mercredi 21 décembre 2022

[chronique express] Trigger Cut : Soot



 

Faut surtout pas se laisser faire. Si le troisième album de TRIGGER CUT s’intitule Soot (« suie » en français) c’est parce qu’en 2021 le groupe allemand emmené par le guitariste et chanteur Ralph Scharrschimdt a vu son local de répétition détruit par un incendie. Les instruments de musique et tout le matériel qui n’ont pas été la proie des flammes ont tout simplement été rendus inutilisables par une suie noire et collante, un vrai poison. Si on rajoute un défaut d’assurance, le tableau de la catastrophe devient complet et on a connu des groupes qui se sont séparés pour beaucoup moins que ça. Un peu plus d’une année plus tard, appels aux dons et mobilisation aidant, Trigger Cut nous revient donc. Plus vivant, plus virulent et plus fort que jamais. D’où, sûrement, la symbolique pas très finaude d’un Phoenix sur la pochette du disque. Mais ce n’est pas qu’une image : Soot est un concentré de hargne et de rage électrique propre à ce bon vieux noise-rock strident, tendu du slip à la mode de Chicago et régulièrement éclairé par une pointe d’émophilie post-Dischord, surtout au niveau du chant égosillé. A tout bien y réfléchir, Trigger Cut est l’un des meilleurs représentants en la matière, reprenant de main de maitre une musique irradiante qui m’avait marqué entre toutes dans les 90’s et ce que le groupe fait, souvent il le fait largement mieux que les autres. Je déteste cette expression qui consiste à dire « un mal pour un bien » mais je dois bien avouer malgré tout que Soot est de très loin le meilleur album du groupe. Parce que c’est le plus énervé, le plus débridé, le plus furieux mais aussi le plus mélodique. Fire walk with me.