Je n’avais pas
été très tendre avec Saturday Night Massacre, premier album publié par Live Skull depuis
sa reformation en 2016 avec le seul Mark C. aux commandes. Mais ma déception
était à la hauteur de toute l’estime et de toute l’affection que j’ai pour ce
groupe. Et elle l’est encore : le miracle n’a pas eu lieu en réécoutant Saturday Night Massacre quelques mois plus tard, un album qui aujourd’hui me
semble toujours aussi indigne de ce qu’a été Live Skull et de ce qu’est
encore son héritage musical. Un disque que je préfère oublier.
Et voilà que débaroule déjà un nouvel enregistrement du groupe de Mark C. Il faut
battre le fer tant qu’il est encore chaud comme dirait l’autre mais dans le cas
de Live Skull on devrait plutôt
parler de vieux machin rouillé. Je sais, tout ceci n’est pas très gentil ni
très charitable pour Mark C. et ses petits camarades actuels. Dangerous Visions a lui aussi été
publié par Bronson recordings et
est doté d’une pochette au style très similaire. Logiquement je n’attendais pas
grand-chose d’un disque pour lequel j’ai du me motiver pour oser et surtout
réussir à l’écouter… Dangerous Visions
est en fait un album en deux parties : la première consiste en des
enregistrements récents de Live Skull
et la seconde regroupe des vieilles bandes de l’époque Thalia Zedek. Première
surprise.
Bien que démarrant avec le tiédasse In A
Perfect World la première partie du disque n’est pas sans intérêt. On
retrouve un peu de ces synthétiseurs lénifiants sur ce premier titre, ceux-là
même qui avaient mis à mal Saturday Night Massacre en le pourrissant de l’intérieur. Le chant
semi-précieux de Mark C. est toujours aussi faiblard. Et pourtant… et pourtant
il se passe malgré tout quelque chose sur In A Perfect World qui dégage une sorte de mélancolie amère (le
genre de truc qui à moi me parle toujours un peu). Arrive alors l’excellent Debbie’s Headache avec son riff
tournoyant, un titre enregistré pour la première fois par Live Skull en 1987 et pour l’album Dusted. On est alors bien obligé d’admettre que le Live Skull de 2020 sera bien meilleur
que ce que l’on pensait, même si présentement il triche un peu en allant
fouiller dans son lointain et glorieux passé.
En regardant le line-up du groupe on
s’aperçoit de la présence d’un second guitariste du nom de Dave Hollinghurst et
effectivement les guitares semblent reprendre un peu de la place qui avait
toujours été la leur dans la musique du groupe. Du coup on pardonnera la
mollesse dubisante de Day One Of The Experiment
et le rhume caribéen de Dispatches.
Et on se balancera doucement au son de Twin
Towers dont les atmosphères sombres donnent définitivement une tonalité
poignante et mélancolique à la première moitié de Dangerous Visions. Je suis prêt à m’excuser tout de suite auprès de
Mark C. qui semble enfin avoir retrouvé un peu de ses marques.
On retourne le disque pour découvrir cette fois des enregistrements de 1987 et de
1989. Ce qui signifie donc que l’immense Thalia Zedek est au chant. Je ne
devrais pas avoir à en rajouter si ce n’est que Safe From Me, Someone Else’s
Sweat, Adema et Amputease ont été
mis en boite pour John Peel et la BBC / Radio 1 le 14 mars 1989 et que c’est un
pur bonheur. Comme d’habitude il suffit que Zedek pointe le bout de son nez
quelque part sur un disque pour que la lumière jaillisse – c’était déjà le cas pour
Saturday Night Massacre sur
lequel elle faisait une ou deux apparitions remarquées – mais il y a autre chose et cette
autre chose c’est tout simplement Live Skull, un groupe
avec des guitares alors inventives et des compositions qui se tenaient comme il
faut.
La deuxième face de Dangerous Visions se termine avec Tri-Power,
un presque inédit studio de 1989 et de bonne facture avec Mark C. au chant, un
titre initialement publié sur une compilation comprenant également Debbie
Harry, New Order ou Rollins Band. Puis c’est au tour de Live Again qui à
l’origine figurait en supplément sur l’édition CD de l’album Dusted et malheureusement on comprend pourquoi ce titre avait en 1987 été
relégué au rang de bonus track. Ce qui n’empêche par Dangerous Visions
d’être un disque plus que recommandable, bien qu’il s’agisse en grande majorité
d’un disque de recyclage. Sans rancune, Mark…