Ai-je été trop
sévère avec le premier
album sans titre de Human Impact ?
Après tout, reprocher à des vieux musiciens vétérans de toujours faire
plus ou moins la même chose et de ressasser les mêmes plans n’est pas une
critique très constructive ni intelligente et elle frise allègrement la
mauvaise foi de la part d’une personne – attention, attention : je vais
encore parler de moi – qui écrit toujours à peu près le même type de chroniques
de disques depuis des années. Il n’en demeure pas moins que ce premier album de
HUMAN IMPACT, s’il n’a rien de révolutionnaire ni
d’époustouflant, relève d’une qualité et d’un savoir-faire indéniables qui
auront toujours leur place sur Instant Bullshit.
Mais je crois que le plus difficile pour moi est d’oublier que Chris Spencer, bien avant Human Impact, a
un jour fondé l’un de mes groupes préférés de noise-rock : Unsane. Et je crois
aussi que Chris Spencer a également le même problème, lui qui en ce moment
tourne aux US avec une version mercenaire (i.e. il est accompagné de musiciens
de Daughters) de son groupe d’origine pour ne jouer que des titres datant du
premier line-up d’Unsane, celui qui avait enregistré Improvised Munitions et le premier
album sans titre de 1991. Charlie Ondras n’est plus là pour donner son avis,
quant à Pete Shore il serait d’accord avec tout ça… moi la capitalisation sur
la nostalgie me dérange toujours autant.
Contrairement à son titre, EP01 n’est
pas un format court mais un véritable LP de huit compositions et quarante trois
minutes. Il est indiqué que tous les titres d’EP01 ont été enregistrés aux alentours de l’année 2000, donc à
l’époque du premier album de Human
Impact. On remarquera que quatre d’entre eux ne sont pas réellement inédits
puisque ayant déjà fait l’objet d’une parution en format numérique – deux mots
qui forment l’un des mes oxymores préférés du moment, ex-æquo avec futur
radieux. Mais rien de tel qu’un bon vieux support physique à papa-maman-tonton-tata
pour goûter pleinement au plaisir d’une telle musique… alors qu’importe que la
moitié des titres d’EP01 soient connus
depuis longtemps.
Non, le plus important est que EP01
n’est pas un assemblage de fonds de tiroirs ou d’inédits au rabais mais un disque dont le
résultat s’avère, à mon goût tout du moins, bien plus intéressant et bien
meilleur que son prédécesseur. Je ne saurais expliquer exactement pourquoi mais
c’est ainsi et il faut faire avec, bien que la décision du groupe d’écarter
certaines de ces huit compositions et de ne pas les inclure sur son premier
album me semblera toujours incompréhensible. On peut trouver que Recognition, Transit et 10 Days manquent
un peu d’originalité (traduction : ils ressemblent trop à une composition
typique de Spencer) mais ce serait faire fi des zigouigouis et trames indus/bruitistes
concoctés par Jim Coleman et surtout des lignes de basse incroyables de Chris
Pravdica – le couple rythmique qu’il forme avec Phil Puleo à la batterie reste
plus que jamais l’un des principaux points forts de Human Impact.
Si le reproche du « déjà entendu » peut
ainsi s’appliquer à beaucoup de titres de EP01,
c’est dans les nombreux recoins et angles plus ou moins cachés du disque qu’il
faut aller chercher de quoi se satisfaire pleinement (l’inquiétant Genetic, le visqueux Sparrow mais aussi Less Than, Contact…).
Quant à Subversion il s’agit d’un
instrumental où on sent surtout la patte bidouillée sci-fi de Coleman et c’est
une bonne façon de terminer doucement mais sûrement un enregistrement autrement
plus oppressant. Mais rien n’empêche non plus de réécouter EP01 immédiatement, bien au contraire.
[EP01 est publié en vinyle transparent à 1000 exemplaires ou en
vinyle noir et en CD par Ipecac recordings]