vendredi 6 mai 2022

USA Nails / Psychic Graveyard : split

 

Le plus souvent, lorsqu’on parle d’un split, il y a l’un des deux groupes concernés dont la notoriété (même relative) sert de tremplin à l’autre, qui peut alors en profiter un peu. Et bien là, non, pas du tout : USA Nails et Psychic Graveyard occupent une place similaire et équivalente, bien lovés dans mon petit cœur flétri de noiseux rétrograde et cette chronique aurait pu être écrite dans n’importe quel ordre, en commençant indifféremment par l’un ou par l’autre participant. On peut donc aussi la lire comme on veut, uniquement dans le sens du plaisir. Je dis tout ça sans exagérer, hein, ce n’est pas mon genre. Parce que si tu apprenais que deux de tes groupes préférés du moment s’apprêtaient à sortir un disque en commun, qu’est ce que tu aurais fait, toi ? Moi j’ai tout simplement hurlé de joie, levant les bras en l’air dans un geste de bonheur extatique et démesuré. Puis j’ai cherché du son sur les internets et, rapidement convaincu, j’ai remué Ciel, Terre et Enfer pour dégoter une copie de ce disque à un prix décent, ce qui cette fois m’a pris beaucoup plus de temps. Etonnant, non ?







Veins Feel Strange, le troisième et excellentissime album de PSYCHIC GRAVEYARD tourne encore régulièrement sur la platine-disques de mon salon-moquette que débarquent cinq inédits des Américains, telle une bénédiction maléfique. La guitare est toujours aux abonnés absents au profit de synthétiseurs et de machines démoniaques – quoiqu’un son difficilement identifiable parasite l’introduction de Strangest Hobbies – et l’ambiance générale est aussi joyeusement détestable, encore plus froide, glauque et sale qu’une fête d’adolescents de quinze ans découvrant le pouvoir du crack au fond d’un parking souterrain. Les trois premiers titres sont particulièrement lents et semblent même gagner en viscosité toxique, Love My Skeleton Too culminant en matière de léchage corporel nécrophile. Du coup l’enlevé et rapide What Happens To Zero ferait presque l’effet d’une ritournelle enflammée, vite contrebalancée par le certes plus anecdotique Wrecked At The Yankee Swap et ses samples de conversation volés (je n’ai pas tout compris). Ce n’est pas aujourd’hui que je serai déçu par Psychic Graveyard.
Changement de face et changement de décor. Et, si on excepte un split 7’ avec Petbrick publié en janvier 2021 chez God Mountain, il s’agit du premier enregistrement conséquent publié par USA NAILS depuis la fin de l’année 2020 et le plus que formidable Character Stop. Affirmer que j’étais très impatient de découvrir ces six titres, inédits là aussi, est un euphémisme. Le rythme général est infernal et les Anglais sont vraiment très survoltés, bien plus punks que sur le sus-nommé Character Stop, tout en conservant cette qualité inventive et ultra-noise des guitares, véritables torpilles vrillantes qui mettent nos nerfs à vif. It’s All In The Context résume à lui tout seul et malgré une durée inférieure à une minute tout le savoir-faire d’un groupe de plus en plus incroyable et essentiel.
Ce split est donc un incontournable absolu et j’en profite également pour rappeler que les chéris-chéris de Bigoût records ont en ce début d’année 2022 réédité en vinyle orange (s’il vous plait) l’album No Pleasure, deuxième et assurément l’un des deux meilleurs albums de USA Nails. Prosternation.

[Psychic Graveyard - USA Nails est publié en vinyle et en cédé par Skin Graft et Box records]