Pourquoi crois-tu que de ma vie entière je n’ai jamais habité plus haut que le premier étage ? Et pourquoi crois-tu que depuis quelques années maintenant je me terre carrément au rez-de-chaussée d’un immeuble tellement laid – date de construction : juin 2000 – qu’il ne me donne même pas envie d’en sortir ? Parce que j’ai peur. Et pas seulement peur de tomber, dans l’escalier ou ailleurs. La peur et la laideur sont précisément le fond de commerce des WELLDONE DUMBOYZ : c’est ce contre quoi ils luttent sans cesse, je suis sûr sans même s’en rendre compte, le plus naturellement (je veux plutôt dire « par nature » parce qu’à mon avis ceux là sont au contraire de sacrés bosseurs / monomaniaques mais de ça non plus ils ne se rendent pas compte, éventuellement parce qu’en fait ils s’en foutent complètement, c’est dire).
Trois types, donc, qui ne doutent de rien alors qu’ils n’arrêtent pas de se poser des questions. Comme de vrais amis, depuis tout ce temps. Ce qui fait d’eux le groupe le moins lâche et le plus libre que je connaisse. Peut-être qu’eux aussi ils ne sortent pas aussi souvent que cela de chez eux* mais c’est tout autre chose que d’habiter au rez-de-chaussée d’un immeuble sans vie. Il suffit d’écouter la musique du groupe, en fait. Ecouter tous les albums, les cassettes, CDr et j’en passe pour s’en persuader : les Welldone Dumboyz pourraient se contenter d’être un sacré bon groupe parmi tant d’autres – et plus ça va plus j’en connais des groupes tous plus meilleurs les uns que les autres – mais cela ne semble même pas les concerner. Encore un truc dont ils se moquent, j’imagine…
Tout comme ils doivent se moquer des inévitables comparaisons avec les Melvins qui auraient perdu leur trousse à pédicure et leur fer à friser sur une aire d’autoroute entre le HellFest et le Roadburn (ou inversement, moi je préfère me perdre un peu dans les dates et les lieux). Avec un sens de la densité peu commun répondant à cette équation délibérément bancale et vraiment simpliste mais je ne saurais en trouver de meilleure : riffage de malade + lignes de basse azimutées + batterie stalinienne = masse volumique mille fois supérieure à la pression artérielle d’un fan de Meat Loaf et de Divine (volume et paillettes). Y compris lorsque les Welldone Dumboyz se payent le luxe d’une introduction limite acoustique sur le morceau-titre, là juste au début de la seconde face du disque. Démarche sans vergogne que l’on retrouve tout à la fin, sur l’hilarant Bald Story, mais cette fois-ci poussée jusqu’au bout – toi aussi t’en voudrais de l’électrique ? et bien dis-toi qu’il existe bien des façons de passer à la chaise et d’en tomber lourdement (là aussi).
Tout comme ils doivent se moquer des inévitables comparaisons avec les Melvins qui auraient perdu leur trousse à pédicure et leur fer à friser sur une aire d’autoroute entre le HellFest et le Roadburn (ou inversement, moi je préfère me perdre un peu dans les dates et les lieux). Avec un sens de la densité peu commun répondant à cette équation délibérément bancale et vraiment simpliste mais je ne saurais en trouver de meilleure : riffage de malade + lignes de basse azimutées + batterie stalinienne = masse volumique mille fois supérieure à la pression artérielle d’un fan de Meat Loaf et de Divine (volume et paillettes). Y compris lorsque les Welldone Dumboyz se payent le luxe d’une introduction limite acoustique sur le morceau-titre, là juste au début de la seconde face du disque. Démarche sans vergogne que l’on retrouve tout à la fin, sur l’hilarant Bald Story, mais cette fois-ci poussée jusqu’au bout – toi aussi t’en voudrais de l’électrique ? et bien dis-toi qu’il existe bien des façons de passer à la chaise et d’en tomber lourdement (là aussi).
Plus j’écoute Tombé Dans L’Escalier et plus je reste estomaqué par la faculté du groupe à envoyer une musique aussi écrasante, aussi dense, faramineuse de détails, dégueulant de microsismologies appliquées, blindée de chant – trois voix sinon rien – et en même temps d’une vivacité, d’une lisibilité et d’une digestibilité à toute épreuve. Du bon gras, sain et nutritif, pétillant, pétulant, pétomane. De la surchauffe en veux-tu en voilà mais pas de surenchère, parce que la liberté ça n’a pas de prix, la bonne musique non plus d’ailleurs, sauf le prix d’un disque, éventuellement. Alors je veux bien parler de miracle. Oui il est miraculeux qu’autant de gras ne me boursoufle pas les transaminases, ne me déclenche pas d’épanchements bilieux et ne me déclenche pas une crise de foie non plus (en résumé). Avec Tombé Dans L’Escalier les Welldone Dumboyz me donnent en fait plutôt envie de roucouler jusqu’au bout de la nuit dans un four à gaz – cuisinière traditionnelle, cela va de soi – et de rôtir / caraméliser sur tous les côtés ce qu’il me reste de points de vie. Pour l’instant je me contente de transpirer comme une viande blanche et de me planquer sous le vieil escalier qui conduit à la cave. Je n’irai pas plus bas. Mais eux je suis certain qu’ils iront encore plus loin.
[Tombé Dans L'Escalier est publié en vinyle par 939K15, No Way Asso et Repulsive medias ; les superbes dessins recto et verso de la pochette de même que l’insert et les ronds centraux du disque sont l’œuvre du formidable Bertoyas – par contre mec, aussi formidable** que tu sois, tu devrais quand même mettre ton site à jour, hein]
* et puisque j’en parle : les Welldone Dumboyz donnent parfois quelques concerts en extérieur, par exemple ils joueront à Lyon le samedi 7 mars à Grrrnd Zero en compagnie de Pauwels, de Mental Hygiene Terrorism Orchestra et de Hørdür, un plateau de choix généreusement mis à notre disposition par les gamins de Dirty Seven Conspiracy – inutile de te dire que j’ai été particulièrement ému à l’annonce de cette date et qu’évidemment j’y serai, peur ou pas peur
** et en ce moment Bertoyas expose à la libraire Le Bal Des Ardents, Lyon 2ème