Faut surtout pas
se laisser faire. Si le troisième album de TRIGGER
CUT s’intitule Soot (« suie »
en français) c’est parce qu’en 2021 le groupe allemand emmené par le guitariste et
chanteur Ralph Scharrschimdt a vu son local de répétition détruit par un
incendie. Les instruments de musique et tout le matériel qui n’ont pas été la
proie des flammes ont tout simplement été rendus inutilisables par une suie
noire et collante, un vrai poison. Si on rajoute un défaut d’assurance, le
tableau de la catastrophe devient complet et on a connu des groupes qui se sont
séparés pour beaucoup moins que ça. Un peu plus d’une année plus tard, appels aux
dons et mobilisation aidant,
Trigger Cut nous revient donc. Plus vivant,
plus virulent et plus fort que jamais. D’où, sûrement, la symbolique pas très
finaude d’un Phoenix sur la pochette du disque. Mais ce n’est pas qu’une image :
Soot est un concentré de hargne et de
rage électrique propre à ce bon vieux noise-rock strident, tendu du slip à la
mode de Chicago et régulièrement éclairé par une pointe d’émophilie
post-Dischord, surtout au niveau du chant égosillé. A tout bien y réfléchir, Trigger Cut est l’un des meilleurs représentants
en la matière, reprenant de main de maitre une musique irradiante qui m’avait
marqué entre toutes dans les 90’s et ce que le groupe fait, souvent il le fait largement
mieux que les autres. Je déteste cette expression qui consiste à dire « un
mal pour un bien » mais je dois bien avouer malgré tout que Soot est de très
loin le meilleur album du groupe. Parce que c’est le plus énervé, le plus
débridé, le plus furieux mais aussi le plus mélodique. Fire walk with me.