mercredi 9 décembre 2020

Lamps / People With Faces

 

Cela faisait un moment que l’on n’avait pas trop eu de nouvelles de LAMPS*, en fait depuis l’année 2012 et le troisième album Under The Water Under The Ground, formidable déflagration garage en forme de mur du son primal et tribal, guitare gorgée de fuzz et de feedback, batterie aussi binaire que possible et chant de zombie sous amphétamines à la clef. Un grand disque du genre et jusqu’ici le meilleur album de Lamps, taillé dans la lave en fusion par l’alors hyperactif Chris Woodhouse (oui, l’homme responsable des meilleurs enregistrements de Thee Oh Sees, bien avant la déconfiture post prog) dans le rôle de l’ingénieur du son de tous les dangers.
Huit années plus tard le trio californien toujours emmené par le guitariste / chanteur Monty Buckles et le batteur (et cinéaste et vidéaste) Josh Erkman sort de sa torpeur et est enfin de retour avec son quatrième album People With Faces et avec une nouvelle bassiste : Denée Segall est je crois la troisième à occuper ce poste depuis les débuts de Lamps et si son patronyme ne t’est pas si inconnu que cela c’est parce que Ty Segall – encore un hyperactif californien** – a un beau jour eu la bonne idée de l’épouser. Au passage c’est ce même héro blondinet qui a procédé à l’enregistrement et au mixage de People With Faces pour un résultat assez bluffant, disons-le.

 



L’aspect mur du son transgressif avec empilades de guitares qui semblent tronçonner des plaques de vieux métal rouillé sur fond de rythmiques monomaniaques est toujours bien présent mais dorénavant Lamps a ajouté d’autres cordes à son arc avec l’alternance des chants (Denée Segall est également préposée au micro et c’est même elle qui lance les hostilités sur un Confirmed Frenchman *** délicieusement pervers), une place plus importante laissée aux synthétiseurs (c’est Monty Buckles qui s’en occupe) et des compositions, disons, plus pop. Pop ? Arf… en fait Lamps manie le rock’n’roll arty-chaud comme si Jesus And Mary Chain faisait des reprises des Ramones sous l’égide des Cramps – le désopilent God Gave Me This Haircut, le davantage réfrigéré Monster Magazine – et arrive à donner des saveurs synthétiques extrêmement goûteuses à sa musique, soit comme simple surlignage (Chest, Dr Magic ou I Need A Freak) soit en flirtant entre bontempi maléfique et tempête magnétique (Comedian).
Lorsque Lamps se montre plus classiquement conforme à l’image musicale que le trio nous avait toujours renvoyé jusqu’ici (GNATS ou I Owe It To All The Girls, une reprise de Eddy And The Frat Girls rageusement chantée par Denée) on est bien forcé là encore d’applaudir des deux mains de se rouler par terre sans modération tant le trio arrive à réveiller cette saine et libératrice ferveur élégamment animale qui manque à tellement de groupes de « garage » punk. Bien que différent, le quatrième album de Lamps peut ainsi égaler Under The Water Under The Ground dans mon petit cœur électrique et sensible. PS : moi aussi j’aime beaucoup les chiens.

[People With Faces est publié en vinyle noir ou fuchsia par In The Red records]

 

* apparemment le site du groupe n’a pas été mis à jour depuis un petit paquet de temps… merci les réseaux sociaux
** c’est quand même marrant que Lamps qui un groupe tellement velléitaire s’entoure à chaque fois de personnes qui sont elles tout le contraire 
*** dont je n’arrive pas à savoir si les paroles ne seraient pas partiellement écrites en français…