Si tu veux tout
savoir, je me suis mis à ronchonner (c’est comme une seconde nature chez moi) et
à bouder les Montpelliérains de VERDUN lorsque le groupe a publié The Eternal Drift’s Canticles… en 2016.
Autant j’avais été fan – et je le suis toujours – du EP The Cosmic Escape Of Admiral Masuka (2011) et autant j’avais aimé
le groupe les premières fois que je l’avais vu en concert (un, deux
et trois),
autant j’ai complètement été largué par la suite : quelques
changements de line-up auxquels je ne comprenais rien et, donc, un album auquel
je n’ai jamais accroché parce que la musique du groupe me semblait y perdre
beaucoup de sa dangerosité initiale ont eu raison de ma bonne volonté. Mais il s’est depuis passé beaucoup de
temps et Verdun a publié Astral Sabbath en 2019 et surtout ce
split, encore tout chaud brûlant et en compagnie des Américains d’Old Iron, chaque groupe proposant deux
titres inédits.
Côté Verdun c’est d’entrée la grosse
régalade avec Narconaut et ses presque
huit minutes et une intro tellement planante et céleste que l’on frise le doom
goth façon My Dying Bride des tout débuts… Mais cela ne va pas durer, les anges
finissent toujours par passer, le ciel par s’assombrir et place aux riffs
saignants et aux rythmiques pachydermiques : le doom vitriolé et teigneux –
principalement le fait du chant, toujours aussi particulier – mais étrangement
mélodique du groupe est de retour et ce de la plus belle des façons. La suite
est encore plus étonnante puisque Verdun
s’attaque carrément à une reprise du Dawn
of the Angry de Morbid Angel (un titre
de l’album Domination des death-métalleux).
C’est complètement osé parce que les styles musicaux propres à chacun sont à la
base complètement différent mais surtout parce que… Morbid Angel c’est très
loin d’être n’importe quoi non plus en matière de groupe cultissime ! Bref,
sur la version des Montpelliérains le rythme a été ralenti (évidemment…), il y
a Said de Mudweiser (groupe dans lequel on trouve également Jay de Verdun) qui est venu jouer de la
guitare et Benjamin de Fange qui lui a ajouté un peu d’électronique bruitiste.
Le pari pouvait sembler osé mais cette reprise fonctionne parfaitement et
surtout colle idéalement à Verdun
qui a bien su se l’approprier, il n’y a rien à y redire. Me voilà réconcilié,
non ?
On retourne le
disque. OLD
IRON est un trio de Seattle dont j’ignorais totalement l’existence –
deux albums et demi à son actif pour l’instant – et dont la musique est très proche de celle
des Français, en plus hardcore peut-être. Les ingrédients de base sont donc peu
ou prou les mêmes mais aucune crainte de redite et de lassitude. On peut même s’amuser
à faire le petit jeu des comparaisons (les riffs d’Old Iron sont plus touffus) mais on remarquera surtout
qu’après le très dynamique Planetesimal,
les Américains se lancent dans un tortueux et très sombre Strix qui a son tour fini par résonner de quelques accents
sépulcraux, rejoignant ainsi les premiers instants du Narconaut de Verdun. Ce
serait fait exprès qu’il n’en serait pas autrement… En tous les cas, hasard ou
non, cette idée me plait particulièrement et voilà surtout qui valide
définitivement un disque très réussi et plus que recommandable, brutal mais nuancé.
[ce split est publié par Araki, Cold Dark Matter records, Coups De Couteau, Gabu records, Saka Čost et Seaside Suicide records – la pochette du disque est gatefold, le vinyle existe en version splatter et en version avec effet fumée et l’artwork est signé Jesse Roberts, également guitariste et chanteur d’Old Iron]