Si tu as raté la
tornade TRVSS c’est dommage pour toi parce que le trio n’existe plus vraiment
mais il n’y a rien de rédhibitoire non plus à cela. Après deux albums dont
un New Distances quasi miraculeux en 2020
puis le départ de la section rythmique du groupe, le guitariste/chanteur Daniel
Gene est de retour avec deux nouveaux musiciens et un nouveau de nom : MIRAKLER. Et dans les faits cela ne
change pas grand chose. Ou plutôt Mirakler
laisse à penser qu’une étape supplémentaire a été franchie avec ce récent single
à la pochette aussi inquiétante que réussie (un faux test de Rorschach ou une
tête de mort, c’est comme on veut) qui comprend deux titres complètement
dingues.
Même les vieux noiseux rétrogrades ou les personnes qui pensent que Chris
Spencer et Unsane ont encore deux ou trois truc intéressants à raconter seront
scotchés par la violence du trop bien nommé Instant
Drugs et de The Shootist,
nouveaux maitres-étalons en matière de noise-rock vicieux, sale, méchant et
destructeur. Ce n’est même pas la peine de parler de machine à remonter le
temps et de voyage dans l’éternité des 90’s, tout ici est parfait, depuis les
guitares qui cisaillent constamment de la viande avariée à la rythmique ultra
énervée en passant par le chant légèrement trafiqué et définitivement malsain. Instant Drugs / The Shootist
est un single incendiaire comme on n’en croise plus tellement, publié
conjointement par deux des meilleurs labels US dans le genre, The Ghost Is Clear et Reptilian records.
Toujours chez The Ghost Is Clear, un autre 7’ publié un peu plus tôt dans l’année et dont le
premier avantage est de nous donner des nouvelles fraichement réjouissantes de MOON PUSSY (meilleur nom de groupe du monde, selon l’une de mes
filles). On avait déjà adoré
l’album sans titre publié en 2020 par ce trio originaire du Colorado et on
adore tout autant Mediation et Mary Anning, deux nouveaux titres
visqueux qui tournent toujours autour des lignes de basse et du chant écorchée
de Crissy Cuellar. Le premier est le plus direct et le plus classique mais très
efficace tandis que le second rappelle que Moon
Pussy excelle particulièrement dans le domaine de la reptation du malsain.
On retourne la galette (en vinyle rose) et, puisqu’il s’agit d’un split, on
retrouve Mirakler avec là aussi deux titres. En fait un titre et demi puisque Cotard’s Delusion est un court instrumental qui sert d’introduction
à One, une reprise… de Metallica, ce
groupe de beaufs qui en 1986 aurait mieux fait de crever en même temps que son
bassiste à pattes d’éléphant. Dans mes souvenirs le titre original est une
sorte de slow existentialiste, démago et pleurnichard. Ce qu’en fait Mirakler n’a strictement rien à voir,
c’est du pur noise-rock mâtiné d’alternance entre passages faussement calmes
mais fébriles et épandages vitriolés chargés d’une tension qui laisse
systématiquement penser que le pire reste encore à venir. Un titre qui donne
furieusement envie d’en écouter beaucoup plus de la part de Mirakler et un split single
presque incontournable lui aussi.