lundi 12 septembre 2022

[Chronique express] Chat Pile : God's Country




C’est peut dire que j’attendais le deuxième LP de CHAT PILE avec impatience. Le premier était une compilation de deux EP mais se tenait parfaitement de bout en bout, au point d’être l’un de mes disques préférés de l’année 2020. La suite est encore meilleure et un peu différente. Massif, monolithique, caréné à la crasse, laissant moins libre cours au désordre suintant qui hantait les disques précédents, moins organique, définitivement psychopathe et vicieux mais surtout désespérant, cérébral et anxiogène comme jamais, God’s Country fait tout pour nous enlever toute joie de vivre. Il n’est pas très aisé de rentrer complètement dedans, inconditionnellement, sans y laisser quelques points de vie. Mais une fois que l’on y est, on ne veut plus en ressortir, alors tant mieux s’il ne s’agit pas d’un disque facile ou immédiat. Plus métallique, plus industrielle et (un peu) moins noise rock, la musique de Chat Pile se mérite donc toujours plus – on aime ou on déteste. Ici on adore complètement et définitivement. Avec une légère restriction : Grimace Smoking Weed, dernier titre de l’album, un chouïa laborieux parce que trop volontairement torturé du haut de ses neuf minutes – les gars, on avait déjà compris que vous souffrez et que vous tenez absolument à ce que l’on souffre avec vous. Mais pour le reste c’est du tout bon (Anywhere, à la fois visqueux et urticant), voire de l’exceptionnel (Wicked Puppet Dance, brûlot incontestable). Avec God’s Country Chat Pile réédite l’exploit de publier l’un des disques majeurs et incontournables de l’année et confirme qu’il est bien ce grand groupe sur lequel il va falloir compter.