Rien ne semble
pouvoir arrêter MOOR MOTHER qui,
moins d’une année après Black
Encyclopedia Of The Air,
publie déjà un nouvel enregistrement (au moins son septième sous son seul nom
depuis 2015 et son deuxième pour le label Anti). Diversifiant, malaxant et superposant
ses sources sonores, mélangeant différentes textures, déconstruisant les
rythmes, multipliant les interventions vocales et enjambant les genres musicaux
tout en explorant une veine plus mélodique qu’auparavant, la musicienne et poétesse continue de définir et de développer la
pratique expérimentale de sa musique, une musique tellement unique que l’on
serait bien mal inspiré de lui coller une appellation trop définitive. Composé
de dix-huit plages parfois très courtes, son nouvel album dure pourtant
quarante trois minutes et prend des allures de kaléidoscope multiforme : de
nombreux·ses invité·es viennent poser leur voix – en mode rapé, slammé ou
chanté –, le trompettiste Aquiles Navaro et le saxophoniste Keir Neuringer du
groupe Irreversible Entanglments font à nouveau des merveilles et Jazz Codes, reliant blues, free jazz et soul music, citant
aussi bien Billie Holiday que Sun Ra, est un hommage appuyé, militant et
mystique à la musique noire, immortelle et universelle. Encore un disque
passionnant et indispensable de la part de Moor
Mother.