Voici sans aucun
doute possible le plus bel objet de ce début d’année : un 12’ réunissant
deux groupes de Lyon avec les Contractions et The
Horsebites. Normalement lorsque on parle de split on évoque
successivement les deux faces du disque, chaque formation s’en octroyant une,
mais dans le cas de ce très (très) beau disque les contributions des deux
groupes s’enchainent sur la première face et s’il en est ainsi c’est parce que la
seconde est non gravée, entièrement sérigraphiée et qu’en plus le vinyle en
lui-même est transparent. La sérigraphie est donc visible des deux côtés, avec
un dessin signé Rick Froberg
(Pitchfork, Drive Like Jehu, Hot Snakes et Obits, une
vraie légende à lui tout seul). La grande classe.
Même en me creusant un peu la tête je n’ai pas trouvé beaucoup d’exemples comparables
mis à part celui de More Vultures, Hyenas And Coyotes, un
12’ publié en 2007 par un autre groupe de Lyon : SoCRaTeS. Mais présentement le
concept est poussé encore plus loin, le vinyle des Horsebites et des Contractions étant emballé dans une pochette
elle aussi transparente et uniquement agrémentée d’un obi double face très
élégant. Cet objet de désir profondément fétichiste a été publié grâce aux
efforts conjoints d’Echo Canyon records
et de Dangerhouse Skylab.
Quant à la sérigraphie, elle a été façonnée par les petites mains délicates de
la fine équipe de No Sun No Media.
Mais parlons un
peu musique.
Parce qu’un beau disque c’est bien mais un bon disque c’est tellement mieux. Et
là aussi il n’y a vraiment rien à en redire. Ce sont les CONTRACTIONS qui ouvrent le bal avec un Qu’On N’en Parle Plus d’excellente facture et dans la lignée directe
de leur premier album Demain Est Annulé.
On y retrouve cette énergie quasi juvénile entre punk franc et direct et pop
garagiste, le tout accompagné d’une belle fougue existentielle et de textes
toujours aussi sensibles. Ecouter une telle musique fait vraiment du bien tout
comme elle peut inciter à la rage, celle contre l’interdiction actuelle des concerts
pour raisons sanitaires. Car Qu’On N’en
Parle Plus donne surtout envie de voir les Contractions en live, de se trémousser, de transpirer et de
postillonner sans retenue. Oui je rumine (et je fulmine). Le deuxième titre
proposé par le groupe est une sacrée surprise et pas uniquement parce qu’il
s’agit d’une reprise de Marie Et Les Garçons : A
Bout De Souffle va réellement comme un gant aux Contractions et on pourrait presque croire qu’il s’agit d’une
de leurs propres compositions…
THE HORSEBITES prennent
ensuite la relève. Eux aussi ont déjà un premier (et excellent) album au
compteur et leur garage aristocratique mi-poppy mi-noisy sent bon la vieille tourbe
et la maturation décennale en fûts de chêne. Si on a déjà écouté Shadows on ne sera donc pris au dépourvu
ni par le tubesque Kimmy ni par Party Boy
et son allure de bombardier en mode aéroglisseur. Deux titres qui confirment
tout le savoir-faire un rien désinvolte mais néanmoins consciencieux de The Horsebites, un groupe qui lui aussi incite fortement à
partager sa salive avec sa voisine ou son voisin.