J’ai un peu hésité avant de chroniquer cette compilation de reprises des CRAMPS. Really Bad Music For Really Bad People : The Cramps As Heard Through The Meat Grinder Of Three One G est la référence numéro 100 du label Three One G dont je rappelle que le boss n’est autre que le golden boy du punk Justin Pearson (Swing Kids, The Locust, Retox, etc). J’ai un peu hésité parce que ce disque – que je n’ai encore jamais vu en vrai et je ne verrai sans doute jamais – est vendu à des prix complètement prohibitifs. Ce n’est pas la faute à d’éventuels revendeurs ou distributeurs, non la faute en incombe directement au label dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne se fait vraiment pas chier sur ce coup là. Mais pourquoi ? Parce qu’il a fallu payer des droits délirants aux auteurs (ou à leurs ayant-droits) des titres repris ici ? Est-ce parce que quelques noms un peu connus – on y reviendra après – figurent au programme ? Les gérants de Three One G ont-ils trop d’arriérés de factures à honorer ? S’agirait-il d’une œuvre caritative ?… Mystère !
Mais je ne pouvais malgré tout pas passer outre cette chronique : non seulement Three One G est un label qui m’a toujours intéressé mais en plus je suis un fan absolu des Cramps. Je rappellerai juste que le label de Pearson n’en est pas à son coup d’essai, ayant en 2002 publié un hommage similaire à Queen (arrgghh) puis en 2006 une compilation consacrée aux inestimables Birthday Party. Il va s’en dire que le choix du groupe repris a toute son importance : il est difficile pour moi de m’enfiler une quinzaine de titres de la bande de Freddy Mercury, même interprétés par des musiciennes et musiciens que j’apprécie par ailleurs ; inversement je chéris tout particulièrement Release The Bats – je ne saurais être plus clair.
Avec Really Bad Music For Really Bad People le résultat reste très mitigé.
Commençons par celles et ceux qui s’en
sortent pas trop mal mais dont je n’ai pas grand chose à faire non plus. En
reprenant TV Set les Child Bite redorent un blason bien
terni depuis la parution de leur album Blow
Off The Omens en 2019, comme quoi avec de vraies compositions dotées de
vraies parties de guitare Child Bite pourrait peut-être encore faire quelques
étincelles. Avec Sheena’s In A Goth Gang Chelsea
Wolfe a le courage de s’attaquer à un titre tardif des Cramps (de l’album Big Beat From Badsville
en 1997) et fait… du Chelsea Wolfe. J’ai laissé tombé la musique de la dame depuis
qu’elle se prend beaucoup trop pour une prêtresse métallique assoiffée de
mélancolie odorante mais après tout pourquoi pas, sa version de Sheena’s In A
Goth Gang dure moins de quatre minutes c’est-à-dire qu’elle reste en dessous de
mon seuil d’intolérance.
Malgré
toute la répulsion et le dégoût profond que peuvent m’inspirer nombre de groupes
ou projets de Mike Patton je dois
avouer qu’il était l’un des rares chanteurs capables de s’attaquer au monumental
Human Fly. Il est qui plus est
accompagné par les tarés de Zeus !,
malgré tout un peu en retrait ici. Retox
passe tout juste la barre avec un Garbage
Man qui tarde à décoller, dommage, le chanteur Justin Pearson en
faisant beaucoup trop à mon goût. Idem pour Daughters dont la version de What’s
Inside A Girl ? très scolaire arrive tout juste à convaincre, j’en attendais
beaucoup mieux. Quant à Panicker aka
Brent Asbury (il a également procédé au mastering de tout le disque), on
pourrait penser au départ à une très mauvaise blague mais I’m Cramped mouliné à la sauce EBM / Breakcore chamallow ce n’est finalement
pas si mal…
Ne perdons pas trop de temps avec les
inévitables déchets que comportent toutes les compilations digne de ce nom, ou
presque : I Was A Teenage Werewolf
par Secret Fun Club accompagné
de Carrie Gillespie Feller est désespérément insipide ; Zombi Dance par Sonida De La Frontera est simplement affligent (mais qu’est ce que
c’est que ce truc ?) ; People
Ain’t No Good version Magic Witch
Cookbook est franchement insupportable.
Reste à évoquer les trois gros morceaux
de Really Bad Music For Really Bad People. Metz dynamite complètement
Call Of The Wighat, un titre initialement gravé par les Cramps sur Smell Of Female mais que l’on dirait
tout simplement composé pour le trio canadien apparemment en très grande forme,
ce qui ne laisse présager que du bon pour son quatrième album solo attendu sous
peu. Etonnamment les noiseux de Microwaves
ont fait quelque chose de très personnel de Dont’
Eat The Stuff Off The Sidewalk,
leur version tendue et tordue s’avérant excellente sans trop en rajouter. Et
puis il y a le cas de Qui dont le New Kind Of Kick constitue tout
simplement la meilleure contribution à Really
Bad Music For Really Bad People. La surprise est de taille venant d’un
groupe qui fut un temps a joué en compagnie de David Yow (Jesus Lizard) mais
n’avait jamais suscité de réel enthousiasme chez moi. Comme quoi…
Conclusion : gardez votre argent pour acheter de la drogue (ou ce que vous voudrez d’autre) et volez ce disque sur les internets, vous m’en remercierez un jour.