Pas la peine de
faire de très longs discours pour présenter Camae Ayewa aka Moor Mother, sa musique, son
travail, ses idées et sa mystique, elle le fait très bien elle-même dans les
notes qui accompagnent Black Encyclopedia
Of The Air : « Sound to me is an agency for healing and peace and
ritual ». Musicalement moins virulent, moins urbain, davantage
atmosphérique et flottant mais pas moins expérimental que la plupart de ses
plus illustres prédécesseurs et notamment le génial Analog Fluids Of Sonic Black Holes, ce nouvel album (paru en septembre
2021) reste tout aussi inclassable. Les environnements musicaux – samples de
soul, de jazz ou de hip-hop, field recordings, archives sonores, traficotages
et voix multiples – s’y superposent pour former une vision unique et affirmée, à
la rencontre d’une nouvelle graphie de l’humanité – par nouvelle entendons également non déterminée par les règles et
archétypes imposés dans un monde blanc, impérialiste, capitaliste, raciste,
sexiste, patriarcal, etc. Moor Mother
partage cette idée spirituelle entre toutes que, contrairement à ce que la
technologie galopante nous impose, le monde ne nous appartient pas mais que
nous, humaines et humains, appartenons à ce monde. Pourtant elle-même use et
abuse de diverses technologies pour créer sa musique mais avec Black Encyclopedia Of The Air elle réaffirme aussi fort brillamment sa
croyance et sa confiance en leur pouvoir libérateur, du moment qu’on les utilise à bon escient et qu’elles servent
à retrouver et retisser les liens de l’univers commun. Un beau message.