lundi 1 février 2021

Contractions - The Horsebites / split

 

Voici sans aucun doute possible le plus bel objet de ce début d’année : un 12’ réunissant deux groupes de Lyon avec les Contractions et The Horsebites. Normalement lorsque on parle de split on évoque successivement les deux faces du disque, chaque formation s’en octroyant une, mais dans le cas de ce très (très) beau disque les contributions des deux groupes s’enchainent sur la première face et s’il en est ainsi c’est parce que la seconde est non gravée, entièrement sérigraphiée et qu’en plus le vinyle en lui-même est transparent. La sérigraphie est donc visible des deux côtés, avec un dessin signé Rick Froberg (Pitchfork, Drive Like Jehu, Hot Snakes et Obits, une vraie légende à lui tout seul). La grande classe.
Même en me creusant un peu la tête je n’ai pas trouvé beaucoup d’exemples comparables mis à part celui de More Vultures, Hyenas And Coyotes, un 12’ publié en 2007 par un autre groupe de Lyon : SoCRaTeS. Mais présentement le concept est poussé encore plus loin, le vinyle des Horsebites et des Contractions étant emballé dans une pochette elle aussi transparente et uniquement agrémentée d’un obi double face très élégant. Cet objet de désir profondément fétichiste a été publié grâce aux efforts conjoints d’Echo Canyon records et de Dangerhouse Skylab. Quant à la sérigraphie, elle a été façonnée par les petites mains délicates de la fine équipe de No Sun No Media.

 


 

Mais parlons un peu musique. Parce qu’un beau disque c’est bien mais un bon disque c’est tellement mieux. Et là aussi il n’y a vraiment rien à en redire. Ce sont les CONTRACTIONS qui ouvrent le bal avec un Qu’On N’en Parle Plus d’excellente facture et dans la lignée directe de leur premier album Demain Est Annulé. On y retrouve cette énergie quasi juvénile entre punk franc et direct et pop garagiste, le tout accompagné d’une belle fougue existentielle et de textes toujours aussi sensibles. Ecouter une telle musique fait vraiment du bien tout comme elle peut inciter à la rage, celle contre l’interdiction actuelle des concerts pour raisons sanitaires. Car Qu’On N’en Parle Plus donne surtout envie de voir les Contractions en live, de se trémousser, de transpirer et de postillonner sans retenue. Oui je rumine (et je fulmine). Le deuxième titre proposé par le groupe est une sacrée surprise et pas uniquement parce qu’il s’agit d’une reprise de Marie Et Les Garçons : A Bout De Souffle va réellement comme un gant aux Contractions et on pourrait presque croire qu’il s’agit d’une de leurs propres compositions…
THE HORSEBITES prennent ensuite la relève. Eux aussi ont déjà un premier (et excellent) album au compteur et leur garage aristocratique mi-poppy mi-noisy sent bon la vieille tourbe et la maturation décennale en fûts de chêne. Si on a déjà écouté Shadows on ne sera donc pris au dépourvu ni par le tubesque Kimmy ni par Party Boy et son allure de bombardier en mode aéroglisseur. Deux titres qui confirment tout le savoir-faire un rien désinvolte mais néanmoins consciencieux de The Horsebites, un groupe qui lui aussi incite fortement à partager sa salive avec sa voisine ou son voisin.