L’une des bonnes surprises du moment nous vient d’Italie et plus précisément de Bologne : CATORCIO c’est quatre musiciens – chant, guitare, basse et batterie – qui mélangent avec bonheur et jubilation noise-rock et math-rock. Encore ? me diras-tu et là je te répondrai que l’on n’a pas affaire à une énième resucée de recettes usées jusqu’à la corde. Ce qui me parait essentiel dans la musique du groupe c’est qu’il ne se contente pas de jouer des trucs niqués et alambiqués mais qu’il passe une bonne partie de son temps à tout dégueulasser. La voix en est le meilleur exemple, bel organe rauque et grave qui glaviotte avec délectation ou susurre des postillons psychotiques. La basse virevolte mais elle fait aussi appel à ce bon gros son boueux, essentiel à tout groupe de noise qui se respecte. La guitare aime racler là où ça fait mal et nous enfoncer des clous entre les cervicales. La batterie réussit à être à la fois massive et inattendue. Maintenant, faisons un peu de géométrie : tu traces un triangle équilatéral et à chacun de ses sommets tu places (dans l’ordre que tu veux) Hoaries, Killdozer et The Conformists. Puis tu traces trois droites reliant de façon perpendiculaire chaque sommet avec son côté opposé. Tu remarqueras qu’elles se croisent en un seul et unique point, au milieu de triangle : c’est précisément là où se situe Catorcio, percheron roublard, bordélique mais extrêmement sympathique, toujours en train d’essayer de courir à reculons lorsqu’il ne rue pas dans les brancards pour nous fracasser le crane.