vendredi 4 février 2022

Verdun / Old Iron : split

 


 

Si tu veux tout savoir, je me suis mis à ronchonner (c’est comme une seconde nature chez moi) et à bouder les Montpelliérains de VERDUN lorsque le groupe a publié The Eternal Drift’s Canticles… en 2016. Autant j’avais été fan – et je le suis toujours – du EP The Cosmic Escape Of Admiral Masuka (2011) et autant j’avais aimé le groupe les premières fois que je l’avais vu en concert (un, deux et trois), autant j’ai complètement été largué par la suite : quelques changements de line-up auxquels je ne comprenais rien et, donc, un album auquel je n’ai jamais accroché parce que la musique du groupe me semblait y perdre beaucoup de sa dangerosité initiale ont eu raison de ma bonne volonté. Mais il s’est depuis passé beaucoup de temps et Verdun a publié Astral Sabbath en 2019 et surtout ce split, encore tout chaud brûlant et en compagnie des Américains d’Old Iron, chaque groupe proposant deux titres inédits.
Côté Verdun c’est d’entrée la grosse régalade avec Narconaut et ses presque huit minutes et une intro tellement planante et céleste que l’on frise le doom goth façon My Dying Bride des tout débuts… Mais cela ne va pas durer, les anges finissent toujours par passer, le ciel par s’assombrir et place aux riffs saignants et aux rythmiques pachydermiques : le doom vitriolé et teigneux – principalement le fait du chant, toujours aussi particulier – mais étrangement mélodique du groupe est de retour et ce de la plus belle des façons. La suite est encore plus étonnante puisque Verdun s’attaque carrément à une reprise du Dawn of the Angry de Morbid Angel (un titre de l’album Domination des death-métalleux). C’est complètement osé parce que les styles musicaux propres à chacun sont à la base complètement différent mais surtout parce que… Morbid Angel c’est très loin d’être n’importe quoi non plus en matière de groupe cultissime ! Bref, sur la version des Montpelliérains le rythme a été ralenti (évidemment…), il y a Said de Mudweiser (groupe dans lequel on trouve également Jay de Verdun) qui est venu jouer de la guitare et Benjamin de Fange qui lui a ajouté un peu d’électronique bruitiste. Le pari pouvait sembler osé mais cette reprise fonctionne parfaitement et surtout colle idéalement à Verdun qui a bien su se l’approprier, il n’y a rien à y redire. Me voilà réconcilié, non ?

On retourne le disque. OLD IRON est un trio de Seattle dont j’ignorais totalement l’existence – deux albums et demi à son actif pour l’instant – et dont la musique est très proche de celle des Français, en plus hardcore peut-être. Les ingrédients de base sont donc peu ou prou les mêmes mais aucune crainte de redite et de lassitude. On peut même s’amuser à faire le petit jeu des comparaisons (les riffs d’Old Iron sont plus touffus) mais on remarquera surtout qu’après le très dynamique Planetesimal, les Américains se lancent dans un tortueux et très sombre Strix qui a son tour fini par résonner de quelques accents sépulcraux, rejoignant ainsi les premiers instants du Narconaut de Verdun. Ce serait fait exprès qu’il n’en serait pas autrement… En tous les cas, hasard ou non, cette idée me plait particulièrement et voilà surtout qui valide définitivement un disque très réussi et plus que recommandable, brutal mais nuancé.

[ce split est publié par Araki, Cold Dark Matter records, Coups De Couteau, Gabu records, Saka Čost et Seaside Suicide records – la pochette du disque est gatefold, le vinyle existe en version splatter et en version avec effet fumée et l’artwork est signé Jesse Roberts, également guitariste et chanteur d’Old Iron]