mercredi 8 janvier 2020

Child Bite / Blow Off The Omens





Leader incontesté de CHILD BITE, Shawn Knight a pour ambition de devenir un vrai chanteur de l’extrême métallique. Son groupe œuvre désormais dans le hardcore noiseux et un peu vieillot, tout en gardant un côté accessible. J’ai écrit « vieillot » ? Oui, c’est vrai. Et c’est ce qui me frappe le plus à l’écoute de Blow Off The Omens : l’album est agressif, les compositions sont très énervées et souvent très lourdes, l’ambiance est au pogo entre potes avinés devant un parterre de badauds un peu effrayés mais pas de trop quand même et ça défouraille dans tous les sens, avec de bien trop rares coquetteries, autrement dit sans le quota nécessaire de trouvailles plus ou moins assassines dont le rôle est d’épicer le tout. Child Bite  a perdu tous ses petits reflexes arty issus de sa première période, celle pendant laquelle on pouvait plus facilement le qualifier de groupe de post punk. … – exception à la règle : The Wrong Ones Bree agrémenté avec le saxophone de Bruce Lamont et constituant à mon sens la meilleure composition du disque et l’une des rares que j’aurais envie de sauver. Donc le problème est que cela ne décolle que très rarement. Le hardcore de Child Bite est faussement barré, de moins en moins tordu, de plus en plus metal bas de gamme et ne sonne pas vraiment.
C’est pourtant Steve Albini qui entre deux parties endiablées de poker s’est installé derrière les manettes et a assuré le côté technique de l’enregistrement mais je trouve le mix de Blow Off The Omens d’une platitude qui confine au désastre. Ce mix est signé Collin Dupuis et le gars a des références professionnelles tellement impressionnantes que je te laisse le soin d’aller checker tout ça par toi-même sur les internets. Il est difficile de définir une musique où désormais tout est fait pour mettre au premier plan le chanteur du groupe / grand manitou des opérations et dont les éructations sont de plus en plus agaçantes. Shawn je te le dis sincèrement : tu aurais davantage à y gagner en te fondant dans ce mix qui au contraire ne cesse de surligner tes défauts à grands coups de reverb et en rajoute beaucoup trop aux moments les plus cruciaux. Et tandis que tu te prends pour un dieu du stade les guitares ont perdu toute leur distinction et toute leur classe – Blow Off The Omens est me semble t-il le premier album avec le guitariste Jeremy Waun et lui non plus je ne le félicite pas. Quant au synthétiseur qui insinuait ça et là quelques touches bienvenues d’étrangeté il a totalement disparu.
Davantage de relief c’est ce qu’il aurait fallu à Blow Off The Omens pour que la musique de Child Bite soit un peu plus interpelante ou même dérangeante (soyons fou) mais ce n’est pas le cas. Alors « vieillot » et même « dépassé » oui c’est presque ça : d’un côté cette musique n’est pas explicitement old school et donc pas nostalgique du tout bien que parfois j’entende du Dead Kennedys empâté et empoté là dedans ; de l’autre le groupe fait des efforts surhumains pour nous faire croire qu’il peut se passer du ripolinage à la testostérone du hardcore moderne. Child Bite ne se situe pas à la croisée pour autant, le groupe est juste ailleurs, déconnecté, donc nulle part. Là je n’entends qu’une tentative laborieuse et ratée de reconversion, ce cinquième album est nettement moins bon que son prédécesseur Negative Noise et en définitive ce n’est qu’un disque de metal de plus, moins palpitant et beaucoup moins signifiant que l’album The Living Breathing Organ Summer et surtout que les deux 10’ Monomania et Vision Crimes. Ecoutez plutôt tous ces précédents enregistrements de Child Bite, vous m’en direz des nouvelles.
Avec Blow Off The Omens Child Bite n’en fait qu’à sa tête, ce qui en soit aurait pu être une bonne chose. Pourtant j’aurais préféré être davantage convaincu par le caractère définitivement couillu et généreusement poilu du groupe de Shawn Knight. Lequel semble ne jamais vouloir s’arrêter puisque désormais il chante également dans Shock Narcotic, sorte de super groupe de metal hardcore doublepédalé et estampillé grind avec des membres présents ou passés de The Dillinger Escape Plan, The Black Dahlia Murder et Battle Cross – le premier album de ces joyeux drilles intitulé I Have Seen The Future And It Doesn't Work a été publié en août 2019 et non, pas la peine d’insister, je n’ai aucune envie de chroniquer le disque très ennuyeux de Shock Narcotic mais je te mets quand même le lien pour l’écouter

[Blow Off The Omens est publié en vinyle par Housecore records dans plein de couleurs différente, le mien est d’un orange fluo tout pété qui colle parfaitement à cette pochette gatefold soigneusement déglinguée et également signée Shawn Knight, parce que c’est vraiment lui le chef]