Present
Tense est le quatrième album de FACS en autant d’années… belle performance. Surtout
qu’entre 2018 et 2020 le groupe de Brian Case (guitare, basse et chant),
Alianna Kalaba (basse et synthétiseur) et Noah Leger (batterie et synthétiseur)
a réalisé un impeccable sans-faute avec ses trois premiers enregistrements,
développant une identité très personnelle et reconnaissable entre toutes. Ce n’est
pas un mince exploit que d’avoir imaginé et conçu des disques aussi riches,
chacun reprenant au vol puis développant en transversal les pistes empruntées
par son prédécesseur. Void Moments,
très sophistiqué et alambiqué, torturé et dédaléen, fait figure à mes yeux de
chef-d’œuvre d’un groupe unique en son genre.
Mais malheureusement je trouve que la livraison millésimée 2021 de Facs n’est pas à la hauteur : Present Tense marque le pas. Je crois aussi
que je n’aurais pas tout à fait eu le même ressenti si ce nouvel album n’avait
pas succédé à une suite qualitativement exponentielle d’enregistrements aussi
fulgurants que brillants. J’aurais même pu y déceler une montagne de promesses à
venir si Present Tense avait en fait été
le premier disque jamais publié par Facs.
Ce n’est donc pas le cas. Je vais toutefois me montrer davantage
rassurant : Present Tense est un
bon disque et Facs reste un groupe
passionnant, largement au dessus du lot des formations de rock expérimental /
arty / etc. Mais je suis un peu déçu, tout simplement…
Les artworks du trio sont toujours très importants. Celui de son quatrième
album n’est que limpidité. Une bichromie qui ne semble dire qu’une seule chose,
au delà de son aspect lugubre : plus de simplicité et plus de lisibilité. A
l’image de la musique contenue dans Present Tense. Ou alors c’est que je
me suis habitué et que je suis désormais vacciné contre le virus Facs… On est en terrain familier sans
toutefois s’y retrouver totalement : un sentiment d’embarras peut même surgir
en écoutant certaines compositions qui parlent un langage que l’on connait très
bien, que donc on comprend parfaitement mais qui ne semble plus
systématiquement exprimer cette vérité que développe toute musique enivrante.
Autrement dit, pour la première fois, Facs
fait preuve d’une certaine légèreté. Les manipulations sonores se multiplient
pour devenir parfois envahissantes et elles cachent alors mal l’inspiration
quelque peu tarie du groupe (Strawberry
Cough).
On reste pourtant assez éloigné des sentiers battus et il ne servirait à rien
de trop faire la fine bouche : chacune des deux faces de Present Tense se termine par un grand
moment. Les sables mouvants d’Alone
Without renouent pour la première fois avec la tension et l’inquiétude qui
jusqu’ici manquaient au disque. Au sujet de Mirrored
on peut affirmer qu’il s’agit du meilleur titre de Present Tense et aussi, assez ironiquement, de l’une des meilleures
compositions jamais écrites par Facs.
Le final rythmique (formidable Noah Leger !) y est plus oppressant que
jamais. Bon… et puis je citerai également General
Public, direct et efficace, musicalement typique du trio, sorte de tube de
l’album mais malheureusement vite contrebalancé par les trop fades How To See In The Dark et Present Tense. C’est en écrivant
« typique du trio » que je comprends réellement que Facs a finalement inventé beaucoup de
choses… Mais le groupe a-t-il tout dit ? La réponse au prochain épisode
pour son cinquième album mais avoir enregistré autant de bons disques et su
créer une musique aussi personnelle est déjà formidable en soi.
[Present Tense est publié en vinyle et en CD par Trouble In Mind]