Attention :
contrairement à ce qu’indique la pochette de ce split 12' et le titre de cette
chronique, ceci n’est pas véritablement un nouvel enregistrement de Gnod. Pour
cela il faudra attendre l’arrivée plus qu’imminente d’Hexen Valley,
le cinquante-quatrième (?) album du collectif anglais, chez son label habituel,
Rocket recordings. Non, j’aurais mieux fait de préciser GNOD R&D, c’est-à-dire l’association de Paddy Shine et de Chris
Haslam et ce qu’ils définissent comme une version épurée de Gnod dont ils sont tous
les deux, oui c’est vrai, des membres fondateurs. Le projet est relativement
récent mais a tout de même engendré l’édition de quatre cassettes et d’un
double LP depuis 2017. Si j’ai bien tout compris, les deux compères se servent
de Gnod R&D pour tester des
nouveaux sons, des nouvelles configurations et des nouvelles idées pour leur
groupe principal. Ils souhaitent également jouer la carte de l’interactivité
avec leur public et les lieux dans lesquels ils donnent des concerts. Mais pour
écouter les titres qu’ils proposent ici il vaut mieux malgré tout oublier le
nom de Gnod.
Pas de basse et pas de batterie mais une boite-à-rythmes et quelques trames de
synthétiseur. Pas de guitares mais des sons chelous et piquants. Le chant sur Paint It Blacker conserve il est vrai la
fonction d’invective propre à Gnod mais on a ni plus ni moins affaire à de la
musique électronique, froide et inquiétante. Pas de quoi crier au génie mais
pas de quoi non plus hurler à l’arnaque. Juste une composition répétitive et
oppressante de six minutes qui se termine en queue de poisson. Let’s Get Numb est encore moins palpitant
(pourtant cette fois-ci il y a un peu de guitare qui vient foutre le bordel) et
on a finalement l’impression que Shine et Haslam voulaient avant tout s’amuser.
J’espère que la drogue était bonne et qu’ils ont effectivement pris du bon
temps.
L’autre côté du disque est occupé par deux titres de WHOK aka Whirling Hall
of Knives. La référence aux
Butthole Surfers n’aura échappé à personne mais elle ne sera d’aucune utilité
pour appréhender correctement la musique de ce groupe (encore un duo) irlandais
qui lui aussi donne dans la musique electro minimale, frappée et toxique. Cloratranq et Cloratranq (Afterglow)
sont nettement plus intéressants que la contribution de Gnod R&D. Une composition
et une réinterprétation gazeuse de celle-ci malsaines et perturbantes avec
leurs rythmiques indansables et leurs voix toutes niquées à l’aide de cartes
son défectueuses (uniquement pour la première) et dotées d’un goût assuré pour
les crises d’angoisse montantes et les descentes d’escaliers mécaniques pris à
l’envers – comprendre : c’est plutôt lent, rampant et caillouteux. Afterglow est même très cinématographique, dans le bon sens du
terme. En fan irréfléchi je m’étais aveuglément procuré ce disque pour sa
première face et finalement je n’en écoute surtout que la seconde, en attendant
de creuser un peu plus le sujet, ces deux compositions de Whok m’ayant tout simplement mis en appétit (haha). Et on reparlera
vraiment de Gnod ici dès que possible…
[Gnod - Whok est publié en vinyle (orange) par Riot Season à 350 exemplaires]