Cela faisait un
moment que l’on n’avait pas trop eu de nouvelles de LAMPS*, en fait depuis l’année 2012 et le
troisième album Under The Water Under The Ground, formidable déflagration garage en
forme de mur du son primal et tribal, guitare gorgée de fuzz et de feedback,
batterie aussi binaire que possible et chant de zombie sous amphétamines à la
clef. Un grand disque du genre et jusqu’ici le meilleur album de Lamps, taillé dans la lave en fusion
par l’alors hyperactif Chris Woodhouse (oui, l’homme responsable des meilleurs
enregistrements de Thee Oh Sees, bien avant la déconfiture post prog) dans le
rôle de l’ingénieur du son de tous les dangers.
Huit années plus
tard le trio californien toujours emmené par le guitariste / chanteur Monty
Buckles et le batteur (et cinéaste et vidéaste) Josh Erkman sort
de sa torpeur et est enfin de retour avec son quatrième album People With Faces et avec une nouvelle
bassiste : Denée Segall est je crois la troisième à occuper ce poste
depuis les débuts de Lamps et si son
patronyme ne t’est pas si inconnu que cela c’est parce que Ty Segall – encore
un hyperactif californien** – a un beau jour eu la bonne idée de l’épouser. Au
passage c’est ce même héro blondinet qui a procédé à l’enregistrement et au
mixage de People With Faces pour un
résultat assez bluffant, disons-le.
L’aspect mur du
son transgressif avec empilades de guitares qui semblent tronçonner des plaques
de vieux métal rouillé sur fond de rythmiques monomaniaques est toujours bien
présent mais dorénavant Lamps a
ajouté d’autres cordes à son arc avec l’alternance des chants (Denée Segall est
également préposée au micro et c’est même elle qui lance les hostilités sur un Confirmed Frenchman *** délicieusement
pervers), une place plus importante laissée aux synthétiseurs (c’est Monty
Buckles qui s’en occupe) et des compositions, disons, plus pop. Pop ? Arf…
en fait Lamps manie le rock’n’roll arty-chaud
comme si Jesus And Mary Chain faisait des reprises des Ramones sous l’égide des
Cramps – le désopilent God Gave Me This
Haircut, le davantage réfrigéré Monster
Magazine – et arrive à donner des saveurs synthétiques extrêmement
goûteuses à sa musique, soit comme simple surlignage (Chest, Dr Magic ou I Need A Freak) soit en flirtant entre
bontempi maléfique et tempête magnétique (Comedian).
Lorsque Lamps se montre plus classiquement
conforme à l’image musicale que le trio nous avait toujours renvoyé jusqu’ici (GNATS ou I Owe It To All The Girls, une reprise de Eddy And The Frat Girls rageusement
chantée par Denée) on est bien forcé là encore d’applaudir des deux mains
de se rouler par terre sans modération tant le trio arrive à réveiller cette
saine et libératrice ferveur élégamment animale qui manque à tellement de
groupes de « garage » punk. Bien que différent, le quatrième album de Lamps peut ainsi égaler Under The Water Under The Ground dans
mon petit cœur électrique et sensible. PS : moi aussi j’aime beaucoup les
chiens.
[People With Faces est publié en vinyle noir ou fuchsia par In The Red records]
* apparemment le site du groupe
n’a pas été mis à jour depuis un petit paquet de temps… merci les réseaux
sociaux
** c’est quand
même marrant que Lamps qui un groupe
tellement velléitaire s’entoure à chaque fois de personnes qui sont elles tout
le contraire
*** dont je n’arrive pas à savoir si les paroles ne seraient pas partiellement
écrites en français…