Aimer un disque
est une chose. Trouver les mots justes – ou les mots dont on pense qu’ils sonneront juste – pour décrire son ressenti et peut-être réussir à expliquer pourquoi en est une autre. Si tant est qu’une telle tentative soit réellement envisageable ou même
acceptable. Avec L’inventaire Des Disparitions c’est presque mission
impossible. Enregistré au cours de l’année 2019, disponible sur les internets dès le mois de
novembre de cette même année pour finalement bénéficier d’une parution en
vinyle tardive et surtout bien trop
confidentielle à mon goût en novembre 2020 (mais ce sont les règles injustes de
la pandémie et de la crise sanitaire actuelles), L’inventaire Des Disparitions est un album
envoûtant.
Une fois de plus serais-je tenté de dire mais ce serait inapproprié. Car avec CHICALOYOH on ne sait jamais à quoi s’attendre vraiment. Alice Dourlen ne fait jamais deux fois le
même disque. Elle surprend toujours et sans doute est-ce là l’un des buts qu’elle recherche avec sa musique, ses enregistrements, ses textes, ses peintures, bref avec son Art : nous surprendre et se surprendre elle-même, constamment. Merde à l’ennui mais pas à n’importe quel prix et surtout pas n’importe comment. Et
surtout pas en renonçant à quoi que ce soit d’elle. S’il y a de la provocation et du défi dans les disques de Chicaloyoh et en
particulier dans L'Inventaire Des Disparitions c’est principalement du au caractère effronté et à l’audace d’une artiste
qui n’en fait donc qu’à sa tête.
L’inventaire Des Disparitions est également le disque le plus varié d’Alice. Les compositions sont souvent très courtes, condensant même parfois en deçà des deux minutes toute une architecture très personnelle. La musique de Chicaloyoh donne plus que jamais cette impression perpétuelle de mouvement(s) et de recherche, pourtant ce que l’on écoute ressemble bel et bien à un accomplissement. Ne serait-ce pas là la description la plus proche que l’on puisse trouver d’une musique aussi expérimentale – car celle de Chicaloyoh l’est assurément –, une musique entre poésie chantée, instrumentations lunaires, bruissements industriels, grincements colorés et collages sonores ? L’inventaire Des Disparitions cultive un sens inné de l’exploration mais aussi celui de l’affirmation. Si on peut être ici bousculé ou même décontenancé on est également complètement sous le charme d’une telle magie.
Ce ne sont là que des mots écrits malgré tout, des mots qui sonnent banalement et anodinement : L’inventaire Des Disparitions vole largement au dessus. Et ce n’est jamais pour rien.
[L’inventaire
Des Disparitions est publié en vinyle par Màgia Roja
– nb : le disque comporte deux titres en plus par rapport au b*ndc*mp]