec son outrance arty et son côté foutraque
pour clowns-musiciens. Un disque qu’effectivement Skingraft aurait pu largement
publier à l’époque, alors que le label perdait de plus en plus de son aura et
de sa crédibilité et peinait à trouver des nouveaux groupes réellement
palpitants (cette déliquescence de Skingraft ne trouvant pas de meilleur
symbole que dans la signature dans la deuxième moitié des années 2000 des tout
juste passables Aids Wolf et Pre ou des effroyables Gay Beast, mais passons). Mr Deer n’a qu’un intérêt documentaire
et donc historique mais cela s’arrête là. Je n’ai jamais vraiment aimé les
groupes dont les musiciens portent des faux-nez rouges et jouent des trucs qui
se veulent décomplexés alors qu’ils respirent le maniérisme démonstratif, ce
bidule cérébral que Franck Zappa a malencontreusement mais sciemment introduit
dans les musiques électriques. Quel enfoiré celui-là.