vendredi 25 septembre 2020

Comme à la radio : Really Bad Music For Really Bad People

 

 


 

J’ai un peu hésité avant de chroniquer cette compilation de reprises des CRAMPS. Really Bad Music For Really Bad People : The Cramps As Heard Through The Meat Grinder Of Three One G est la référence numéro 100 du label Three One G dont je rappelle que le boss n’est autre que le golden boy du punk Justin Pearson (Swing Kids, The Locust, Retox, etc). J’ai un peu hésité parce que ce disque – que je n’ai encore jamais vu en vrai et je ne verrai sans doute jamais – est vendu à des prix complètement prohibitifs. Ce n’est pas la faute à d’éventuels revendeurs ou distributeurs, non la faute en incombe directement au label dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne se fait vraiment pas chier sur ce coup là. Mais pourquoi ? Parce qu’il a fallu payer des droits délirants aux auteurs (ou à leurs ayant-droits) des titres repris ici ? Est-ce parce que quelques noms un peu connus – on y reviendra après – figurent au programme ? Les gérants de Three One G ont-ils trop d’arriérés de factures à honorer ? S’agirait-il d’une œuvre caritative ?… Mystère !

Mais je ne pouvais malgré tout pas passer outre cette chronique : non seulement Three One G est un label qui m’a toujours intéressé mais en plus je suis un fan absolu des Cramps. Je rappellerai juste que le label de Pearson n’en est pas à son coup d’essai, ayant en 2002 publié un hommage similaire à Queen (arrgghh) puis en 2006 une compilation consacrée aux inestimables Birthday Party. Il va s’en dire que le choix du groupe repris a toute son importance : il est difficile pour moi de m’enfiler une quinzaine de titres de la bande de Freddy Mercury, même interprétés par des musiciennes et musiciens que j’apprécie par ailleurs ; inversement je chéris tout particulièrement Release The Bats – je ne saurais être plus clair

 

Avec Really Bad Music For Really Bad People le résultat reste très mitigé.

 

 


Commençons par celles et ceux qui s’en sortent pas trop mal mais dont je n’ai pas grand chose à faire non plus. En reprenant TV Set les Child Bite redorent un blason bien terni depuis la parution de leur album Blow Off The Omens en 2019, comme quoi avec de vraies compositions dotées de vraies parties de guitare Child Bite pourrait peut-être encore faire quelques étincelles. Avec Sheena’s In A Goth Gang Chelsea Wolfe a le courage de s’attaquer à un titre tardif des Cramps (de l’album Big Beat From Badsville en 1997) et fait… du Chelsea Wolfe. J’ai laissé tombé la musique de la dame depuis qu’elle se prend beaucoup trop pour une prêtresse métallique assoiffée de mélancolie odorante mais après tout pourquoi pas, sa version de Sheena’s In A Goth Gang dure moins de quatre minutes c’est-à-dire qu’elle reste en dessous de mon seuil d’intolérance.
Malgré toute la répulsion et le dégoût profond que peuvent m’inspirer nombre de groupes ou projets de Mike Patton je dois avouer qu’il était l’un des rares chanteurs capables de s’attaquer au monumental Human Fly. Il est qui plus est accompagné par les tarés de Zeus !, malgré tout un peu en retrait ici. Retox passe tout juste la barre avec un Garbage Man qui tarde à décoller, dommage, le chanteur Justin Pearson en faisant beaucoup trop à mon goût. Idem pour Daughters dont la version de What’s Inside A Girl ? très scolaire arrive tout juste à convaincre, j’en attendais beaucoup mieux. Quant à Panicker aka Brent Asbury (il a également procédé au mastering de tout le disque), on pourrait penser au départ à une très mauvaise blague mais I’m Cramped mouliné à la sauce EBM / Breakcore chamallow ce n’est finalement pas si mal…

Ne perdons pas trop de temps avec les inévitables déchets que comportent toutes les compilations digne de ce nom, ou presque : I Was A Teenage Werewolf par Secret Fun Club accompagné de Carrie Gillespie Feller est désespérément insipide ; Zombi Dance par Sonida De La Frontera est simplement affligent (mais qu’est ce que c’est que ce truc ?) ; People Ain’t No Good version Magic Witch Cookbook est franchement insupportable.
Reste à évoquer les trois gros morceaux de Really Bad Music For Really Bad People. Metz dynamite complètement Call Of The Wighat, un titre initialement gravé par les Cramps sur Smell Of Female mais que l’on dirait tout simplement composé pour le trio canadien apparemment en très grande forme, ce qui ne laisse présager que du bon pour son quatrième album solo attendu sous peu. Etonnamment les noiseux de Microwaves ont fait quelque chose de très personnel de Dont’ Eat The Stuff Off The Sidewalk, leur version tendue et tordue s’avérant excellente sans trop en rajouter. Et puis il y a le cas de Qui dont le New Kind Of Kick constitue tout simplement la meilleure contribution à Really Bad Music For Really Bad People. La surprise est de taille venant d’un groupe qui fut un temps a joué en compagnie de David Yow (Jesus Lizard) mais n’avait jamais suscité de réel enthousiasme chez moi. Comme quoi…

Conclusion : gardez votre argent pour acheter de la drogue (ou ce que vous voudrez d’autre) et volez ce disque sur les internets, vous m’en remercierez un jour.